Quelques nouvelles nous sont parvenues. Il paraît que 2 million de parisiens ont fui la capitale, devant l'avancée de la Wehrmacht. Les drapeaux français auraient disparu des rues, remplacés par l'oriflamme nazie. Les hôtels ont été réquisitionnés pour l'installation confortable des allemands. Et pis que cela, Paris est maintenant passée à l'heure allemande ! Je ne sais pourquoi ce qui semble être un détail me perturbe autant. Mais savoir qu'à présent la ville de Paris vit au même rythme que Berlin, je ne sais pas... ça me rend malade rien que d'y penser.
Grand était mon désarroi alors que je cessai d'écrire l'autre jour. Et je puis affirmer que nombreux avons-nous été à avoir été abattu par la nouvelle. En quelques jours, nous avons bien senti combien notre vie allait changer après cette invasion de Paris..
Nous n'osons plus tellement sortir de chez nous, de peur de manquer une nouvelle importante.
Depuis quatre jours donc, avec mon père, nous cherchons sur la radio une fréquence d'information.
Nous avons fini par trouver la fréquence de la BBC, une radio anglaise dont nous recevons le signal sûrement grâce à notre proximité avec le sol anglais.
On dit que le général Charles de Gaule s'est opposé à l'armistice demandée par Pétain.. Et qu'il a même été déchu de sa nationalité française. Il est à Londres en ce moment et les nouvelles doivent facilement traverser la Manche puisque dans le courant de l'après-midi, nous avons entendu cet appel.
Je l'ai entendu plusieurs fois, et je l'ai mémorisé pour pouvoir le rapporter dans ce carnet, aussi fidèlement que possible. Le voici qui suit :
"Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement.
Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat.
Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l'ennemi.
Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui.
Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !
Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.
Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des Etats-Unis.
Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.
Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.
Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.
Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la Radio de Londres."Le général a su, j'ai bien l'impression, nous redonner courage et nous exhorter à résister.
Quand l'appel s'est achevé, alors que résonnait dans notre maison les notes de la célèbre cinquième symphonie de Beethoven, je me suis senti plus décidé que jamais. Si j'étais perdu, je ne le suis plus autant. Nous devons résister à cette invasion et ne pas laisser la France mourir, en renonçant à nos libertés !
Je me sens déterminé à répondre à l'appel du général de Gaulle. Je ne laisserai pas la flamme de la résistance s'éteindre. Je crois en notre capacité à nous relever et à lutter pour notre liberté, notre dignité et notre identité en tant que nation.
La route sera difficile et semée d'embûches, mais nous devons rester unis et forts face à l'occupant. La France ne mourra pas, nous continuerons à nous battre pour un avenir meilleur, où la paix et la liberté prévaudront sur l'oppression et la tyrannie.
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Mémoires d'un résistant
Ficção Histórica"Dire que je n'ai pas peur est un mensonge.. Je tremble presque.. J'aurai tellement aimé la revoir.. Mais ça y est, l'heure a sonné. J'entends le pas de leurs bottes.. Allons! Pour la France et la Liberté!" Voici les mémoires de Christian Fauvier, r...