Chapitre 21

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Hey, on est encore un peu en avance cette semaine. Il faut dire que les chapitres comme ça, c'est toujours un pur bonheur à écrire.

Soyez prêt·e·s à accompagner Kris dans sa dernière épreuve. L'heure de vérité, le climax, on y est. C'est la fin.

(Enfin, pas la fin, fin, mais vous avez compris.)

Bonne lecture !

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Je suis cernée de toutes part et je suis certaine que le monstre volant plane au-dessus de ma tête. J'ai beau réfléchir à toute vitesse, rien ne me vient. Je ne suis plus qu'un animal pris au piège, qui attend de recevoir le coup fatal. 

Qui, étrangement, ne vient pas. Les monstres ont tous freiné d'un coup et ont la tête tournée vers le ciel. Je me retourne pour voir ce qu'ils observent, sans comprendre, quand un rugissement lugubre et puissant se fait entendre. L'impressionnant monstre qu'est devenu Vince est monté sur le toit et, depuis les hauteurs, il toise la cour. C'est impossible que personne n'ait entendu son cri aux alentours du collège mais j'ai abandonné l'idée que qui que ce soit puisse intervenir pour me venir en aide. De toute façon, il faudrait au moins un bazooka pour le maîtriser.

Je ne sais pas comment décrire l'image qui s'imprime sur ma rétine à cet instant, mais je sais que je ne pourrais jamais l'oublier. La silhouette horrible de ce monstre découpée dans le ciel à la lumière de la lune ; on dirait un cauchemar. Un truc tellement irréel que le cerveau ne peut même pas l'analyser. Autour de moi, les autres créatures reculent tout doucement, sans quitter le toit des yeux. Ils ont peur. Moi, je ne sais pas trop, je tremble de tout mes membres mais quelque part, je sais qui est ce monstre et je crois bien qu'il m'intimide moins maintenant.

Je change vite d'avis quand je le vois arc-bouter son arrière train pour prendre de l'élan. D'un seul bond, il atterrit à quelques mètres de moi – son poids fait trembler la terre. Il renverse quelques grillons sur son passage, sans se soucier le moins du monde de leur présence. Les autres monstres se carapatent aussitôt, me laissant seule face à l'énorme mufle écumant de bave de ce gigantesque caméléon.

Sa peau couverte d'épines et de clous change de couleur alors qu'il rampe vers moi, il passe d'un brun rougeâtre à un noir absolu qui le rendrait presque invisible s'il n'y avait pas autant de buée qui quittait ses naseaux à chaque souffle.

Je réfléchis à toute vitesse, qu'est-ce que je peux faire ? Je n'ai pas beaucoup de possibilités à part m'enfuir. Je voudrais retourner vers le cloître au plus vite, mais tant qu'il sera là, je ne pourrais pas être tranquille. Il faut que je le sème. Le problème, c'est que c'est Vince et sa spécialité est de me courser jusqu'à ce que je n'en puisse plus, je ne réussirai jamais à lui échapper.

Il ne me laisse pas manigancer plus longtemps et se jette sur moi gueule grande ouverte. J'ai de la chance que ses yeux soient bandés, il ne me voit pas et j'ai le temps d'esquiver in extremis, encore une fois. Je me mets à courir, sans savoir où aller. Je pense d'abord à me percher en haut des arbres mais ça ne servirait à rien, il est aussi grand qu'eux. Mes yeux examinent toute la cour, passant en revue mes options : les arbres, les marches, le self, l'abri à scooter, les couloirs...

Le self ! Je me souviens instantanément du rez-de-chaussée, toujours en travaux, que le collège à entreprit de construire il y a des mois. Cet endroit est plein de grilles, de poutres et de chaînes, avec un peu de chance, je peux essayer de l'y coincer. C'est risqué, mais ça vaut la peine. J'arrive devant la baie vitrée qui ferme le passage, juste après l'escalier. J'essaye de pousser la porte, en vain. Elle est fermée à clé.

– C'est pas vrai ! M'exclamé-je.

Je regarde partout autour de moi, à la recherche d'une pierre, d'un outil, n'importe quoi qui pourrait me permettre de briser les vitres. Je n'en ai pas le temps, le monstre arrive derrière moi, fonce tête la première et détruit entièrement les portes. Je suis encore projetée à terre, parmi les gravats et les bâches en plastique. Mon épaule me fait un mal de chien, mais je tiens bon.

MonstrueuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant