Troisième Quart

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Le jeune métamorphomage était d'humeur morose en ce matin du jeudi 3 mars, et accoudé au garde-fou de la Tour d'Astronomie, il réfléchissait.

À quoi ? À tout. Au danger que courait son meilleur ami, à ses devoirs qui s'accumulaient, à ces disparitions inquiétantes, à son parrain... Harry avait laissé un vide incomblable en lui, une faille qu'il essayait de réduire. Ginny lui avait dit qu'il était bien trop jeune pour s'enterrer dans le remords et la déprime, insistant sur le fait que ce n'est pas ce qu'il aurait voulu. Alors, pour lui, il essayait de positiver, d'aller de l'avant, en bref, de faire son deuil. Mais ce n'était pas ce qu'il y avait de plus aisé.

Cependant, à ce moment-là, ce qui le préoccupait le plus était Hannah. Elle avait l'air très angoissée depuis quelques jours, et arborait maintenant un teint blafard qui ne faisait que renforcer son intuition. Bien qu'il refusât de se l'admettre, sa présence lui manquait, et leur dispute lui était un crève-cœur, mais il ne voyait pas comment y remédier. Enfin si, mais il préférait ignorer cette solution. En effet, au fur et à mesure que le temps passait - et que ses pensées suivaient leur cours -, il commençait à se demander si ce n'était pas lui qui était en tort, car après tout, Hannah ne pensait sûrement pas à mal en informant McGonagall de leur conduite : peut-être avait-elle peur pour eux ? Cette hypothèse lui plaisait, surtout parce qu'en quelques sortes, elle innocentait la jeune fille, et il avait désespérément besoin de trouver un moyen de lui pardonner.

Seulement, un élément - ou plutôt deux -, venait le faire douter : Aidan et Lind. Ils avaient sûrement pensé à cette possibilité, eux aussi, et s'ils ne l'ont pas retenue, c'est qu'ils ont probablement réussi à se prouver qu'elle ne suffisait pas. Il en conclut qu'il ne devait pas être assez objectif pour juger la situation aussi clairement qu'eux...

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Quand vint l'heure de cesser ses réflexions, il rejoignit ses deux amis pour le cours de Sortilèges, commun avec les Serpentard. Le professeur Flitwick les accueillit avec le même ton jovial, et malgré toutes les mesures de sécurité qui rendaient la vie plus lourde au château, le petit homme essayait tant bien que mal de rester de bonne humeur, au moins pour ses élèves.

Il les fit s'asseoir, puis, à l'aide d'une liste fournie par sa collègue de métamorphose, s'assura qu'aucune personne ne manquait. Après avoir appelé les élèves de Gryffondor, il continua avec ceux de Serpentard, parmi lesquels on nota une anomalie. En effet, il manquait un élève parmi, sans qu'aucun autre ne puisse fournir de justification à cette absence. À cet instant, on entendit des bruits étranges venant du côté des fenêtres, et ils s'aperçurent rapidement de la présence d'une chouette martelant le carreau de son bec. Flitwick se précipita vers elle, se issa le plus haut qu'il puisse sur la pointe de ses pieds, ouvrit le battant et se saisit tant bien que mal du pli apporté par le volatile. Il parcourut furtivement les quelques lignes qui le constituaient.

Bonjour professeur,
Je vous avertis par le biais de cette chouette que je ne pourrai assister à votre cours, ni à aucun de ceux de vos collègues ce jour, pour cause de maladie.
Respectueusement,

A. Lampageli

Cependant au lieu de rassurer le sorcier, cette missive provoqua chez lui une panique inexpliquée. À la surprise de ses élèves, il leur ordonna :

- Rentrez tous dans vos salles communes.

Puis, voyant qu'aucun d'eux ne bougeait, il ajouta :

- Immédiatement !

À cette injonction, tous se précipitèrent vers la sortie dans un grand tohu-bohu assourdissant. Afin de ne pas les laisser sans protection, il enchanta les armures du couloir, qui se séparèrent en deux groupes pour escorter les adolescents. Le célèbre duelliste, quant à lui, envoya son patronus prévenir ses collègues du nouvel enlèvement. Une fois que la forme argentée eut rempli sa mission, il courut jusqu'à la Grande Salle, où ses homologues le retrouvèrent quelques instants plus tard après avoir mis à l'abri leurs élèves respectifs. Tandis que quatre d'entre eux furent chargés de la protection de chaque maison, les autres se lancèrent dans une journée de recherche vaine.

L'Élu n'est pas celui que l'on croyait être - La Prophétie (terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant