Chapitre 7 : Bouts de rêves

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« Cela est fou que tu ne respectes jamais les priorités à droite ! Un jour, tu vas provoquer un accident certes minimes mais ton fourgon en subira les conséquences. Sois attentif s'il-te-plaît Ahmed. En plus, je t'ai déjà vu beaucoup plus détendu au volant ! ». Tonia détestait occuper la place passive du passager dans une voiture. Elle se sentait démunie, terriblement impuissante et... Paniquée.

Sabri savait cette particularité puisqu'il observait Tonia de la façon la plus discrète qu'il le pouvait malgré la surveillance de Rayan, Sayyid, Paul, Aboubakr, Laïs et Ahmed. Elle était aimée, choyée, protégée et ses colocataires n'osaient même pas encore penser à quelconque homme qui volerait son cœur. Elle craignait et redoutait l'abandon plus que n'importe quelle autre peur. Tonia vivait avec des hommes dans sa vie à la fois privée et professionnelle, commandait les membres d'une caserne, organisait et planifiait leur quotidien, décalait avec eux et les soutenait durant et après l'intervention mais lorsqu'il s'agissait d'accorder sa confiance totale à celui qu'elle aimait, elle se méfiait parce que l'effroi de ne pas être une priorité la bloquait. C'était tout ou... Le monde ou rien.

« N'hésite pas à avancer, il y aura toujours des places disponibles loin de l'entrée. J'ai délibérément réservé les billets tôt le matin pour que personne ne souffre de la chaleur. Sinon Sabri, je te félicite d'être le seul à avoir écouté mes conseils de rouler ses affaires afin qu'elles rentrent toutes dans un bagage à main. Ainsi, pendant que vous enregistrez vos bagages, je m'achèterai une banane. Tu penses que mon portefeuille, mon portable, son chargeur, la batterie externe, mes écouteurs et mes mouchoirs rentreront dedans ? ». Tonia était heureuse de partir plusieurs jours en vacances. En effet, ils étaient les premiers qu'elle s'accordait depuis des années. Bien sûr, elle demeurait joignable en cas de problèmes mais elle connaissait ses troupes ; débrouillardes, entreprenantes et sages.

À présent, Tonia indiquait à Ahmed de son index droit un emplacement libre pour se garer. Personne d'autre qu'elle ne s'y connaissait en termes de dimensions des véhicules.

« Arrête Tonia, tu me stresses ! ». Ahmed appréhendait ces moments où il devait manœuvrer sous le regard intransigeant de Tonia. D'ailleurs, elle serrait les dents et cette situation provoqua chez Sabri un rire qu'il ne parvint pas à étouffer. « T'es pire que... Non, oublie ce que j'ai dit, je t'aime. ». Ahmed connaissait son amie et pouvait sans difficultés anticiper ses réactions. Alors, il éteignit le feu juste avant que celui de son amie ne s'embrase.

Tonia, Rayan, Sayyid, Paul, Aboubakr, Laïs, Sabri et Ahmed se trouvaient à l'aéroport. Le jeune marié était content de retrouver ses amis. Pour lui, il était naturel de les accompagner pour qu'ils ne payent pas une location trop onéreuse du parking. Après, il rejoindrait son épouse et sa vie.

« Ça va ? Tu as l'air pensif. ». Tonia murmura ces paroles à l'oreille de Sabri qui se tenait en retrait du coffre où tous récupéraient leur bagage. Elle aimait le sentir sursauter à son approche.

« Ouais t'inquiète. J'suis juste aps encore allé en Corse. Ce voyage est comme un bout de rêves, tu vois ce que je veux dire ? J'kiffe cette sensation de déconnexion, ça me fait plaiz d'être là. Ci-mer. ». Sabri était sincèrement reconnaissant envers Tonia. Ouvrir sa maison à quelqu'un signifiait en quelque sorte de le laisser entrer dans son cocon, sa famille. Sabri était reconnaissant de ce geste.

Ainsi, Tonia et lui entrèrent dans l'aéroport en premier. Tout de suite, Sabri voulut lui montrer qu'il était actif en trouvant en premier la ligne indiquant le numéro de la porte d'embarcation.

« Je suis ravie que tu utilises à bon escient ton sens de l'orientation. Je déteste les personnes laissant vivre parce que des personnes assez exigeantes préfèrent s'occuper de tout. », révéla Tonia à Sabri tandis qu'ils se dirigeaient vers les premiers contrôles. Il avait seulement prévu sa carte d'identité alors qu'elle possédait un passeport qu'il pouvait facilement deviné comme rempli.

Le monde te mérite - PNL (Bené)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant