18 - Etape 1 : repérer

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Cela faisait plus dix jours que Fubuki, Kinshi et Sôma avait commencé à suivre discrètement Kihiro. Leur objectif était simple : ils voulaient repérer le moment où le chûnin serait le plus suceptible d'être seul. Mais la tâche leur sembla bien vite plus compliquée que prévue lorsqu'ils remarquèrent que Kihiro était toujours accompagné. Cependant, les jeunes genins ne s'en démoralisèrent pas. Au contraire, ce comportement les confortait dans l'idée que son amnésie était feinte.

Ils avaient décidé d'un commun accord de se relayer chacun leur tour pour l'espionner en toute discrétion, notant ses aller-venues et ses fréquentations quotidiennes. Cependant, Hoko les mobilisaient une bonne partie de la journée pour leur entraînement et les quelques missions de rang D qu'on leur attribuait encore, rendant presque impossible leur filature.

- Jamais nous n'y arriveront, pesta Fubuki après deux semaines sans résultat. Nous devons nous y prendre autrement sinon, nous allons encore piétiner des semaines.

Ils s'étaient retrouvés comme à leur habitude au salon de thé Iribichu.

- Je pourrais encore me faire passer pour malade, lança Sôma.

- Non, répliqua l'adolescente. Ça a marché une fois mais je ne pense pas que Hoko senseï se laissera avoir par tes talents de comédien une seconde fois.

- Et si on demandait à Henshin ou Tetsuo de nous aider ? Ils pourraient suivre Kihiro-kun lorsque nous ne le pouvons pas. Je suis sûr qu'ils accepteraient de nous aider.

- Non, coupa Fubuki, intransigeante.

- Je suis d'accord avec Fubuki, renchérit Kinshi d'une voie effacée.

- Je sais que tu ne les portes pas particulièrement dans ton cœur Kinshi mais Henshin et Tetsuo sont mes amis et je leur fais entièrement confiance. Et puis, ils ont toutes les capacités pour suivre Kihiro-kun en toute discrétion.

- Là n'est pas le problème, rassura Fubuki. Mais je ne pense pas qu'il faille inclure tout le village à notre enquête. Moins nous seront nombreux, moins nous nous ferons découvrir.

- Très bien, se laissa convaincre Sôma. Alors dis-moi comment résoudre notre problème ? J'ai beau y réfléchir, je ne vois pas d'autre solution.

Agacée, Fubuki voulu rétorquer quelque chose pour réduire Sôma au silence mais force était de constater qu'elle n'avait pas de meilleure idée que la sienne. Ils avaient besoin d'être plus nombreux pour réussir. Elle s'apprêtait finalement à s'excuser pour donner raison à Sôma lorsque Kinshi lança :

- Je sais comment faire.

Ses deux amis marquèrent une pause devant l'assurance de Kinshi.

- J'ai la solution. Enfin, je ne sais pas si c'est possible mais...

- Kinshi, arrête avec le suspense et dis-nous ce à quoi tu penses, s'impatienta Fubuki.

- Sôma, c'est toi la solution.

L'intéressé écarquilla les yeux de surprise. Lui ?

- Nous pouvons utiliser l'un de tes clones aqueux pour suivre Kihiro-kun les heures où nous sommes avec Hoko. Tu as déjà utilisé ton clonage pour nous sortir de la barrière à trois sceaux et tu t'entraînes depuis plusieurs jours sur ton suiton. Tu peux y arriver.

- Mais je viens à peine de me remettre à le pratiquer ! Ça me demanderait une forte concentration pour maintenir ce jutsu toute une journée. Je ne sais pas si je pourrais maintenir mon clone aussi longtemps alors qu'en parallèle Hoko nous entraînera plus durement que jamais. Et puis la technique du clone aqueux n'est pas celle du kage bunshin : mes clones n'enregistre aucune expérience et aucun souvenir. Je ne pourrais pas savoir ce qu'ils auront vu de Kihiro-kun.

- Ils pourront toujours prendre de quoi noter et déposer ensuite leur parchemin dans un endroit que nous aurions choisi à l'avance.

- Ça vaut le coup d'essayer, trancha Fubuki. Sôma, tu lances l'un de tes clones à la suite de Kihiro-kun dès demain. Nous avons déjà été trop longs.

Le ton autoritaire de Fubuki énerva Sôma mais il ne put s'empêcher de lui donner raison. Il leur fallait accélérer la cadence car l'atmosphère du village était aussi étrange que le calme avant la tempête. Les villageois commençaient déjà à se regarder avec méfiance, à rassembler des provisions et de quoi se barricader. La peur étaient de retour à Ame.

- C'est d'accord, acquiesça Sôma.

***

Dissimulé derrière un baril d'eau, Sôma ne lâchait pas Kihiro d'une semelle. Il l'avait attendu à la sortie de chez lui et suivit jusqu'au magasin d'armes, son terrain d'entraînement et maintenant faire des courses. Cinq jours que des clones comme lui suivait le chûnin dans son quotidien et ces deux dernières étapes constituaient la majeure partie de ses journées.
Kihiro s'était arrêté à un stand de nouilles que son compagnon, légèrement plus âgé que lui, dévorait sur place. Mais il ne semblait pas rassuré par cet arrêt imprévu au planning de sa journée, lançant des regards inquiets dans toutes les directions. Le clone remarqua également les tremblements qui agitaient les mains de Kihiro par vagues et qui venaient de refaire surface.
Le chûnin se pencha vers l'oreille de son amie mais le clone de Sôma ne pouvait entendre distinctement ce qu'il disait de sa position, d'autant que la pluie couvrait une grande partie des sons. Que pouvait-il raconter ? Pourquoi ses tremblements arrivaient-ils maintenant ? Avait-il vu quelque chose qui l'inquiétait ?

Il se pencha en avant pour entendre ne serait-ce qu'un peu de la conversation qui lui sembla tout à coup importante, s'appuyant sur le baril d'eau pour ne pas tomber.

- ...a été vu avec le clan, dit le ninja aux nouilles. Inutile de t'en faire.

- J'aurais pu...

Le ninja posa son bol de bol de nouilles sur le bar du stand, interrompant les sons peu ragoûtants de sa déglutition. Il portait un pantalon kaki et une épaisse veste sans manche noire sur laquelle était brodé quatre hélices striées d'un moulin à vent, symbole du clan Zento.

- Non. Ce n'est pas ta faute. Rien de tout ça ne l'est. De toute façon, tu as oublié toute cette histoire. Tu entends ? Tu ne...

- Tu ne comprends pas, interrompit Kihiro. Je ne pense pas avoir le choix. Si jamais...

Soudain, un chat de gouttière surgit du toit pour descendre de la terrasse qui surplombait le clone, en sautant sur le baril, renversant au passage son couvercle en métal mal fermé qui tomba sur le sol dans un grand fracas. Le clone eu juste le réflexe de s'accroupir derrière le baril pour ne pas se faire démasquer mais il devinait sans mal les deux paires d'yeux qui étaient désormais braqués dans sa direction, et la tension qui planait désormais dans l'atmosphère. Que faire si l'un des deux ninjas décidait de s'approcher du baril ?

Le Lagon RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant