3- Première coopération

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Ils s'arrêtèrent devant la Tour aux Cent Bras, un haut immeuble en forme de flèche qui d'extérieur, semblait être uniquement composée de longs tuyaux entremêlés.
Hoko, postée devant le trio de Genins, ne bougeait plus. Pendue à son dos, une hallebarde au long sabre tranchant, fin comme un katana.

- Nous pouvons commencer, annonça-t-elle.

Elle se retourna enfin vers ses élèves pour les toiser.

- Grimpez, lança-t-elle.
- Pa... Pardon ? osa demander Kinshi en se grattant la gorge.
- Vous avez une heure pour me retrouver au sommet de la tour.
- Sinon ? questionna Fubuki.
- Je vous laisse deviner la suite... répliqua la sensei.

Que voulait-elle dire ? Que se passerait-il si Sôma ne parvenait pas à atteindre le sommet de la tour dans le temps imparti ? Écoperait-il d'une tâche horrible ou serait-il écarté des premières missions de l'équipe ? Le jeune ninja n'osa pas penser à de plus terribles éventualités : et si on le retirait de l'équipe, son statut de Genin ou bien celui de ninja ?
Sôma regarda La Tour aux Cent Bras. La pluie qui n'avait cessé de tomber depuis le matin lui caressa le visage. Il reprit courage : il n'échouerait pas. Coûte que coûte, il parviendrait au sommet de cette tour en moins d'une heure. Pour la première fois, il se retourna vers Kinshi et Fubuki. Qu'en serait-il d'eux ?

Fubuki avait déjà bien avancée, dépassant Sôma et Kinshi de trois bons mètres. Elle malaxait déjà bien son chakra pour son âge. Il lui était facile de le concentrer vers ses mains et ses pieds pour grimper plus facilement. Mais le vent et la pluie, qui gagnaient en force avec la hauteur, mettait à rude épreuve sa concentration, ce qui l'empêchait de malaxer son chakra aussi aisément qu'à son habitude, la faisant glisser de temps à autres.

Sôma et Kinshi, eux, n'avaient pas cet avantage. Ils peinaient tous les deux à grimper, s'agrippant tant bien que mal aux aspérités de la tour. A chaque pas, ils manquaient de lâcher prise ; dérapant, glissant sur la surface humide des tuyaux qui composaient l'édifice.
D'un accord tacite, ils s'attendaient mutuellement pour avancer vers le sommet. Ils s'encourageaient l'un et l'autre dans cet effort difficile qui rendaient leur corps raide et douloureux. C'est cela qui leur permettait de tenir bon, de ne rien lâcher et de grimper, toujours plus haut. Seuls, ils auraient abandonné depuis longtemps. A deux, ils se sentait plus forts, plus déterminés.

Sôma envisagea un temps de recourir à son répertoire ninjutsu pour avancer plus vite, ou de manière plus assurée. Cependant, il ne maîtrisait pas encore beaucoup de techniques, et aucune d'elles ne pourrait l'aider dans sa situation actuelle. D'autant plus qu'il aurait besoin de ses deux mains pour composer ses mudras- les signes de mains qui permettent aux ninjas d'effectuer leurs jutsus.
S'il devait continuer son ascension, ce serait à la force de ses bras et de ses jambes.

Combien de temps leur restaient-ils encore ? Le sommet de la tour n'était plus très loin mais les forces semblaient abandonner peu à peu Sôma. Le froid avait engourdi tout son corps et ses doigts devenus crispés ne lui répondaient plus aussi efficacement qu'au début de l'ascension.
Fubuki aussi semblait épuisée. Cela faisait déjà quelques temps qu'elle avait commencé à grimper sans l'aide de son chakra - peut-être avait-elle épuisé toutes ses réserves ?
Elle s'était arrêté à une dizaine de mètres seulement au dessus de Sôma et Kinshi, sur une courbure de tuyau qui faisait office de plateforme où elle se reposait un peu. Les avait-elle vu se rapprocher ?

- Courage ! cria Kinshi à son coéquipier par-dessus le bruit du vent.

Il était étrange de voir comme ce simple mot avait raffermi la détermination de Sôma. Il ne l'avait pas remarqué mais il avait commencé à perdre espoir quant à sa capacité à réussir l'exercice imposé par Hoko.
En une seconde, il raffermit ses prises et grimpa les quelques mètres qui le séparait encore de Fubuki... qui se jeta soudainement dans le vide !
Paniqué, Sôma la suivi du regard et remarqua, plus bas, Kinshi en grande difficulté : il avait chuté de quelques mètres et avait stoppé sa chute en s'agrippant d'une main à un tuyau plus escarpé que les autres.
Mais la pluie et le vent frappait toujours avec force et sans prises supplémentaires, Sôma savait qu'il tomberait indéniablement. Ce n'était qu'une question de secondes.

Fubuki était rapide et agile. Elle concentrait à nouveau son chakra dans ses mains et ses pieds pour désescalader la distance qu'il la séparait de Kinshi et le saisir fermement d'une main pour le coller à la paroi. Ensemble, ils remontèrent jusqu'à Sôma, qui les attendaient sur la plateforme.

Ils étaient essoufflés, à bout de force, mais pour la première fois, tous les trois se sourirent. Eux qui ne s'étaient presque jamais parlés semblaient être déjà beaucoup plus proche qu'ils ne l'avait été au cours des quatre années passées ensemble à l'Académie.

Le Lagon RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant