- 𝙎𝙊𝙉𝙎 𝙊𝙁 𝙏𝘼𝙍𝙏𝘼𝙍𝙊𝙎 -

Nelliel 4✅

J'agrippe paresseusement la bombe à chantilly que je secoue de haut en bas avant de l'engloutir en quelques secondes et de pousser un énorme rot pas très... glamour. Si ma génitrice me voyait, elle me battrait à coup de ceinture tandis que mon paternel se contenterait d'observer la scène avec excitation. La famille est quelque chose de précieux, comment peux-tu détester la tienne ? C'est ce que j'ai entendu toute ma vie. Tandis que les petites filles de mon âge s'amusaient avec des poupées et des fausses boites à maquillage moi, j'étais « punie » comme le disant si bien mon géniteur que j'aimais tant.

Mes parents ont toujours été énormément stricts avec moi, surtout depuis maintenant dix-sept ans. Un drame s'est produit et a bouleversé la vie des Benette à tout jamais. Une tragédie qui me tue à petit feu le jour et ne cesse de me hanter la nuit. Un incident dont je suis l'unique responsable. Je traîne donc ce fardeau sur mon dos, les chaînes rouillées qui représentent mon crime amarré autour de mon cou m'empêchent de vivre et de m'épanouir. Les souvenirs gravés à jamais sur mon immonde chaire déjà souillée. Le crime que j'ai commis. Depuis, plus rien n'a jamais été pareil, la joie de vivre s'en était allez et mes parents s'étaient assurés que je n'oublie jamais cette période. Que ça soit psychologiquement ou corporellement, je n'avais pas été épargné. J'ai été sacrifié de nombreuses fois afin d'être pardonné pour le drame impardonnable que j'ai commis. J'erre depuis sans savoir où je vais avec pour seul bagage les remords de mon passé.

C'est le week-end et j'ai pour habitude de rester cloîtré sur mon canapé entouré de toute sorte de friandise, faste food et tout ce qui peut m'engraisser en deux jour, bref, de la malbouffe clairement. Je tâtonne à l'aveuglette autour de moi avant d'attraper une poignée de pop-corn sucré les yeux plantés sur le plafond, mes pensées négatives reviennent à la charge. Qui ça importerait ? Je suis seule, j'ai toujours été seule. Même ma propre famille ne veut pas de moi et le monde ne cesse de me trahir. Il ne me reste que ce faible petit éclat du brasier que j'étais avant. La volonté de feu que j'avais s'est dissipée petit à petit réduit à la taille d'une petite allumette. Pourtant, elle est toujours là, projetant sa lumière dans la carcasse vide qu'il reste de moi.

Oui.

Ce désir, ce souhait vie encore en moi. Cette soif, cette volonté d'aider les autres est encore là quelque part, elle brûle faiblement, mais je la sens, parce que nous méritons tous une seconde chance. Une rédemption.

Ce métier est ma rédemption.

Ironique, venant de moi n'est-ce pas ?

Parce que même si je ne mérite pas le repos éternel et que je m'inflige cette punition moi-même, des gens innocents ou pas eux oui, mérite cette seconde chance.

J'éteins sèchement la télé à l'aide de ma télécommande en marmonnant des insultes et me relève en me massant la fesse gauche afin d'ouvrir la porte en baillant à cause de quelqu'un de pas très malin qui s'amuse à tambouriner ma porte.

Il est deux heures du matin bon sang de bonsoir !

J'attache rapidement ma sale tignasse en pagaille en affichant mon éternel sourire de tous les jours et c'est avec ce même sourire là que je lui claque la porte au nez en découvrant la personne qui se tient devant ma porte.

Tous mes membres tremblent sans exception, comment se type peut-il avoir un tel effet sur moi ?! Sans doute parce que ce cinglé m'a menacé avec une arme sans sourciller... Ce sentiment de terreur, désespoir et d'angoisse que j'ai ressentie au point de m'effondrer, je ne l'oublierai jamais. Juste d'y penser, je me sens nauséeuse, je ne veux plus jamais avoir à faire avec lui. Je roule des yeux en l'entendant tambouriner ma porte. Peut importe s'y j'en dors plus la nuit, je suis insomniaque, ça ne changera pas mes habitudes. Et de toutes les façons, ma décision est prise et nettement réfléchit. J'agrippe mon fixe qui est sur le plan de travail prête à appeler la police en cas d'urgence.