La fin de la journée se déroula avec une effervescence à laquelle Louis et Adeline étaient peu accoutumés.
Les enfants devisaient joyeusement, déclarant à tue-tête qu'ils iraient dans le bois à côté chercher des fleurs et les premières baies. Ils voulaient aller avec leur grand père à la fête foraine qui se tenait à ce moment non loin de la maison.
Adeline souriait gaiement songeant que ces enfants de la ville avaient peu l'occasion de profiter de la nature..
Ils vivaient à côté de Paris avec leurs parents et quand ils arrivaient pour les vacances, ils voulaient toujours tout découvrir.
Les environs de Lille, là où se trouve la maison de Louis et Adeline, sont tout de même moins urbanisés que la capitale et les grand-parents faisaient toujours de belles randonnées avec eux.
Adeline aida Aélis et Gabriel à défaire leur valise et à s'installer dans leur chambre.
D'ailleurs, et cela avait fait rire les adultes, Gabriel avait refusé de dormir dans une autre chambre, séparé de sa sœur.
Ils étaient ensuite allés avec Adeline dans le jardins faire un bouquet alors que Louis sortait le gratin du four.
Quand ils passèrent à table, la bonne humeur régnait toujours et les discussions tournaient surtout autour de l'histoire qu'avait promis de raconter Louis.
— Tu nous lis l'histoire avant d'aller dormir hein Papi ? Insistait Gabriel.
— Peut-être que je ne vous lirai pas tout ce soir.. répondit Louis.
— Oooh.. noon.. râla Aélis. Mais pourquoi ? On est pas fatigués nous !
— Ouais !! Moi je voudrais tout entendre ce soir ! Renchérit Gabriel.
Adeline rit doucement et dit à Louis:
— Ce n'est pas très grave s'ils se couchent un peu tard ce soir.. ils auront le temps pour se reposer demain.
— Oui ! Papi.. S'il te plaît !! Demandèrent en cœur les enfants.
— Bon.. bon.. je cède.. d'accord ! Vous aurez toute l'histoire ce soir !
— YES !! S'exclamèrent en cœur Gabriel et Aélis.
Les enfants se hâtèrent d'avaler le dîner et Adeline leur dit tout de même:
— Bon.. avant l'histoire, on va au bain et on met son pyjama !
Gabriel bouda un instant, protestant qu'il n'était pas sale et qu'il n'avait pas besoin de se laver.
Adeline rit doucement et lui dit qu'il avait du yaourt sur le nez.
Il tira la langue et sortit de table en criant:
— Preums à la douche !
Aélis s'élança derrière lui, protestant:
— Mais c'est paaas juuuste !
Après quelques péripéties supplémentaires, Aélis et Gabriel descendirent de l'étage, douchés et en pyjama.
Il se précipitèrent vers Louis qui sortait un carnet de taille moyenne à la couverture en cuir marron de l'immense bibliothèque vitrée du salon.
Les pages du carnet étaient jaunies par le temps, et légèrement gondolées, comme si le carnet avait été exposé un certain temps à une légère humidité.
Aélis, fascinée, voyait bien avec quelle délicatesse -presque religieuse- le grand père manipulait le livre.
Était-ce un livre fragile ?
— Dis dis ! Papi.. qu'est-ce que c'est ? Demanda la fillette.
— C'est là dedans qu'est écrite l'histoire de mon père.
— Est-ce que c'est lui qui l'a écrite ? Interrogea Gabriel.
— Oui. C'est lui qui a écrit dans ce carnet, à l'époque où il était plus jeune, bien plus jeune que moi.
Louis observa avec attendrissement les visages attentifs de ses petits enfants. Gabriel tenait dans sa main la patte de son nounours en peluche et regardait avec attention le livre.
— Allons.. venez. finit-il par leur dire.
Il alla s'asseoir sur la banquette près de la vieille cheminée éteinte et les enfants s'assirent à côté de lui, de part et d'autre.
À l'extérieur, la nuit avait commencé à tomber et déjà, on percevait, si on tendait l'oreille, le hululement lointain des chouettes qui partaient en chasse.
Louis sourit à ses petits-enfants avant d'inspirer un coup. Il était toujours un peu ému quand il lisait ce récit mais il était vrai qu'aujourd'hui, il allait raconter cette belle histoire aux enfants de son fils.
Il ouvrit précautionneusement le carnet et lut à voix haute l'inscription écrite à l'encre un peu délavée:
Ce livre appartient à Christian Fauvier.
Alors que sa main caressait avec délicatesse le papier jauni par le temps, Louis prit une inspiration et tourna la page.
— 14 Juin 1940.
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Mémoires d'un résistant
Historical Fiction"Dire que je n'ai pas peur est un mensonge.. Je tremble presque.. J'aurai tellement aimé la revoir.. Mais ça y est, l'heure a sonné. J'entends le pas de leurs bottes.. Allons! Pour la France et la Liberté!" Voici les mémoires de Christian Fauvier, r...