🎶 Chapitre 7 🎶

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Bon.

Pour l'instant, le concert ne se passe pas trop mal.

Erwin au clavier, Mike à la batterie, Hanji à la basse et enfin, moi à la guitare et au chant.

On est un groupe assez connu dans la région. Il s'est créé durant nos années de lycée et on ne s'est jamais arrêté.

Pour faire simple, on était tous dans la même classe et Erwin ( un brave gars que je connaissais depuis le collège ), a vu le potentiel de chacun d'entre nous et nous a proposé de fonder les No name.

Franchement, au début, cette idée me faisait chier plus qu'autre chose.
Mais... il fallait bien reconnaître qu'avec le temps, ça commençait à me plaire... jusqu'au jour où ne pas jouer et chanter m'était devenu insupportable.

J'essaie de faire abstraction des lumières projetées en plein dans ma tronche pour distinguer le public.

Plusieurs couples se sont mis à danser sur la place au rythme de nos compositions.
D'autres restent assis à leur table en tapant du pied.

J'avoue être fier de voir que les gens s'amusent, on est là pour ça.

En annonçant nôtre prochain titre, je lance un coup d'œil à chacun de mes musiciens. Je leur demande indirectement s'ils s'amusent et leurs sourires me confirment que oui. Ils s'éclatent.
Et tout autant que moi d'ailleurs.

Notre répertoire étant fini, nous annonçons aux spectateurs qu'il est l'heure de s'en aller.

Plusieurs personnes demandent immédiatement un rappel.

Je regarde Erwin pour savoir se qu'il en pense.
Il me répond aussitôt avec un sourire en coin  :

- On ne peut pas les décevoir.

Mike approuve en hochant de la tête et Hanji saute d'excitation.

Vraiment irrécupérable celle là...

Je reprends le micro pour annoncer nôtre arrangement et nous présentons une nouvelle chanson de nôtre répertoire.

Je me remets alors à chanter et gratter en oubliant les spectateurs autour de moi.
Je me laisse porter par la mélodie de mes camarades et moi en laissant échapper mes sentiments à travers les paroles.

Malheureusement, les dernières notes se passent et cela me ramène brutalement à la réalité.

Depuis le début du concert,  j'avais du mal à faire ressortir mes émotions mais j'ai eu le déclic à la toute dernière...

C'est chiant quand ça m'arrive.

Selon mon état d'esprit, je peux y arriver dès la première chanson ou comme aujourd'hui, au rappel...

L'interprétation pour un musicien et/ou chanteur est très importante, elle permet d'être complètement en accord avec la musique et à exprimer ce qu'on ressent lorsqu'on prononce des paroles. Peu importe ce qu'on ressent, c'est le fait de provoquer une émotion aux auditeurs qui nous rend heureux.

Pas tout le monde n'y arrive et ce n'est pas la fin du monde si on n'y arrive pas. J'ai d'ailleurs bien assuré durant le concert...mais... j'aime voir que le groupe et moi avons réussi à toucher quelqu'un durant une prestation.

Ces parenthèses musicales sont d'ailleurs les seuls où je suis ouvert, ma carapace s'efface le temps de nos représentations et j'oublie momentanément certains souvenirs. Ce sont d'ailleurs les seuls instants où je souris. Je suis un " tout autre autre Livaï " comme dirait Hanji.

Sinon, je redeviens le bon vieux Livaï que je suis.
Fermé, égoïste et n'importe quel autre adjectif peu flatteurs.

Je me demande si ma prestation a fait effet et
la réaction du public me rassure.

Un silence de mort vient d'abord troubler le train de vie de la ville pour ensuite entendre une salve d'applaudissements et de cris.
Je me débarrasse des gouttes de sueurs sur mon front en affichant un sourire comblé. Je remarque même quelques personnes se lever pour demander une autre chanson.

Je reprends alors la parole.

- Oi tout le monde, ça me ferait plaisir de rester avec vous mais on a un contrat avec la mairie et on doit s'arrêter avant minuit. Donc, on va devoir plier bagages.

Hanji prend alors son micro pour renchérir.

- En tout cas, merci de nous avoir écouté et on vous dis à plus ! Ah et si vous voulez nous revoir, n'oubliez pas de nous ajouter sur les réseaux ! C'étaient les No name !

Après avoir rangé tout le matos, le gérant du bar nous offre une tournée et nous nous installons à l'intérieur pour profiter de la climatisation.
J'observe comme à mon habitude l'agitation régnante mais quelque chose retient mon attention.

Hanji se lève soudainement et part en courant sur la place. Ce n'est pas cette action en elle-même qui m'étonne.

On sait tous qu'elle est capable de bien pire en terme de conneries.

Mais, avant de faire ceci, il m'a semblé la voir  reconnaître quelqu'un dans la foule et se précipiter vers lui.

J'essaye de la suivre du regard mais je la perd de vue.

Bon, laisse tomber, elle a peut-être vu un pigeon chelou et elle a voulu l'examiner...

Je retourne à mes occupations qui consistent à : boire un coup, écouter avec peu d'intérêt les discussions autour de moi, répondre "hmm" à chaque questions demandant mon intervention et de penser à la douche et au thé noir que je me prendrais en rentrant.

En pensant à quel thé noir j'utiliserai ce soir, je remarque une jeune femme s'approchant de moi avec assurance.
Elle doit avoir mon âge ou peut-être un peu plus, elle est agréable à regarder.

- Bonsoir, je vois ai vu durant le concert, vous étiez excellent.

En écoutant ses paroles et en étudiant son attitude je vois clairement qu'elle minaude pour m'avoir dans son lit.

Je m'apprête à lui répondre avec toute la politesse dont je suis capable et de l'envoyer bouler quand je me souviens ne pas avoir eu de relations depuis un moment.
Ça me permettra de décompresser.

Je vois du coin de l'œil Erwin me regarder avec désapprobation mais je m'en fous clairement de ce qu'il peut penser.

Depuis la fin du concert, je suis redevenu le Livaï habituel. L'autre est définitivement parti jusqu'à ma prochaine séance musicale.

Je décide de répondre à toutes ses perches et elle me propose de but en blanc si elle peut venir chez moi ce soir.

- Ça devrait pouvoir se faire.

Je m'apprête à dire au revoir à Erwin et Mike quand Hanji revient en courant pour s'arrêter devant moi.

Elle pose ses yeux sur la fille à côté de moi ( je ne me rappelle pas de son prénom ) et j'y décèle de l'incompréhension et plus tard de la tristesse.

Je sais que mes camarades sont inquiets pour moi, mais je n'ai pas besion de leurs aide, j'ai 27 ans et je suis parfaitement conscient et responsable de mes choix.

Elle me regarde, reprend son souffle et prend la parole.

- Tu dois venir avec moi Livaï.

Je ne le montre pas mais son sérieux me perturbe.

Je regarde Hanji puis la fille et lui dit de m'attendre.

La fille me regarde, décontenancée mais Hanji se précipite vers la porte et je ne peux que la suivre.

Elle me dirige vers une table installée sur la place où sont installés trois adolescents.

- Oi Hanji pourquoi tu me montres ces gamins.

Je regarde Hanji en cachant du mieux que je peux mon incompréhension mais un des gamins se lève et son regard brillant de détermination met fin au mystère.

- Bonsoir monsieur, je suis l'élève que vous avez planté tout à l'heure.

















































Guitaristement GaucherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant