10 | PAPARAZZI

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JE ME NOIE. Dans le bassin d'eau croupie, dans les bras de Kana. J'ignore le temps que l'on a passé à se bécoter comme des idiotes mais il fait bien trop nuit pour que je retourne chez moi.
Je pourrais bien le faire ce foutu chemin : je n'ai pas peur du noir et encore moins des insectes. Le problème c'est que je me sens bien, dans les bras de cette fille poisson que je suis seule à connaître.
La tête contre son épaule, j'aime bien regarder tout ce qui bouge. Tout, parce qu'elle n'arrête pas de gigoter. J'ai peur d'être lourde, pourtant elle ne s'en plaint pas, je la surprend en train de tourner d'un côté ou de l'autre et quand elle ne fait pas ça, elle cherche innocemment un autre endroit où placer des mains sur mon dos.

— Ah !

Je sursaute. Kana fixe le bord, elle essaie tant bien que mal de se rapprocher. Je demande :

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Il y a quelque chose de bizarre, elle montre quelque chose du doigt et d'exclame, là bas ! La chose orange.

Je ne vois rien du tout, pourtant, je sais de qui elle parle. J'ai certainement (et heureusement) laissé tombé la couronne de fleur en me ramassant sur le sol.

Kana avance et je galère à remonter sur le bord, même avec son aide. L'eau à imbibé mes vêtements, en plus de mon cerveau, je me sens lourde mais je finis par y arriver. Je reprend mon souffle, attrape la couronne.
Ses yeux s'illuminent comme deux allumettes dans le noir, je n'ai pas le temps de lui présenter ce que c'est qu'elle s'exclame :

— Qu'est-ce que c'est ??! C'est troop joli !

— C'est une couronne de fleur. Ça se met sur la tête et c'est pour faire joli. Comme ça. . . 

Je lui donne, en mimant les gestes pour qu'elle comprenne. Elle la pose sur sa tête, parfaitement du premier coup ce que je n'espérais même pas.
Kana est adorable, elle ne peut pas être plus adorable. Elle est si adorable qu'elle arrive à éclater les barrages que je m'efforce de construire devant les autres avec un simple sourire. Avant elle, j'ignorais qu'un simple sourire pouvait me donner envie de pleurer.
Elle est si heureuse qu'elle se rapproche le plus proche de moi, elle me demande :

— Comment c'est ?

Son visage est tout proche, je tellement que je sens son souffle sur mon visage, j'attrape son visage. En ne voyant quasiment rien, j'arrive quand même à sentir son sourire qui fait ressortir ses fossettes. Je lui répond, mais bien trop gênée pour prononcer le mot adorable, je laisse un léger baiser au bout de ses lèvres. Je la vois directement s'animer puis entends un plouf des plus discret.

Lorsqu'elle remonte à la surface, la couronne qu'elle s'était efforcée de retenir en plongeant est maintenant recouverte d'algue et de vase.
Quelques pétales (une bonne dizaine en fait) flottent à côté d'elle, elle soupire.
Je me retiens de rire, elle pouvait être encore plus adorable.


LES FILLES-POISSONS doivent être extrêmement douées pour embrasser. Peut être que Kana est la meilleure dans ce domaine, je ne sais pas, c'était la première fois que je faisais ça avec quelqu'un. 

On a finit complètement dans l'eau, à ne plus savoir quoi faire du bas de notre corps tellement nos lèvres étaient occupées. J'ai pu à peine manger ce matin, tellement elles étaient rosies et douloureuse. Dans le miroir, j'ai même cru voir un poisson chauve-souris, celui avec d'énormes lèvres rouges.

Mes jambes ont aussi détesté le chemin en vélo et je n'étais pas non plus enchantée d'aller au lycée.

Ce matin je ne voulais pas aller en cours, j'avais plus important à faire. J'y suis allée seulement parce que monsieur Terada m'a convoqué avec Mei. Bien évidemment quand je suis entrée dans la classe, j'ai été surprise de ne pas voir le regard vainqueur de l'habituel mollusque. Mei était silencieuse et Sasaki ne la regardait même pas, il fixait la fenêtre.

ALGUEMOUREUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant