Un îlot aux Enfers

Chapitre 4

*2 semaines plus tard*

Je grimpai dans le train et m'installais près d'une fenêtre. J'avais hâte. Notre voyage scolaire à la mer promettait d'être intéressant et riche en émotions. Les élèves de la classe 3-E s'assirent un peu partout et bientôt, il ne resta que la place à côté de moi. Lorsque quelqu'un s'y assit, je m'apprêtais à le/la faire dégager. Quand je remarquai qu'elle avait deux couettes bleu, je souris.

- Salut Nagisa!

Il ne me répondit pas et ouvrit un cahier.
Je me collai à lui et regardais ce qu'il lisait.

- Tu as sérieusement ramené un bouquin de sociologie pour un voyage en mer ?
- Nan, c'est un bouquin qui apprend comment assassiner un casse pied. Un peu comme toi. Le métier de cobaye t'intéresserait ?

Je glissai une main sur sa taille et murmurai à son oreille :

- Eh bien si je suis le tiens...

Son visage devint cramoisi et il gigota pour s'échapper de ma prise. Je ne savais pas moi-même ce que je faisais mais sa réaction était trop mignonne pour ne pas l'embêter.
Je ris intérieurement. Il était si léger que je le ramenais à moi sans difficulté malgré son opposition.

- Laisse moi juste te faire un câliiiiin...
- Non,non,non,non,non.

Je le serrais contre moi malgré tout et souris :

- Tu vois ? Ça ne fait pas de mal.

Nagisa resta tout de même tendu et figé.
Je plaçai mon nez dans son cou et inspirai son odeur de cannelle sucré.
Il m'éloigna de lui avec un sursaut. Je sentais ses petites mains posés sur mon torse me pousser. 

Avec effarement, je m'assis de nouveau à ma place. Je sentais quelque chose d'étrange dans mon bas ventre. Une sorte de vagues froides et d'impression de danger. Mon instinct me criait qu'il y avait un danger proche.

Mais mon cœur palpitait plus rapidement encore et mes lèvres étaient parcourus de démangeaisons étranges.
***
- Waaaa...

Je me laissais tombé sur mon lit.

- Cette journée m'a fatigué.

Après avoir déposé nos affaires dans les chambres nous étions partis visiter la ville en contre bas et nous avions marché sur des kilomètres et des kilomètres...

- T'es pas fatigué toi, Nagisa ?

Et ouais. Après avoir insisté longtemps auprès des profs, ils ont accepté de me mettre avec Nagisa.
Mon camarade de chambre haussa les épaules en retenant néanmoins un bâillement.
Je pouffais.
A ce moment, Kayano ouvrit la porte :

- Vous venez ? On va dîner!

Je me levai d'un bond et souris avec gourmandise.
Je sortis de la chambre puis remarquais que Nagisa était resté dans la pièce.

- Bah, tu viens ?
- Je vous rejoins dans quelques minutes, dit il distraitement.

J'haussais les épaules et partis manger.
***
Pdv Nagisa

       J'entrai dans la salle de bain et me déshabillai rapidement. Je sortis ma trousse de bain qui contenait tout ce qu'il me fallait avant de me glisser sous le jet d'eau chaude. Je soupirai de plaisir.

      A la maison, elle  laissait l'eau chaude couler pendant un si long moment que je devais me laver à l'eau froide - ou glacée. Je détachai mes cheveux et les laissai tomber sur mes épaules, immédiatement trempés.

      Je pressais le tube de shampooing et frottai fortement comme pour nettoyer mon anxiété. Je ne savais pas du tout comment masquer toutes les cicatrices qui décoraient mon corps. Pourquoi fallait il que le voyage soit à la mer ?! Et puis pour quelle diantre raison j'avais décidé de m'inscrire ? Ce n'était absolument pas comme si j'avais envie de tisser des liens avec les gens de ma classe !

      L'eau ruissela sur mon visage pour se coincer entre mes cils, mes paupières et mes lèvres. Les gouttes glissaient contre ma peau tandis que la buée emplissait la pièce petit à petit. Cela avait un effet calmant qui étouffa mes inquiétudes. J'étais loin de la ville, de toute cette douleur. Je devais en profiter.

      C'est dans le brouillard total que je sèchais mes cheveux et essayais d'étaler ma pommade contre les hématomes encore visible sur mon corps. Heureusement, il y en avait moins que ce que je craignais. Après avoir recouvert comme je pu les différentes zones vert-bleu, j'enroulais une serviette autour de ma taille avant de sortir de la salle de bain.

       Je me penchais au dessus de ma petite valise et sortis mes écouteurs sans fil, un cadeau du Doc. J'allumai ma playlist avec mon téléphone, aussi un cadeau du Doc.

Je posai l'appareil sur le lit avant de chercher mon pyjama - un boxer et un T-shirt ample avec l'inscription "Don't care" - en fredonnant les paroles de la chanson Payphone des Maroon 5. 

J'extirpais les vêtements de la valise et me redressai en passant une main dans mes cheveux avec un soupir.  Les mèches bleus m'arrivaient dans la moitié du dos.
Je les secouai. Je me retournais et laissai un petit cri m'échapper avant de poser la main sur mon cœur qui s'était affolé, palpitant à un rythme inhabituel.

- Karma... Tu m'as fait peur.