Chapitre 18

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Hey ! Re-surprise ! Je suis TRES en avance, mais je ne pouvais pas ne pas le publier alors qu'il est prêt ce chapitre là. C'est probablement le plus important pour moi, j'avais vraiment envie de l'écrire.

Par contre, il est très long. Je ne pouvais pas le couper parce que c'est un très long dialogue.

Pour finir, petit avertissement, CW : pensées morbides, harcèlement scolaire, validisme (intériorisé), psychophobie

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Notre nouvelle cachette, qui se trouve être l'ancien pigeonnier du monastère, est bien étroite mais elle fait l'affaire. Elle est suffisamment reculée et discrète pour qu'on puisse s'y reposer. Vince n'était pas sûre de son existence et moi-même, j'avoue n'y avoir jamais fait attention, alors que son toit pointu est visible depuis la cour. Nous nous sommes faufilés à l'intérieur après avoir dégagé l'entrée – très sommairement dissimulée par un cadre en aluminium censé protéger un compteur électrique.

Le sol est sale, recouvert d'immondices, les murs dégoulinent d'humidité et les seules ouvertures qui donnent sur l'extérieur sont les minuscules fentes par lesquels les pigeons devaient passer autrefois. Ce n'est pas le meilleur endroit où se requinquer mais ce n'est pas comme si nous étions en position de faire les difficiles. Les couloirs sont plein de monstres venus se mettre à l'abri de la pluie et aucun de nous ne veut faire leur connaissance. A la fois par peur, et aussi parce que le seul à s'être montré chaleureux à notre égard s'est changé en pierre, nous laissant complètement dépités. Il est hors de question qu'on se prenne encore d'affection pour l'un d'eux.

Je me doutais que le confort des lieux serait spartiate, alors ça ne me dérange pas plus que ça de devoir m'asseoir par terre, les genoux remontés contre la poitrine. Ce que je n'avais pas anticipé, en revanche, c'est la gêne absolue que je ressens en ce moment. L'espace est définitivement trop petit pour nous deux ; on est presque obligés de se regarder dans le blanc des yeux, à défaut d'avoir autre chose à observer. A force de courir partout et d'avoir peur pour ma vie, j'avais presque oublié que Vince m'angoissait lui aussi. Je n'y ai plus pensé parce que ce n'était pas vraiment le moment, mais là, maintenant, sans avoir quoi que ce soit d'autre pour me distraire, je me souviens de ce qu'il représente. Déprimer en compagnie d'une personne avec qui on s'entend bien est déjà compliqué, alors avec quelqu'un qu'on déteste, c'est pire que tout.

Dans un premier temps, nous n'avons fait que grignoter mes maigres provisions, sans parler, et ça n'avait rien de trop pesant. Mais depuis, les minutes se sont étendues et avec elles, le silence est devenu terriblement oppressant. Les seuls mots que nous avons échangés concernaient l'heure. J'ai essayé d'échapper à cette situation en dormant un peu – autant que possible, sur des pierres glacées et sans pouvoir bouger. A mon réveil, la nuit était tombée et Vince n'avait pas bougé d'un pouce. Je l'ai rejoins dans son mutisme.

A présent, il m'est presque devenu impossible de me tordre les mains alors que c'était la seule chose que je pouvais faire pour m'occuper. Le froid me fait trop frissonner et je commence à ruminer des idées déplaisantes. Je me demande si je serai toujours en vie demain. Est-ce que je vais même voir la pleine lune ? Ca fait quoi d'être désincarné ? C'est comme être mort ? Ca me fait peur. Vais-je me retrouver prisonnière d'une enveloppe éthérée sans avoir autre chose à me remémorer que mes hontes les plus vicieuses ? Ca aussi ça me fait peur mais je crois que j'ai passé un cap, je n'arrive même pas à paniquer ou a crier, quelque chose est bloqué. Je crois que je suis en train de me faire à l'idée que je ne vais pas m'en sortir. La colère que j'ai ressenti quelques heures plus tôt s'est estompée et s'est transformé en résignation. A quoi bon ? Et de toute façon, est-ce que ça changerait quelque chose que je devienne un monstre ?

MonstrueuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant