Chapitre 4 : Mélange

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Sabri ignorait la durée qui s'était déroulée durant tous ces jours où il avait pensé à Tonia. En tous les cas, il avait ressenti cette période comme interminable, presque étouffante à ne pas être informé de ses nouvelles. Il espérait qu'elle soit en forme, vivait son incorporation avec le moins de stress possible... Il voulait la voir, tout simplement. Il n'avait jamais trop aimé le café mais cette excuse se révélait la plus rassurante pour une femme lorsqu'un homme qu'elle connaissait sonnait à sa porte.

Sabri se remémorait cette aventure en montant les escaliers... Cage que Tonia pouvait devoir gravir avec une vingtaine, voire une quarantaine de kilogrammes sur le dos. Il se souvenait que la dernière fois qu'il s'était rendu chez elle, Paul disait qu'elle était capable de porter tous les colocataires. Tonia représentait bien plus qu'une femme. Sabri pensait à elle la majorité du temps de la journée et cet imprévu perturbait intégralement son quotidien. Elle était la première personne envers qui ses pensées se dirigeaient le matin et la dernière en s'endormant le soir. Pendant le reste du jour, il se persuadait qu'il s'occupait.

Sabri ressentait cette désagréable et amère impression qu'il ne rendait pas service à grand monde dans cette vie. Son album n'attendait qu'à être travaillé mais malheureusement, il semblait repousser son échéance. En amont, ce projet avait été construit avec une telle rapidité, énergie et enthousiasme que lorsqu'il avait dû réellement se pencher dessus, il peinait à assembler les phrases alors que toutes les idées et inspirations avaient au préalablement été écrites sous forme de notes.

Tout à coup, le portable de Sabri qui vibra dans sa poche le fit revenir au réel. Sa batterie affichait déjà soixante-trois pour cent de capacité bien que ce dernier demeurait dans sa charge complète il y avait à peine dix minutes. Sabri soupira malgré le message de Moha : « De ma part, fais un gros câlin à Tonia, même si ça devrait aps trop de déranger... ». Sabri soupira discrètement. En ce moment dans sa vie, il était un peu perdu. En réalité, tout se passait bien et cette situation l'effrayait. En effet, il se demandait quand cette paix et équilibre exploseraient en dépit qu'il s'y soit habitué.

En appuyant sur la sonnette au nom de Bellahmed, Sabri pensa une dernière fois à ce quotidien rassurant qui se résumait à la présence de Tarik, Nabil, Mohamed, Amine, Jet, Sensei, Samy, Karim, Lucas, Omar, Kemil, Zazou et Nader. De plus, il se savait chanceux de ne pas se lever angoissé à l'idée juste d'affronter les brimades d'un soi-disant supérieur aussi sociable que Tarik. Cette dernière réflexion lui provoqua un sourire. Tous avaient beau charrier la sympathie cachée de l'aîné des frères Andrieu, ils savouraient l'opportunité de le fréquenter quotidiennement.

C'est ainsi que Sabri apparut souriant à Laïs qui lui ouvrit la porte pour la première fois : « Yo ! Ça va ou quoi ? Tu viens pour l'apéro ? ». De fait, Laïs tenait dans sa main droite des verres à pied.

Sabri ne put même pas prononcer un premier mot qu'une porte dans l'appartement claqua déjà. Effectivement, un inhabituel courant d'air passa entre ses jambes : « Wesh, vous faîtes quoi ? ».

« Un ménage profond. Du coup, fais belek de ne pas glisser en entrant. Pour l'apéritif, je plaisantais hein ?! En vérité, je te sers quoi ? Si tu veux, Rayan a pressé des fruits vitaminés et le mélange est pas mal du tout. ». Laïs demeurait un authentique meneur de conversation.

« R, ça va. Si je dérange, tu me le dis et je reviens plus tard... T'as vu, vous êtes en plein nettoyage. ». Intérieurement, Sabri espérait que Tonia soit présente pour passer ne serait-ce qu'un instant avec elle. « Tonia est là ? ». Il n'avait pas pu s'empêcher d'attendre plus longtemps pour savoir ce détail.

« Affirmatif comme elle dirait ! Elle frotte la salle de bain mais ne devrait pas tarder à finir. », informa Laïs à Sabri qui se contrôla quand même de boire quelques gorgées d'un jus réalisé maison. « Je vais continuer à passer la serpillière dans le salon donc n'hésite pas à faire comme chez toi ! ». Sur ces paroles, Laïs se dirigea vers la salle à manger où il avait posé le seau d'eau avant d'ouvrir.

Le monde te mérite - PNL (Bené)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant