Lorsque l'argent fait tourner le monde à l'envers, des êtres sans scrupules et maniaques accumulent les millions comme un pendule antique accumule la poussière, des enfants perdent leurs innocences dans la plus funeste des vilenies, et la mort se po...
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MR. ROMÉO
J'ai toujours pensé qu'il n'y avait pire que d'être Roméo dans un monde où les amants s'entretuent — un ironique jeu du sort, admettons-le. Toutefois, je me dois d'avouer qu'après avoir vu celle qui m'a châtié à jamais en m'affublant de cette mièvre appellation s'écrouler dans la foudre de cette nuit glacée d'octobre, il me prend à songer qu'une mort aussi douloureuse et peu méritée pourrait bien détrôner mon malheur personnel. Cependant, il ne faut pas oublier que l'on existe tristement dans un monde extrêmement violent et perfide, du moins, c'est ce que disait toujours Miranda.
Miranda, qui elle, en est la preuve frémissante dans la blancheur macabre des doutes glacés. Toute petite, elle disparaît dans les bras nocturnes d'une mère habillée d'étoiles, guidée par les plumes précieuses de ceux qui déchirent les cieux, laissant derrière elle des anges de la mort veillant sur les vestiges d'un corps, et l'emblème même de la vie; un nouveau-né rosé sur lequel je garde un œil. Les petites mains serrées autour d'une croix sont vierges pour l'instant, mais un sentiment plus clair que la perle transparente qui relie les quatre branches de son pendant m'indique que ce n'est qu'une question de temps avant que le sang aux reflets cuivrés n'éclabousse tout son être. Je vois dans son visage encore frais une fierté et une impiété dont le manque de remords reflète d'une sophistication et d'une génétique empreinte de noblesse. Un esprit vif, une bouche aux poésies lunaire et un charme nonchalant, presque rêveur.
Et pourtant, j'en viens à espérer que l'enfant meurt avant d'ouvrir les yeux, car croiser son regard symboliserait un attachement profond à un cœur qui ne grandira jamais. L'enfant même de la beauté du péché et sa croix autour du cou. Sa violence et sa perfidie envoûteront l'aube et feront de cette nuit glacée d'octobre le prélude d'un massacre dont l'élégance charmera les innocents pendant des siècles.
Mais ne me croyez pas sur parole, après tout, je ne suis pas enfant du diable, mais simple félin de compagnie.
nda. Je pense que deux ans d'absence, ça vaut un sacré coup de massue sur le crâne, et je compte pas recommencer les hiatus de sitôt (dit-elle, avant de disparaître une seconde fois dans des ténébres morbides et draculiens). Je vais poster plus régulièrement, donc toutes les deux semaines environ, et attention, les chapitres à venir vont être extrêmement longs cette fois, alors accrochez-vous bien :) J'espère que la suite vous plaira...
