LUNE CURIEUSE

I

☾

ㅤㅤㅤㅤㅤㅤㅤㅤLE RIRE ÉTOUFFÉ que Leorio laissa échapper ne fit qu'irriter le plus petit. Il poussa le jeune adulte loin de lui, comme pour lui dire "ça suffit", ce qui fonctionna.

— Bref, j'attends encore ta réponse. T'as intérêt à m'en sortir une similaire à la dernière.

— Comment ça ?

— Surprends-moi, Leorio. Montre-moi tout l'amour que tu ressens pour Kurapika...

      La façon dont les joues du plus âgé rosissaient à chaque taquinerie commençait à devenir lassante. Killua se demandait pourquoi il perdait encore son temps à dire des phrases à l'eau de rose rien que pour voir ça. Il souhaitait désormais pouvoir contempler le même phénomène, mais sur Kurapika cette fois. Il comptait bien y arriver.

      L'étudiant en médecine se racla doucement la gorge, prêt à inventer de nouvelles métaphores instantanément, pour faire comprendre à son camarade à quel point le dernier survivant des Kurta était une bonne personne.

— Kurapika n'est pas froid. Le pire, c'est que je ne t'apprends rien... C'est juste qu'il se protège. Il a battit des murs hauts et solides, dans le but d'empêcher certaines émotions, et son envie de ne plus être seul de se manifester. Ses murs, construits à partir de sa colère et son désir de vengeance, sont à la fois solides et fragiles, comme du sable. Si Kurapika est comme ça, c'est à cause de son passé, des horreurs qu'il a vécu et de ses démons qui le hantent. Je ne peux pas le sauver de son passé ou de ses démons... Mais je peux toujours guérir l'homme entraîné et solitaire que le temps a construit avec soin, comme un château de sable... J'y suis presque, tu sais ? On l'a déjà vu sourire et être de bonne humeur, c'est déjà ça !

      Malheureusement pour lui, comme toujours, il avait regretté ses paroles à la seconde où il se rendit compte de tout ce qu'il avait révélé. Le garçon aux cheveux d'argent pouffa de rire, l'humiliant encore plus. Il s'était dit que l'albinos se mettait bien trop à l'aise, à rire bruyamment alors que quelqu'un dormait.

— En fait, t'es pas poétique ! On dirait que t'essaies juste d'être stylé et que tu sais pas ce que tu racontes. Des murs, un château de sable... Excellent !

— Tais-toi ! Estime-toi heureux que je t'ai même répondu. Et puis ça aurait pu être pire. J'aurais pu parler de masturbation ou un truc du genre.

      Killua s'arrêta soudainement de rire, l'air choqué. Il lança un rapide regard vers Gon, tordant limite son cou à cause de la brutalité de son geste, et se retrouva soulagé de constater qu'il était encore endormi. Leorio répondit à la question silencieuse du plus jeune en se grattant nerveusement la nuque.

— C'est que... Quand j'explique des trucs, les comparaisons et exemples qui me viennent en tête ont souvent un rapport avec ça, fut l'aveu que le futur médecin fit sous le regard bleuté de Killua et la lumière toute aussi bleue de la lune.