17 - Conversation autour d'un sara-udon

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Trois semaines s'étaient écoulées depuis la mort d'Odoke. La mort du genin avait marqué les esprits mais le calme semblait être revenu, bien que les jeunes ninjas évitaient de se retrouver seul dans le village lorsqu'ils le pouvaient.

Fubuki, Kinshi et Sôma étaient meurtris de courbatures à force d'exercices imposés par Hoko : enchaînements de ninjutsu et développement des natures de chakra, camouflage, pistage, renforcement musculaire et de souplesse, lancer d'aiguilles étaient autant d'exercices qu'elle leur imposait d'une main de fer. Elle s'était donné pour mission de les préparer à toute situation et elle comptait leur donner toutes les cartes pour qu'ils ne finissent pas comme Odoke.
Mais c'est Fubuki qui semblait le plus souffrir de l'entraînement de leur senpaï : Hoko lui avait souligné qu'elle ne pouvait plus se contenter d'être une experte en défense, mais qu'elle devait également apprendre à attaquer. C'est pourquoi elle lui donnait des cours particuliers chaque matin avant l'entraînement collectif afin de lui donner les bases du kinjutsu - l'art de manier les armes blanches - dans lequel Hoko excellait. Elles pratiquaient cette technique de combat avec des sabres en bois mais cela n'empêchait pas Fubuki d'être couverte d'hématomes.

- C'est horrible, se plaignit Fubuki. Je comprends pourquoi Hoko senpaï souhaite m'enseigner le kinjutsu mais elle doit bien voir elle aussi que ce n'est pas pour moi : j'arrive à peine à soulever les sabres plus de quelques minutes et je ne vous parle pas de leur maniement ! J'ai mal partout... Et le pire c'est que je suis tellement fatigué par ses entraînements que je me relâche sur ceux donnés par mon père.

Elle prit une pause pour attraper un morceau de calmar de son sara-udon qu'elle avala d'une traite. Le restaurant dans lequel elle avait amené ses coéquipiers se situait dans une drôle de ruelle peu fréquentée et ils comptaient parmi les seuls clients. La sombre lumière et les murs ornés de masques en bois parfois effrayants donnait une atmosphère étrange à ce lieu. Sôma et Kinshi n'avait d'abord pas compris pourquoi Fubuki les avait amené dîner dans cet endroit mais la première bouchée de leur sara-udon le leur révéla. Les nouilles, les légumes et les produits de la mer... tout était un délice dans ce plat ! Ils ne s'étaient d'ailleurs pas privés de commander une deuxième tournée chacun qu'ils dégustèrent plus lentement.

- Il faut que tu te muscles les bras, taquina Sôma entre deux bouchées.

Fubuki choisit de ne pas répondre à la provocation de son ami et préféra leur révéler la véritable raison de ce repas.

- Ecoutez, chuchota-t-elle en avançant son visage vers ses camarades, si je vous ai amené ici ce n'est pas tant pour la nourriture. Kihiro est sorti de l'hôpital.

Elle attendit la réaction de ses deux amis qui ne tarda pas à arriver. Les genins posèrent leurs baguettes et fixèrent leur attention sur Fubuki.

- Quand ? demanda Sôma avec sérieux.

- Il y a deux jours. C'est Nagi qui l'a vu sortir. Je lui avais demandé de le surveiller pour moi comme il se rend souvent à l'hôpital pour y développer son ninjutsu médical.

- A-t-il parlé à l'Amekage ? questionna Kinshi.

- Je ne sais pas. Nagi a lu son dossier médical et apparemment, il ne se souviendrait pas clairement de l'attaque ou des jours qui ont précédé sa fugue... Mais Nagi m'a aussi confié que d'après lui, Kihiro aurait dû être capable de se souvenir de ce qu'il s'était passé.

- Ce qui veut dire... enchaîna Sôma.

- Ce qui veut dire que soit ses souvenirs son bloqués dans son subconscient parce qu'il aurait eu un choc émotionnel ; soit il ment.

Fubuki lança ses derniers mots d'un ton ferme et déterminé. Nul doute qu'elle pensait que la deuxième option était la vraie.

- A quoi penses-tu ? lança Kinshi qui sentait que son amie avait une idée derrière la tête.

D'un geste de mains, elle ramena ses longs cheveux raides sur sa poitrine, ce qui ne manqua pas de réveiller certains hématomes. Ses cheveux étaient attachés à leur pointe pour former deux sortes de couettes basses, l'une blonde, l'autre brune. La partie blonde de sa chevelure semblait adoucir le côté gauche de son visage, alors que la partie brune de sa chevelure accentuait ses traits pour les rendre plus dur. Sôma s'en était persuadé dès sa rencontre avec Fubuki à l'Académie : le physique de la jeune kunoichi était à l'image des deux facettes de son caractère - l'un chaleureux et le second glacial - qui pouvait facilement déstabiliser son interlocuteur. La grimace de douleur disparue, elle prit une expression rusée.

- Je pense que si nous voulons savoir qui est Konsae Sijiro, nous devons interroger Kihiro-kun nous-même. Ni l'Amekage, ni Hoko senpaï ne nous diront ce qu'elles ont appris afin de nous protéger. Vous avez vu l'expression de Sijiro avant qu'il ne disparaisse. Vous savez aussi ce qu'il nous a dit. Il reviendra, c'est certain. Plus nous en saurons sur lui, mieux nous pourront lui faire face.

Elle approcha un peu plus son visage de celui de Kinshi et Sôma.

- J'ai également le sentiment que cette affaire est liée d'une manière ou d'une autre à la mort d'Odoke. Alors, si on peut aussi aider à retrouver l'assassin de notre ami...

Sa voix se brisa sur ces derniers mots mais Kinshi et Sôma avaient compris. Ils étaient d'accord avec elle.

- Comment s'y prend-t-on pour le faire parler ? chuchota Kinshi.

- J'y ai déjà réfléchit, poursuivit Fubuki. Nous allons faire ça en trois étapes...


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