Mémoires d'un résistant

14 Juin 1940

Je m'appelle Christian Fauvier. J'ai 19 ans. J'habite à Lille et j'y suis né, le 11 Octobre 1920. Comme beaucoup d'autres, je suis allé à l'école et on m'y a appris des notions de mathématiques,  de sciences, de littérature, de géographie et d'histoire.

J'ai eu une enfance heureuse et insouciante. Comment dire.. Nous étions.. des enfants.. et même si nos parents nous parlaient de la précédente guerre qui s'était achevée en 1918, elle ne semblait nous concerner que peu.

Si jeunes.. nous ne nous rendions pas compte. Nous pensions alors que la paix était éternelle.. que jamais un tel cauchemar ne se reproduirait. Comme nous nous trompions..

À cette époque, si le maître d'école m'avait dit qu'un jour je prendrai un carnet pour y écrire.. Je n'y aurai pas cru.. Je lui aurai ri au nez. "Quelle idiotie ! Quel intérêt de raconter sa vie quotidienne sur le papier ??" Et je moquais des gens qui le faisait à l'époque, cela me paraissait futile et puéril.

En écrivant ces quelques lignes.. je vois à quel point j'ai changé. Combien le monde merveilleux auquel je croyais s'est effondré. Je ne sais pas exactement ce qui m'a poussé à saisir ce livre, à prendre une inspiration et à écrire.

Peut-être est-ce là un confident ? Une manière de crier ma déception face à ma désillusion ? Je ne sais pas..

Je ressens le besoin d'écrire car j'ai la ferme conviction que les événements qui ont lieu en ce moment même sont primordiaux et qu'ils marqueront l'avenir..

Je ne sais comment faire.. ou savoir si je me suis assez présenté. Après tout ce n'est pas quelque chose que l'on apprend à l'école.

Mais finalement.. le but de ces pages sera de relater les événements et non de permettre la meilleure connaissance de l'écrivain qui n'est à terme que l'intermédiaire entre la plume et le parchemin.

Alors voilà.. vous devez savoir.. depuis aujourd'hui, un grand malheur a frappé la France. Nous sommes démunis.. et pour cause !

Paris ! Paris belle capitale de France qui regorge de merveilles ! Belle ville chère au cœur de tous les français !

Paris qui résista jadis à l'attaque des Huns..

Notre digne capitale est tombée aujourd'hui.

Lourde chute qui la livre aux mains des allemands.. 

On parle ici d'un terme que j'entend pour la première fois. Nazi. 

Ce terrible évènement enchaîne notre pays à un homme dont le nom effraie déjà.. Adolf Hitler. On dit qu'il était soldat durant la précédente guerre. Certes.. mais je n'éprouve personnellement aucune sympathie pour un homme qui sema sur sa route vers Paris la terreur, la destruction et le désespoir. Je me souviens avoir entendu mon père parler de ce membre du NSDAP (Parti national-socialiste des travailleurs allemands) qui avait mené avec eux une tentative de renversement du gouvernement. 

Je n'y avais prêté attention à l'époque.. J'étais trop jeune à ce moment, pour comprendre ce que cela impliquerait..

Mais il y a quelques années, en 1933, il a accédé au poste de chancelier.. 

Comment en sommes nous arrivés là ? Qui nous aidera ? Hélas ! 

Que devons-nous faire ? À qui se fier ?

Je ne sais plus.. je suis perdu.

La réalité de la guerre s'abat sur nous de manière brutale. Les rues sont remplies de rumeurs et de spéculations sur la suite des événements. Nous nous sentons démunis et désespérés face à cette invasion nazie.

Les forces allemandes avancent rapidement dans notre pays, et il semble que personne ne puisse les arrêter. La guerre, cette guerre tant redoutée et lointaine pour nous, est désormais à notre porte.

Le nom d'Adolf Hitler est sur toutes les lèvres, et il est difficile de croire que cet homme est à l'origine de tant de destruction et de souffrances. Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment un pays si puissant et fier peut-il être ainsi envahi et occupé ?

Nous nous sentons perdus et impuissants face à cette situation. Certains essaient de garder espoir en pensant que peut-être, un jour, nous pourrons reprendre notre liberté. Mais pour l'instant, la réalité est sombre et nous ne savons pas à quoi nous attendre.

Je vais aller me coucher, en espérant que quelques heures de sommeil puisse dissiper l'obscurité qui se précipite vers nous, en souhaitant que demain, lorsque j'ouvrirais les yeux, tout ceci ne soit qu'un effroyable cauchemar.