Chapitre 19

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Hey ! :)

Voilà la suite. Je ne plaisantais pas quand je disais qu'on était proche de la fin, je pense que ce chapitre donne le ton.

Un peu d'action, pour une fois !

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Discrètement, je fais signe à Vince de me rejoindre, qu'il puisse être témoin de la scène, au cas ou un détail viendrait à m'échapper.

Je ne crois pas que le démon puisse nous voir de là où il est, mais je retiens quand même ma respiration, je ne voudrais pas qu'il puisse la détecter. Je n'ai aucune idée de l'étendue de ses pouvoirs. Pour le moment, il n'a pas l'air de nous avoir trouvés ; il avance à grandes enjambées dans la cour et tous les monstres-grillons, qui étaient agglutinés dans le coin, s'écartent sur son passage, on dirait qu'ils ont peur de lui. Il atteint les salles des cours de langue, sous le balcon du deuxième étage, et jette des petits coups d'œil furtifs dans tous les recoins. Il regarde par terre, tourne sur lui-même, comme s'il avait fait tomber quelque chose.

– Qu'est-ce qu'il cherche ?

Je connais déjà la réponse : c'est nous qu'il cherche. Et cette façon de fouiner comme un animal pisteur me met terriblement mal à l'aise. J'aurais dû me méfier davantage ; ça fait des heures que nous sommes passés par là-bas mais s'il insiste autant sur cette zone, c'est peut-être parce qu'il peut y percevoir quelque chose. Notre odeur ? Notre aura ? Va savoir. Après un examen poussé des lieux, il s'arrête et son regard se fige, en l'air. J'ai d'abord peur qu'il ne m'ait vue, mais je le vois tendre le bras pour saisir quelque chose au-dessus de sa tête.

Le leurre ! Je l'avais oublié celui-là. D'un geste ferme, il l'arrache à la corde à laquelle nous l'avions attachée pour distraire l'attention des monstres, et il la contemple en la retournant dans tous les sens. Même à cette hauteur, je devine qu'il est en colère – je me demande même si je ne distingue pas un éclat rouge brillant dans ses yeux. Tout de suite après avoir examiné l'objet, il siffle. Toutes les créatures qui se trouvaient dans les parages se rapprochent timidement, le dos courbé par la crainte. Le monstre ailé descend des hauteurs lui aussi et s'invite dans le groupe. Il a beau surpasser tous les autres en taille, j'ai l'impression que là, il essaye de se faire tout petit. Les lèvres du proviseur remuent. Je suis obligée de tendre l'oreille pour percevoir ses paroles. C'est difficile de distinguer des mots, je n'entends que des bribes. Ce qui est sûr, c'est qu'il engueule les monstres. Il leur colle même des petites tapes sur la tête.

Tous se ratatinent comme des animaux apeurés lorsqu'il brandit le vieux pot de confiture devant leur nez.

– ...Incapables ! C'est quand même pas compliqué... Différence entre un gamin et un bocal ! Crie-t-il à leur intention.

J'échange un regard avec Vince. Je ne suis pas sûre d'être contente d'avoir mis un démon en colère, mais je ressens une petite satisfaction en constatant que mon stratagème bricolé en cinq minutes dans ma cuisine s'est montré efficace. Quoique, lui a déjoué le piège en deux secondes. Je commence à me demander s'il possède ne serait-ce qu'un seul point faible qu'on pourrait exploiter.

Toujours furibond, l'ennemi termine sa diatribe et se tourne vers le monstre ailé. C'est impressionnant de voir ce petit bonhomme en costume s'approcher sans trembler d'une créature qui le dépasse de plusieurs têtes, ça l'est encore plus de voir cette même créature courber l'échine comme un chiot coupable.

– Et toi là, tonne le proviseur, tu n'es pas censé être le mieux placé pour voir à travers ce genre de supercherie ? A quoi te servent tes yeux immenses ?

En réponse, la créature essaye de cacher ses énormes globes jaunes derrière le voile noir de ses ailes. Il l'en empêche et saisit violemment le masque qui lui sert de tête pour lui susurrer quelque chose à l'oreille. Après avoir entendu ce que je devine être une menace, le monstre frémit et, d'un seul bon, il s'élève dans le ciel. Deux secondes plus tard, ses deux yeux s'illuminent tels des yeux de chat dans la nuit et il disparaît de notre champ de vision. Il a probablement adapté sa vision à l'obscurité pour mieux nous débusquer. Satisfait, le proviseur se retourne vers les monstres-grillons et les renvoie à leur poste d'un geste violent, avant de fracasser le leurre contre le sol et de disparaître derrière une porte dérobée.

MonstrueuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant