16 | ÉMERGÉE

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!!attention aux thalassophobes  lors des deux avants dernières parties!! 

— TU VEUX QUE JE PARLE ? Ok, tu es le pire meilleur-ami qui soit.

Sasaki doit me regarder. Mais je ne vois rien, tout les flou. Les larmes ne coulent pas aussi facilement à cause de vent. Kana doit aussi me regarder, ou je ne sais pas... Je ne vois que ses cheveux en face de son visage, je ne sais même pas ce qu'elle doit penser de moi en ce moment. J'ai quand même ma petite idée. Il répond :

— Ah bon ?

Une larme coule, je retiens un sanglot. J'essuie la première vague de larmes qui tombe sur mes joues

— Tu me connais depuis toujours, tu sais que je ne vais pas toujours bien. Je fais une pause, reprend mon souffle. Les sorties, la pêche, le sport... te voir, un tout et un rien de ta part et de celle de ton grand-père me servait d'oxygène.

Sasaki se tait. J'espère voir au moins son visage se détendre mais je ferme les yeux pour continuer :

— Quand elle est arrivée, je pensais même pas qu'une fille pourrait t'empêcher d'être ami avec moi. Puis vous vous êtes rapprochés, plus que ça même, et tu ne venais plus à aucunes de nos sorties.

Kana se tait également, j'ai l'impression de parler toute seule. Je ne vois rien, je n'entends rien, j'ai l'impression d'être seule au monde.

— Personne n'était là quand j'avais envie de pleurer. Personne... et j'avais si peur d'entendre de ta bouche ce que j'entends déjà à la maison, que je me suis d'autant plus isolée. Je vous ai bien laissé tranquilles et pourtant...

— Yuri... Prononce Sasaki. Mais je ne le laisse pas parler.

— Bien sûr, Mei n'a rien aidé. Après l'histoire du port, elle ne m'a plus jamais adressé la parole quand tu n'étais pas là, elle souriait hypocritement dès que tu arrivais puis les rumeurs, les histoires... Tu savais que tout le monde pensait que j'étais jalouse ? Je n'ai peut-être pas subit le courroux des gamines du collège mais là bas, tout le monde pensait que je voulais te piquer à elle.

C'est horrible. Et tout est si gênant. Je ne m'arrête pas, j'aimerais tant m'arrêter mais j'ai d'autres choses à dire, tellement de choses à dire que ça pourrait prendre une année.

— Ma mère, tu la connais. Elle ne m'a plus lâché quand elle a su pour vous, elle voulait que je te récupère, elle me disait que c'était pas assez ci, pas assez ça... Trop ennuyante, trop masculine, trop bête, trop bête ! Et je n'avais plus personne pour lui prouver le contraire.

J'aimerais m'enterrer sous terre, sauter de ce toit pour sombrer dans l'immensité bleue. J'ai l'impression d'être nue, dépourvue de tout self contrôle et si faible. Comment je pourrais aider les autres dans ces conditions ? Je ne les vois pas et pourtant, je m'imagine leurs visages en ce moment. Et ça me donne le mal de mer.

Je les sens chuchoter, accroupis au sol comme une idiote j'ai encore plus l'impression de me transformer en insecte. Mais à la place de m'écraser – ce que j'aurais apprécié – c'est Sasaki qui s'accroupit à côté de moi. Il suffoque :

— J'en savais rien... De ces rumeurs. Si j'avais su...

— Évidemment ! Comme si on m'avait mis au courant pour l'histoire de Mei. On aurait tous fait autrement, mais moi au moins j'ai essayé. Alors que je la connaissais à peine.

Il pose sa main sur mon épaule et je fond, comme une poupée de chiffon sous son touché. Je continue moins fort, je n'ai presque plus de voix :

— Je suis une égoïste parce que c'est moi qui devrait comprendre Mei ? Parce qu'à part la gifle, est-ce que j'ai fais au moins une chose pour la faire souffrir ? Non, rien ! Et pourtant c'est de ma faute, c'est toujours de ma faute et jamais celle des autres...

ALGUEMOUREUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant