Chapitre 3

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Hey ! On se retrouve pour le chapitre 3, qui est encore un chapitre d'exposition mais ne vous inquiétez pas, on va y venir au fantastique. Avant cela, il fallait que je montre à quel point le collège est invivable pour ces personnages. 

D'ailleurs, tenez vous le pour dit, ce chapitre est une incarnation même de mes cauchemars scolaires. Tout va mal là-dedans ! (CW : Harcèlement scolaire) Aussi, pour les lecteurices autistes j'ajoute un TW : meltdown, crise autistique. Faites attention à vous pour le lire si jamais ça ne va pas <3

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Morgane se lève la première et croise les bras sur sa poitrine, prête à accueillir le bulldozer qui nous fonce dessus. Elle a moins peur que moi quand il s'agit de répondre aux moqueries, je ne sais pas comment elle fait. De mon côté, je panique et j'observe la zone ; comme d'habitude, le petit spectacle de Vince attire les autres, qui se regroupent autour de nous comme des vautours autour d'une carcasse de zèbre, en attendant que le lion ait terminé. Je reconnais les gens de ma classe : Céline, Romuald, leurs amis, tous occupés à grignoter leur petit pain, impatients de voir ce qu'il va se passer. Si seulement j'avais le pouvoir de disparaître, je m'en servirai tout de suite.

Vince est prêt à faire son petit manège mais Morgane s'interpose pour l'empêcher de m'atteindre.

– T'as rien de mieux à faire que de lui pourrir la vie ? Dégage, crache-t-elle.

– Je t'ai rien demandé, Marilyn Manson, lui répond-il, sans la regarder.

Sa réplique entraîne quelques rires. Il n'y a pourtant rien de drôle, de toutes les insultes qu'on lance à Morgane pour se moquer de son style vestimentaire, c'est la plus stupide et la plus ordinaire. Elle n'aime même pas ce chanteur. Elle ne se démonte pas et tente d'attraper Vince par le bras, pour le pousser plus loin. Sans succès ; il esquive sa prise et vient directement à ma rencontre. Comme d'habitude.

Il me toise alors que je suis encore par terre, vautrée dans les feuilles mortes. J'ai l'impression que mon cœur va exploser sous la pression. Tout le monde nous regarde et c'est bien ça le pire : cet attroupement qui nous encercle coupe toute possibilité de fuite. Mes pensées filent à toute vitesse, je n'ai pas le temps de les calmer pour trouver une solution. Normalement, dans ces cas-là, je fais appel à Alcide pour avoir des conseils ou du réconfort mais je ne peux pas me permettre de lui parler devant témoins. Heureusement, malgré la panique, sa voix parvient à se frayer un chemin jusqu'à mon cerveau.

Si on était dans un film d'horreur, on serait à la fin et tu serais la dernière survivante. Le monstre c'est lui, il va t'attaquer mais tu vas tenir le coup. C'est toi qui va t'en sortir.

Cette idée me donne des forces et me permet de me lever pour affronter son regard. C'est un mauvais moment à passer mais ça va aller.

– T'es au courant qu'il n'y a que les animaux qui aiment se rouler dans les feuilles mortes normalement ? Se moque-t-il, en me parlant comme s'il s'adressait à un enfant de deux ans.

– Tu devrais essayer alors, répliqué-je, la voix tremblotante.

Malheureusement, ma répartie laisse à désirer. Ca ne lui fait ni chaud, ni froid. Il prend simplement la peine de vérifier que les autres sont attentifs à ce qu'il fait en jetant un petit coup d'œil par-dessus son épaule. C'est à se demander s'il n'est pas noté sur sa performance.

– En vrai, tu as raison. Le look « clodo » ça va faire fureur cette année, dit-il en haussant la voix pour être sûr que tout le monde l'entend bien.

Des rires d'approbation retentissent. Je sens mes joues chauffer et le peu d'audace qu'il me reste s'évanouit aussitôt. Je finis par baisser les yeux, tant pis. Si je ne dis rien, il se lassera plus vite. Je serre les dents, je serre les poings, j'attends.

MonstrueuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant