Six heures trente. Des années que Sabri n'avait pas dormi une nuit entière et ainsi été prêt aussi tôt. La veille, il s'était couché avant les vingt-trois heures et préparé ce matin avec une attention plus particulière que jamais. Tout cela pour Tonia. Il ne cessait de penser à elle.
Pour une fois, Sabri frappa doucement contre la porte d'entrée de Tonia afin d'éviter de réveiller les voisins. Il demeurait impatient de voir Tonia, surtout dans sa tenue militaire officielle. Le soir dans son lit, il avait été prévoyant en s'informant à propos des uniformes de Saint-Cyr. Il détestait le système scolaire et particulièrement l'autorité. Qu'importe les directives, il se sentait offensé car il les entendait toujours d'un ton incontestable. Or, avec elle, tout était différent. Il se savait comme El Chapo devant sa femme. Tous les trafiquants se taisaient devant leur princesse.
« Bsartek comme t'es beau Sabri ! Tu verras ce que je te dis mais le soin que tu t'es accordé représentera l'une des meilleures offrandes que tu puisses offrir à ma sœur. ». Rayan était un jeune homme qui ne dormait pas beaucoup et gérait son temps de sommeil mieux que n'importe qui, même par rapport à Tonia. En tant qu'étudiant en médecine, il devait apprendre en un minimum de temps une quantité phénoménale de polycopiés et heureusement qu'il n'avait pas besoin d'énormément d'heures de repos pour être énergique.
« Ci-mer Rayan ! Toi aussi t'as vu ?! On a tous respecté le même code couleur bleu, blanc, rouge ? ». En effet, Sabri s'était habillé d'un T-shirt blanc élégant assez épais, d'un jogging bleu et bien sûr de baskets rouges. Toutes ces pièces étaient neuves. Il les avait achetés quelques jours auparavant. Lorsqu'il s'était regardé dans le miroir de sa chambre, le changement fut incontestable.
Rayan, quant à lui, avait enfilé un costume bleu marine deux pièces avec une chemise blanche et un nœud papillon rouge. Semblablement à Sabri et en vérité Paul, Sayyid, Aboubakr et Laïs, tous s'étaient préparés avec une attention particulière, notamment concernant leurs cheveux. Shampoing, soin, lissage, gel... Chacun détenait ses méthodes pour paraître le plus beau.
À l'invitation de Rayan, Sabri pénétra dans l'appartement. Alors qu'il s'apprêtait à ôter ses chaussures, il fut interrompu par Paul qui coiffait Sayyid dans le salon : « Wesh Sabri ! Reste comme tu es puisque dès que nous reviendrons de la remise des diplômes de Tonia, elle t'exposera le prétexte qu'elle nettoiera le sol avec l'aspirateur et la serpillière afin de se détendre. ». Paul se présentait avec un large haut rouge, un sweat bleu et un jean blanc. Il maîtrisait le lissage sur Sayyid qui ajustait les manches de sa chemise bleue. La teinte rouge de son pantalon rehaussait son teint et ses chaussures blanches brillaient d'un éclat incomparable.
Sabri répondit à Paul par un hochement de tête et salua Sayyid à la même occasion. Puis, il se dirigea pas à pas vers la chambre de Tonia. Le chemin jusqu'au bout du couloir lui parut interminable, bien qu'il croisa Aboubakr sortant de la salle de bain et Laïs dans sa chambre. Tous deux fignolaient les derniers détails de leurs tenues. Enfin, Sabri arriva devant la porte de Tonia qui était entrouverte.
Devant son reflet, Tonia enfilait ses gants blancs avec une délicatesse délibérément plus intense que les autres jours. Une fois cette étape conclue, elle réajusta sa ceinture et vérifia ses bottes. Sa veste imposante avec ses épaulettes reflétait d'autant plus sa carrure impressionnante. Pour finir, elle réalisa un quart de tour sur elle-même, sûrement pour haïr encore plus cette jupe qu'elle détestait parce qu'elle considérait sa représentation pas du tout adaptée au principe d'égalité qu'elle chérissait.
« Sabri, ne reste jamais derrière une porte puisque je risquerais de te casser le nez. Ne sais-tu pas encore que je sors vite d'une pièce lorsque je suis prête pour intervenir dès une alerte ? ». Tonia savait quand elle était observée, peu importe l'expression des yeux qu'affichait celui qui tentait d'être discret. Alors, pendant que Sabri poussait délicatement le dernier obstacle qui le séparait de Tonia, elle posa une sorte de képi sur la tête. Il avait lu le terme exact mais ne s'en souvenait plus. « Cela se nomme un casoar. Il est réalisé sur mesure selon la circonférence de ton crâne. Ces plumes proviennent de coqs. », expliqua-t-elle en se tournant vers lui. « Au fait, tu es beau, tu me plais ! ».
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Le monde te mérite - PNL (Bené)
FanfictionDans le cœur battant de Paris, une étincelle improbable jaillit entre deux mondes que tout oppose. Bené et Tonia. Leur rencontre, un hasard ou le destin, tisse une histoire d'amour aussi intense que les flammes qu'elle combat, et aussi profonde que...