.27 jours après.

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17 heures 45 minutes

J'ai appelé Akaashi ce soir !!!!!!!!! Je suis trop heureux (trop pour que ce ne soit qu'un ami) ! Maman m'a pris la tête toute la soirée à cause de mon soi-disant sourire bêta, elle maintenait que si j'étais aussi gaga, c'était, soit que mon équipe était qualifiée pour la compétition, soit que j'étais amoureux. On a été qualifié, mais à vrai dire j'avais presque oublié... ahah... oups ^^'

Après, Aka a été qualifié pour être l'héritier de mon coeur hehe (okay je note que je ne dois JAMAIS lui sortir cette phrase, au risque d'une humiliation totale).

On a parlé pendant 02h14 ! Je n'avais jamais fait d'appel aussi long de ma vie, sérieux. Je vais pas m'en plaindre TwT

Quand il avait commencé à piquer du nez on avait décidé de raccrocher, je sentais que je parlais dans le vide de toute manière, je suis sûr que son visage était compressé contre l'oreiller et qu'il donnait des réponses automatiques, j'aurais pu lui dire que je sortais avec Emma Watson et que j'avais battu Stephen Curry à un concours de shoot qu'il m'aurait rétorqué "c'est cool". Mais je ne lui en voulais pas, il avait fait l'effort de rester avec moi tellement longtemps aujourd'hui que je voulais bien battre le chef Steph autant de fois qu'il le fallait.

Je l'aime putain !

Je l'aime de toute mon âme."

Aujourd'hui, j'avais demandé à Sugawara de m'emmener au cimetière. Je m'étais dit que, peut-être, voir sa tombe...

Le carnet serré contre moi, j'essayais d'ignorer le bruit de moteur, je ne regardais pas dehors, je faisais en sorte de penser à tout autre chose que la voiture qui roulait et accélérait les battements de mon coeur. Ils résonnaient dans mes tympans inlassablement, et la chair de poule ne quittait pas ma peau.

On avait fait quelques tours dans les rues de la ville, pas assez longs pour que l'on meurt, mais trop courts pour que je m'habitue. Je sentais cependant que ça s'arrangeait, lentement, très lentement, mais plus les jours passaient mieux ça allait, mes insomnies m'accompagnaient un peu moins chaque nuit, je n'avais plus envie de vomir dès que mes yeux se posaient sur le carnet, l'odeur de tilleul se dissipait maintenant. Mais j'aurais tant aimé me rappeler de toi, c'est toujours ce qui reste le plus difficile encore aujourd'hui, me dire que tu n'es pour moi qu'une photo sous un lampadaire et une idée que les autres me dépeignent.

La voiture s'était arrêtée sur une place recouverte de gravier, les roues avaient fait un drôle de bruit en passant dessus, mais ça n'avait pas duré longtemps. La main de Sugawara glissa dans mon dos et d'une voix délicate il me dit :

- Aka... on est arrivé. Si tu veux qu'on attende un peu dans la voiture n'hésite pas.

Mon coeur était tombé dans ma poitrine et je n'arrivais pas à le ramasser.

Les cailloux avaient aussi fait un drôle de bruit sous mes semelles, un peu comme des os brisés qu'on écraserait. Quelques autres personnes, toutes des personnes âgées, étaient dans le cimetière à se recueillir sur des tombes. Étrangement, c'était rassurant de se dire qu'on n'était pas les seuls à traverser un moment difficile, que d'autres ressentaient cette peine aussi, celle qui nous disait que rien n'irait jamais bien à partir de maintenant puisqu'on était réduit à ça, des morceaux de chair qui se faisaient abattre par les vilains coups de la vie.

- C'est celle-ci.

"C'est celle-ci"... ça avait résonné en moi, un écho puissant. On ne parlait plus de Bokuto, de Kotaro, on parlait d'une tombe, un morceau de pierre verni avec des inscriptions dessus. Ce n'était plus le meilleur ami, l'amant, le fils, l'inconnu dans la rue... non, c'était devenu un cadavre avec une étiquette.

Soudain, une immense tristesse m'envahissait, je vis mon visage se déformer dans le reflet de la pierre polie et humide, et des larmes se mirent à rouler sur mes joues, fendant ma peau avec violence. La douleur lancinante dans ma gorge piqua de plein fouet mes sanglots qui n'osèrent pas sortir, mes mains tremblantes serrèrent le carnet contre mon torse encore plus fort, je crus que j'étais sur le point de le déchirer tant mes phalanges avaient blanchi, et le bruit du papier se froissant était devenu indiscernable, trop tendu.

Alors le choc sur mes genoux lorsque je tombais au sol ne m'avait même pas surpris, j'étais comme anesthésié par cette obsession autour de toi, ma douleur, et la honte de ne pas me rappeler.

KEIJI ! encore et encore se jouait dans ma tête, ton cri déchirant s'abattait sur moi sans merci et me détruisait.

Tue-moi, Bokuto.

"Quelque part dans le Japon, un homme pleure sur une tombe froide, meurtri par la perte et l'absence. Il avait toujours cru en un bel avenir où, vieillissant l'un à côté de l'autre, les deux amants ne se quittèrent plus jamais. Jusqu'au jour funeste, celui qui fut le dernier pour l'un deux. La séparation est mortelle, mais la sentence inéluctable. Parce qu'à force d'ivresse de vivre, on en oublie l'épine dans notre pied qui s'enfonce de plus en plus. Et puis un soir comme un autre, la femme en noir vous tapote l'épaule et, avec un sourire, vous demande de rentrer."

À nos souvenirs manqués... (Bokuto x Akaashi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant