o6 : interview avec un vampire

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AARON

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AARON.


Je n'aime pas vraiment Cissy. Elle est désagréable, en plus d'être une menteuse compulsive. L'an dernier, elle a démarré cette affreuse rumeur sur moi. Apparemment, j'aurais giflé Cherry avant de la pousser à terre pour l'étrangler, tout ça le soir d'Halloween, alors que tout le monde faisait la fête dans les sous-sols de la chapelle. La bonne Sainte Cindelle, qui n'en pouvait plus de la débauche et de l'étouffant brouillard de beuh, se serait éclipsée de la soirée pour prendre l'air. Elle l'aurait aussitôt regretté en me voyant mettre tout mon poids sur ma copine, une main enroulée dans sa longue natte noire, l'autre se resserrant sur son pouls... Évidemment, cette vision d'horreur aurait profondément tourmenté Cissy les jours suivants, alourdissant sa conscience à telle point que partager son terrible secret était le seul remède possible. Tout raconter à sa secte, et occasionnellement glisser dans les affaires de Cherry des pamphlets aux titres troublants (Amour Violent ou Passionnel : Comment Savoir ?) l'ont plus que revigoré. Les choses ont commencé à dégénérer lorsque les Émissaires de la Vérité Obscure m'ont soumis à un procès à deux heures du matin un mercredi, plus pour leur divertissement que pour leur cause faussement mystérieuse. J'ai craqué. Cherry et moi n'étions pas à la fête ; nous étions en retenue de nuit à la bibliothèque pour « comportement indécent ». Ce n'est qu'après être entré dans les détails qu'Atlas m'a interrompu pour mettre fin au cirque. Mais il était trop tard ; mon visage allait fondre de colère.

Aujourd'hui, je m'installe au bord du lit d'infirmerie de Cissy. Elle dort paisiblement, la tête entourée d'un bandage. Son cou presque bleu dans sa pâleur séduit la prise de mes deux mains. Je me retiens tant bien que mal. Pénétrer dans l'infirmerie aux petites heures du matin sans attiser les soupçons est ardu, même pour moi. Je n'ai pas fait tomber Elyas de son lit et potentiellement tordu sa cheville, avant de le traîner à l'infirmerie juste pour voir Cissy disparaître tranquillement sans révéler quoi que ce soit, comme Jennifer. Marcelline, Rocksann et Atlas attendent le verdict, et je compte le fausser du mieux que je puisse.

Je me relève dans un bruissement de draps et referme derrière moi les rideaux autour de son lit, prenant soin de laisser une grossière fente entre les baldaquins. Un chariot et un plateau en métal, une paire de ciseaux et des bandages ; c'est parfait. Je regarde des deux côtés ; personne ne me prête attention. Je renverse le plateau dans un grand fracas et fais mine de me confondre en excuse en le ramassant.

— Aaron ! Arrête de tout casser, y a des gens qui dorment ! me hurle Elyas, qui se fait examiner à l'autre bout de la salle.

Fiona, l'infirmière à son chevet, lui fait signe de se taire, avant de me lancer un regard mauvais. Dès qu'on me quitte des yeux, je prétends ne pas remarquer le regard affolé et désorienté de Cissy sur moi, le croisant tout simplement par hasard.

DREAMS HOLLOWOù les histoires vivent. Découvrez maintenant