9 - Jusqu'au Temple Zento

55 10 6
                                    

Les trois genins avançaient doucement sur le sentier, faisant attention à soulever leurs pieds pour ne pas soulever de poussière, à ne pas marcher sur une branche morte afin de rester le plus silencieusement possible. Ils analysaient chaque bruit, chaque mouvement perceptibles à l'ombre du bois alentour. Mais seuls les arbres et la faune semblait les entourer.

De tous, seul Kichi, le chat invoqué par Hoko, semblait détendu. Il trottinait allègrement sur le sentier. Parfois, il s'arrêtait soudainement, alors imité par les jeunes shinobis. Il se mettait à renifler l'air, à regarder un point fixe dans les sous bois ou simplement à se gratter l'oreille de sa patte arrière.

C'était la première fois que Sôma voyait un chat ninja. Il se demandait ce qui le différenciait de Neko, le petit félin domestique de sa grand-mère. Kichi portait un kimono, ce qui n'était pas le cas des chats ordinaires mais il ne semblait pas particulièrement plus intelligent ou dangereux que celui qui partageait son appartement. En l'observant plus attentivement, Sôma remarqua les quatre traits verticaux représentant Ame brodés au dos de son kimono. Kichi était-il lui aussi un ninja du village caché de la Pluie ?

Ensemble, les quatre compagnons tombèrent sur deux pièges supplémentaires. Le premier était un pan du sentier parsemé de parchemins explosifs. L'un d'eux, dissimulé au sol sous de la poussière, aurait blessé Sôma qui aurait marché dessus si Kichi ne s'était pas jeté sur sa figure pour le faire reculer de quelques pas. S'ils ont pu éviter ce piège, ils n'échappèrent pas au suivant : une barrière ninjutsu dans laquelle ils se retrouvèrent confinés. Mais les barrières étaient la spécialisation du clan Hitohira. C'est pourquoi Fubuki découvrit rapidement la nature de leur piège :

- C'est une barrière à trois sceaux.

- Une barrière à trois sceaux ? demanda Sôma.

- Oui. C'est une technique qui repose sur des parchemins sur lesquels on applique un sceau. Ces sceaux forment le piège et maintiennent la barrière active

- Et comment fait-on pour la faire disparaître ? demanda Sôma.

- Je vais essayer de localiser les sceaux. Une fois que nous saurons où ils se trouvent, nous devront trouver un moyen de déchirer tous les parchemins, au même moment.

Kinshi et Sôma acquiescèrent d'une seule voix. Ils s'en remettaient totalement à l'expertise de leur coéquipière.

Fubuki s'approcha de la barrière et y posa la main paume de sa main.

- Aïe ! s'écria-t-elle en reculant d'un pas.

Elle ne savait pas trop si la paroi l'avait brûlé ou électrocuté - peut-être un peu des deux - mais nul doute que la douleur avait été forte. Pourtant, elle n'avait pas le choix : il fallait qu'elle touche la barrière si elle voulait repérer les trois sceaux qui les maintenaient enfermés. Elle s'approcha à nouveau de la barrière et inspira à fond avant de poser sa main gauche sur la paroi. La douleur était toujours aussi forte que lors du précédent contact, et elle devait lutter contre ses réflexes pour ne pas retirer sa main de la paroi.

Une fois qu'elle réussit à suffisamment dominer la douleur pour se concentrer, elle leva sa main droite devant son visage, index et majeur levés. Là encore, Fubuki mit quelques secondes pour retrouver sa clarté d'esprit, et malaxer son chakra.

- Ninpô : technique du troisième œil ! lança-t-elle.

Fubuki libéra le chakra malaxé pour le diffuser dans la paroi. Celui-ci se dispersait dans l'ensemble de la barrière à la recherche des trois flux d'énergie qui la guiderait vers les différents sceaux. Cette technique était difficile car elle nécessitait une très bonne maîtrise du chakra. Si Fubuki excédait dans ce domaine, elle n'avait encore jamais eu à faire cet exercice tout en supportant une telle douleur. Elle luttait chaque instant pour maintenir sa concentration et sa technique. Elle le savait : si elle échouait, ils ne pourraient échapper à ce piège.

De grosses gouttes de sueur perlaient sur le front de Fubuki à mesure que les minutes passaient. Elle sentait Kinshi, Sôma et même Kichi derrière elle, qui l'encourageaient en silence. Mais cela faisait déjà plusieurs minutes qu'elle recherchait les flux d'énergie, en vain. Sans le vouloir, elle se démoralisait, puis se déconcentrait en commençant à douter de ses compétences. Etait-elle réellement capable de localiser ces sceaux ? Pourtant, elle le savait : si elle ne se retrouvait pas sa concentration rapidement, elle ne pourrait maintenir sa technique plus de quelques secondes supplémentaires...

Soudain, elle trouva un premier flux d'énergie qu'elle remonta jusqu'à sa source avec son chakra, découvrant l'emplacement du premier sceaux.

- L'un des sceaux se trouve au nord-est, juste à l'extérieur de la barrière !

Il n'en fallait pas plus pour que Fubuki retrouve toute sa concentration. C'est avec une motivation nouvelle qu'elle entreprit de localiser les deux autres sceaux qui maintenaient la barrière dans laquelle ils étaient piégés.

- Le deuxième est au sud-est et le troisième au sud-ouest ! s'exclama Fubuki avec triomphe avant d'interrompre sa technique et de se laisser tomber au sol, vidée d'une grande partie de son chakra. Sa main gauche n'avait pas de blessure apparente mais les spasmes incessants qui agitaient ses doigts et son bras témoignaient de la violence du contact continu avec la barrière.

- Les trois sceaux se situent à l'extérieur de la barrière, résuma Sôma. Peut-on creuser le sol pour les atteindre ?

- Non, répondit Fubuki en s'épongeant le front de sa manche. La barrière est sphérique, elle passe aussi sous nos pieds.

- Alors comment va-t-on sortir ? demanda Kinshi.

- Réfléchissons... déclara Sôma. Nous ne pouvons pas sortir de ce piège, nos aiguilles et nos kunaïs sont inefficaces...

- Et nous ne maîtrisons pas de technique de ninjutsu assez puissante pour la détruire de l'intérieur, compléta Fubuki.

- Alors pourquoi a-t-on localisé les sceaux si on ne peut pas s'en débarrasser ? s'emporta Sôma en tapant un cailloux sur le sol, le faisant rebondir sur la barrière.

- Du calme, reprit Kinshi. Nous allons trouver une solution.

- Je n'en vois aucune, conclut Sôma.

Kichi, qui était jusque là resté assis à observer les trois amis, se leva. Il s'étira puis bailla bruyamment.

- L'un de vous maîtrise-t-il une technique de clonage ? questionna-t-il d'une voix éraillée.

Les trois jeunes ninjas stoppèrent tout mouvement, surpris d'entendre le petit félin parler. Quelques secondes leur furent nécessaires pour comprendre qu'ils n'avaient pas rêvé.

- Sôma peut faire ses clones aqueux, répondit Fubuki face au silence prolongé de son camarade.

- C'est vrai ? demanda Kichi en se tournant vers le jeune shinobi.

Visiblement mal à l'aise, Sôma finit cependant par lâcher :

- Oui.

- Parfait. Peux-tu en faire trois en même temps ?

- Je ne sais pas. Mais je pense que oui.

Suivant les directives de Kichi, Sôma se positionna au plus près de la barrière possible. Il effectua ensuite sa technique, réalisant trois clones aqueux avec une facilité déconcertante, qui se créèrent de l'autre côté de la barrière. Bien qu'étant faits d'eau, les clones étaient identiques à Sôma. Grâce aux indications de Fubiki, ils trouvèrent rapidement les trois sceaux, enterrés à quelques centimètres sous le sol. Ils se coordonnèrent pour déchirer les parchemins au même moment, libérant les trois genins et Kichi de leur prison.

- Merci, dit Sôma à ses clones avant de rompre sa technique, les faisant disparaître en flaques d'eau.

Ils se remirent en marche, guidés par Kichi, avant de déboucher sur une prairie clôturée par le bois. Un petit temple traditionnel se tenait à l'autre bout de la prairie. Le Temple Zento.

Mais ce n'était pas le temple qui stoppa net les quatre ninjas. Devant eux se tenaient deux jeunes hommes. L'un était debout, un pied sur le torse du second, étendu sur le sol. De là où il était, Sôma voyait nettement le symbole du bandeau frontal sur l'adolescent qui se trouvait à terre. Le symbole d'Ame. Le ninja vaincu était Kihiro.




Le Lagon RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant