1er Juillet 1940

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Ce matin, je me suis levé bien avant le début du jour. J'ai pris, dans la cuisine,  de quoi ravitailler Samuel. Le plus discrètement possible, je me suis rendu à l'endroit où il se cachait.

Si les premiers jours avaient été très durs pour lui, peu à peu, Mathilde et moi lui apportions de quoi s'installer au mieux.

— Comment vas-tu ? Lui demandai-je.

— Cela peut aller, me répondit-il. 

Des cernes bleutées envahissaient ses joues et ses yeux étaient rouges d'avoir tant pleuré la perte de sa famille. J'ai tenté de le consoler comme j'ai pu..

— Je sais que cela ne doit pas être facile mais si tu as besoin de mon aide, je suis là pour toi. 

— Je sais Christian. Tu fais déjà tant pour moi. Je ne manque de rien si ce n'est de liberté mais il n'est pas en tout pouvoir de me l'accorder. 

Je baissai les yeux vers le sol regardant les aiguilles de pins brunes qui parsemaient le devant de la grotte. Quand je relevai les yeux vers lui, je lui dis :

— Samuel, peut importe ce qui arrivera, je ferai tout pour te rendre ta liberté, pour rendre la liberté à notre pays. 

— Je te fais confiance mon ami. 

Quand je le quittai, il était un peu moins triste et moi j'en avais le cœur allégé. 

Le temps est encore très chaud et j'accompagnai mes petites sœurs à la rivière non loin de chez nous pour qu'elles puissent se rafraîchir. Jeanne et Rose ont bien ri et j'ai l'espace d'un instant, mis de côté la guerre, la défaite, les nazis et l'Occupation.. 

Peut-être devrais-je m'en vouloir ? Comment réussir à vivre sereinement ? Nos esprits sont sombres et j'envie la douce ignorance de l'enfance. Oh que ne sommes nous nés quelques siècles plus tôt !

Mémoires d'un résistantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant