C'était la fin de l'après-midi et le soleil jetait ses derniers rayons sur la maison.
Une belle bâtisse, aux murs de grès, servait de support à une jolie glycine qui longeait les parois, et dont les fleurs embaumaient l'air. Les fenêtres, ouvertes en cette heure de la journée où le temps se rafraîchissait, étaient encadrées par des volets gris, dont la peinture s'écaillait légèrement.
Devant la lourde porte de chêne qui permettait d'entrer dans la maison, un chemin de dalle coupait un petit jardin où diverses plantes et fleurs croissaient. Quelques bêtes butineuses tournaient autour des fleurs multicolores, dans l'espoir d'y trouver du nectar.
Dans la maison, par la fenêtre de la cuisine, au rez-de-chaussée, une vieille dame s'agitait, mettant dans le four la tarte qu'elle venait de terminer avec son époux.
Le vieil homme mit le couvert sur l'épaisse table de bois et sortit de la maison, empruntant le chemin et poussant le portillon de fer forgé pour fouler du pied la terre poussiéreuse de la route qui menait jusqu'à cette demeure.
Ici, les routes n'avaient pas encore été recouvertes de macadam et lorsque le vent se levait, l'on pouvait observer des tourbillons légers s'envoler vers les champs avoisinants.
Le grand père ferma un instant ses yeux bleus. Sa peau, bronzée et marquée par le soleil, était celle d'un homme qui avait travaillé toute sa vie à l'extérieur. Des rides parcouraient son visage et ses mains, quelques peu tordues par l'arthrose, étaient calleuses. À soixante-seize ans, l'homme était encore assez en forme et profitait, avec son épouse de quelques années de douceur après le labeur d'une vie.
Il tourna son regard vers le haut de la maison. Une semaine auparavant, un terrible orage avait entraîné la chute d'un grand frêne sur le toit de la grange. L'arbre y était toujours et il avait été bien ennuyé par son assurance qui n'estimait pas que la réparation de la grange soit absolument impérative.
Mais Louis Fauvier ne se laisserait pas faire. Louis avait du caractère. Il râlerait au téléphone jusqu'à ce que quelqu'un puisse venir réparer la grange où dormaient Arès, le cheval de trait et Phoebe la chèvre qui fournissait du lait au vieux couple.
Mais pour l'heure, l'attention de Louis se porta à nouveau sur la route. Ils attendaient la visite expresse de leur fils Henri qui venait, avec son épouse Maria, déposer leurs enfants chez leur grand-parents avant de partir pour un important voyage d'affaire.
Louis plissa des paupières. Ses yeux scrutèrent avec attention la route, mettant sa main en coupe sur son front pour voir plus loin. Il avait perçu un bruit de moteur. En effet, quelques instants plus tard, un nuage de poussière de taille conséquente apparut au bout de la route.
Un sourire parcourut ses lèvres, venant renforcer les plis aux coins de ses yeux.
Il se tourna vers la maison et lança d'une voix forte :
— Adeline ! Ils arrivent !!
— Enfin ! Les voilà ! Cria une voix féminine depuis l'intérieur de la maison.
Adeline Fauvier sortit à son tour, rejoignant son époux devant la maison. L'herbe accrochée à ses vêtements laissait supposer qu'elle venait de terminer de désherber les plants de tomates qui se trouvaient dans le jardin potager de l'autre côté de la maison.
Arrivée à ses côtés, elle épousseta rapidement sa tenue et rajusta son chignon d'où quelques cheveux gris rebelles s'échappaient.
Elle était âgée, mais un peu moins que Louis. Son visage semblait sourire et ses prunelles brunes brillaient à l'idée de revoir bientôt leur deux seuls petits-enfants.
La voiture s'arrêta devant le portillon, soulevant une quantité astronomique de poussière qui provoqua une quinte de toux chez le grand-père. Un homme d'une quarantaine d'années en sortit et ouvrit la porte à l'arrière de la voiture d'où sortirent deux enfants.
— Ouaiiis on est arrivés !! Cria le jeune garçon.
La fillette avait les cheveux bruns bouclés, et un regard gris pétillant, tandis que le garçon, plus jeune, arborait une tignasse noire et indisciplinée qui cachait des prunelles vertes.
— Papa, Maman, je suis heureux de vous revoir ! Lança Henri en venant embrasser ses parents. Vous avez l'air en pleine forme !
— Bonjour Henri, répondit Louis en un sourire. Cela peut aller.
— Quelque chose ne va pas ?
— Oh.. Rien de très grave, un souci avec la grange.
Henri tourna les yeux vers ladite bâtisse et comprit.
— Ah oui effectivement..
Maria vint saluer Ses beaux-parents et Adeline lui demanda gentiment :
— Avez-vous fait bonne route ?
— Merveilleuse ! Notre vol a été retardé, nous aurons le temps de nous arrêter manger sur la route tout à l'heure.
— Voulez-vous rester pour dîner ?
— Non Maman, c'est gentil mais nous devons nous dépêcher.
Les grands parents acquiescèrent, et Henri se dirigea vers le coffre de la voiture avant d'en sortir deux petites valises.
— Avez-vous dit bonjour à vos grands parents ? Demanda Maria aux enfants.
C'est Aélis la première qui vint embrasser son grand père puis sa grand mère.
— Merci Papi et Mamie de nous accueillir.
— Bonjour Aélis.
Gabriel, lui aussi s'approcha du vieux couple pour les saluer.
— Gabriel ! Comme tu as grandi ! Rappelle-moi quel âge as-tu ?
Le petit garçon montra timidement avec ses doigts la valeur de son âge.
— Six ans ! Mais c'est que tu es devenu un grand garçon !
— Mais pas aussi grand que moi ! Moi j'ai huit ans !
Henri et Maria sourirent avant de s'excuser, ils devaient vraiment partir.
Louis et Adeline saluèrent les parents d'Aélis et de Gabriel avant que ceux-ci ne montent dans la voiture. Tous quatre observèrent la voiture disparaître au tournant du chemin. Aélis attrapa la main de son grand père avant de dire :
— Dis dis Papi ! Tu nous raconteras une histoire ? Tu avais promis la dernière fois de nous raconter la vie de ton papa !
— Tu t'en souviens ?
— Oui !
Gabriel, hésitant, comprenant que son grand père avait eu des parents, demanda :
— Tu as un papa Papi ?
Louis rit doucement avant de répondre :
— Bien sûr ! Comme tout le monde ! Je vous raconterai ça ce soir ! Et.. si vous êtes sages !
— On sera très sages Papi ! Répondirent-ils en cœur.
— Comme une zimage ! Ajouta Gabriel.
Adeline rit doucement avant de dire :
— Gabriel.. on dit une image.
— Ah..
Finalement, la grand mère leur tendit les mains et chacun en saisit une tandis que Louis prenait les bagages.
— Vous devez avoir faim !
— Ouiii ! Cria presque Aélis, ce qui fit sourire le vieux couple.
Le séjour s'annonçait mouvementé !
— Trop faim ! On mange quoi Mamie ? Demanda Gabriel.
— Un gratin de légumes et une tarte aux myrtilles répondit Louis. Nous avons préparé le repas pour vous ensemble.
— Ça a l'air trop bon ! Renchérit Aélis.
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Mémoires d'un résistant
Ficção Histórica"Dire que je n'ai pas peur est un mensonge.. Je tremble presque.. J'aurai tellement aimé la revoir.. Mais ça y est, l'heure a sonné. J'entends le pas de leurs bottes.. Allons! Pour la France et la Liberté!" Voici les mémoires de Christian Fauvier, r...