Guitaristement Gaucher

🎶 Chapitre 15 🎶

- Bah alors Eren. On dit pas bonsoir à son père ?

Comment il ose se décrire comme un père ?

Pour moi, ce n'est plus qu'un enfoiré de géniteur.

Il doit penser que je suis effrayé et arbore un sourire suffisant.

Alors qu'en réalité, je ne souhaite qu'une chose : le frapper.

Plusieurs scénarios plus que violent s'insinuent dans mon esprit : je me fais un plaisir de lui éclater la gueule.

Ces idées s'apprêtent à prendre le dessus lorsque ma raison intervient.

Si je fais ça, il risque de s'en prendre à maman et à Mikasa.
Je sais que ma sœur peut se défendre toute seule : elle a un mental et une force hors du commun...

Mais je veux laisser ma mère dans l'ignorance .
Elle ne doit pas connaître le conflit entre cet homme et moi.
Elle a droit à un peu de tranquillité. Elle ne mérite pas de voir que son mari, si " parfait ", est en fait un enfoiré avec moi mais surtout qui la manipule pour son propre plaisir.

Je dois donc, comme depuis quelques années, prendre sur moi et cacher cette vérité.

C'est avec cette résolution que j'entreprends, une fois de plus, d'abandonner toute idée de rébellion.

Je baisse le regard, comme pour m'avouer vaincu et récupère la bouteille.

- 'soir.

Je la prends en main mais mes ampoules, me lancent d'un seul coup.

- Aïe !

Je me mords la lèvre, mais c'est trop tard : il a déjà remarqué mes pansements.

Je suis vraiment trop con, je n'aurais pas dû jouer aux jeux vidéos et utiliser des manettes !

Je me redresse et le vois arborer un air méprisant.

- Encore à faire des activités inutiles je me trompe ?

Un souffle des plus consternés précède sa réplique cinglante.

L'entendre critiquer mes passe temps n'est pas une première : il considère toutes choses ne faisant pas partie du domaine médical comme futile.

Il avait d'abord voulu m'embarquer dans son délire mais, ayant résisté, il a laissé tomber... Tout en n'oubliant pas de me rappeler lorsqu'il le peut que j'ai " loupé ma vie " et que je ne suis qu'un " bon à rien qui n'aurait été qu'un poids pour la médecine".

Je m'apprête à le laisser me rabaisser mais plusieurs flashs me font relever la tête et affronter son regard.

Ces flashs, se sont ceux du concert de Livaï, ceux du cours auquel j'ai participé avec lui.

Ces souvenirs m'ont rappelés la passion qu'est devenue la musique pour moi.

Il m'a critiqué sur tout mes passe temps, mais celui-ci est devenue ma raison de vivre.

- Je ne te permets pas. La musique est tout sauf inutile, elle est tout pour moi.

Il semble décontenancé, ne s'attendant pas à me voir rétorquer.

Moi non plus à vrai dire, ces paroles sont sorties sans que je ne puisse les arrêter.

Il reprend rapidement contenance et soutient mon regard.

- Tu veux tant que ça devenir un bon à rien ?
Tu veux devenir un déchet incapable de faire autre chose que de la vulgaire musique ?

- Je préfère de loin être heureux et devenir incapable de faire autre chose que de la " vulgaire " musique, qu'être un docteur aussi malade que toi.

Je vois ses traits déformés par la colère et je commence à avoir des remords.

Je ne lui ai jamais répondu et j'avoue appréhender la suite...

Je prie pour qu'il ne fasse pas de mal à maman lorsqu'il se calme et prend mes mains par surprise.

Je le vois toucher mes pansements et je crois deviner ses intentions.

J'attends, effrayé, mais quelque chose vient s'ajouter... il a ce regard.
Ce regard surprenant car j'y vois une parcelle de vulnérabilité.
Il n'est plus là pendant un bref instant.

Où est-il ?

Il revient alors soudainement au présent.

- Tes ampoules sont bientôt guéries non ? Ce serait dommage qu'elles se rouvrent et que tu ne puisse pas assister à tes cours...

Je tente de m'échapper mais son regard m'en dissuade.

C'est alors que ce qui devait arriver arriva.

Il arrache un à un mes pansements.

Un à un, les pansements arrachent des morceaux de peaux qui ouvrent mes plaies.

Il touche ma chaire à vif, cherchant à s'assurer de la gravité de mon état.

Je me retiens de crier en me mordant l'intérieur de la joue et un goût métallique apparaît rapidement.

Je n'aurais pas dû lui répondre.

Il ne m'avait jamais fait autrement mal que verbalement...mais lui avoir tenu tête la fait passer au stade du physique.

Il retire enfin ses mains.

Je reste sonné, choqué par ce qui vient de se produire.

Son visage n'exprime plus aucun sentiment.

- Tu peux essayer de continuer cette merde, je n'attends plus rien de toi de toute façon.

Il me fait signe de dégager et je sors immédiatement de la cuisine.

Je m'assois sur mon lit, et remarque seulement maintenant l'état de mes doigts.

Des larmes roulent sur mes joues et j'attends, comme un enfant, l'aide de Mikasa.

Je commence à l'appeler, impuissant.

Quelques minutes passent, puis ma mémoire revient.

Pendant que j'écoutais de la musique, elle avait toqué à ma porte, me prévenant qu'elle allait chez Annie pour la nuit.

Elle n'est donc pas là pour panser mes plaies.

Et je ne peux même pas aller demander de l'aide à ma mère, dormant et DEVANT ignorer ce qu'il s'est produit.

Je n'ai même pas la force pour aller chercher la trousse de secours, toujours présente sur mon bureau.

Je vais les laisse sécher à l'air libre, peut-être que ça cicatrisera plus rapidement et que je pourrais faire de la guitare ?

Je m'accroche vainement à cette idée et je m'allonge sur le matelas.

Les rayons de la lune pénètrent ma chambre.

J'admire, sans réellement être présent, la beauté de ce spectacle et une sonnerie de notification vient troubler mon " activité ".

Je manipule mon téléphone avec prudence et discerne un message.

Il est de Livaï.

"Oy.
Rendez-vous après demain, à l'école de musique, 9h.
N'oublie pas tes exercices quotidiens gamin."

Je bute sur la dernière phrase.

Je suis désolé professeur, je ne pourrais pas faire mes exercices.

Et moi ayant attendu impatiemment pendant plusieurs jours cette nouvelle, je finis par m'endormir, bercé par les rayons de la lune et troublés par mes larmes.

Yooooooooo.
Mon premier chapitre assez " dark " 😅
J'avoue avoir eu du mal... je préfère écrire des chapitres joyeux. 😭
J'espère qu'il vous a plu malgré l'ambiance ! 🥴
Bisous sur vos petons ! 🥰😂