Un îlot aux Enfers

Chapitre 10

《Je marchais dans l'étendue noire depuis un moment maintenant.
Le bruit d'éclaboussure à mes pieds m'indiquait que je marchait dans l'eau et l'écho de mes pas me prouvaient que je me trouvais dans un espace large, une grotte peut être. J'étais sur que l'espace était clôt car aucun son ne parvenait dans le lieu.
Tout à coup, je butai contre quelque chose de mou. Je baissai les yeux vers le sol avec détachement, curieux.
Mon corps se paralysa et mon sang se figea.

       À mes pieds, gisait le cadavre d'un adolescent aux cheveux roux et aux yeux de chats sans vie.
Je ressentis une tempête d'émotions vriller mon crâne et mes entrailles. Au lieu de la haine tumultueuse qui se déchaînait et hurlai sa rage dans mes tripes, au lieu de sa chaleur malsaine et de la toute puissance qu'elle m'offrait ; il y avait cette effrayante froideur, ce souffle glacial qui gelait mon cœur et compressai mes côtes, ce sentiment de vide qui s'ouvre sous nos pieds et nous engloutissait vivant. Pire encore, il y avait ces larmes qui découpaient mon visage pour effriter mon bouclier.

      Au lieu de la haine, de la colère, de la rancœur qui m'achessaient, se fondaient en moi, il y avait le désespoir, l'abandon, la détresse qui m'inondaient, se dispersaient partout en moi.
     Au lieu de m'offrir la puissance, il m'offrait la faiblesse.
     Au lieu d'être sauf, j'étais souffrant.
     Au lieu de goûter à la vie, je pleurais la mort.

Je secouai désespérément le corps d'Akabane, m'agenouillant dans son sang, serrant ses membres glacés mais il ne bougeait pas un cil. Je ne sais pas depuis quand il était devenu aussi important à mes yeux, ni quand je me suis attaché à lui au point de craindre sa mort. Mais tout ce que je savais c'était que je ne voulais pas que ce soit vrai. Que ce que je voyais ne soit qu'une vision imaginée à cause de mes angoisses.

- Karma! KARMA!

Il n'avait plus le droit de mourir. Pas maintenant que je voulais le garder avec moi, toute ma vie. Pas maintenant que je voulais le voir sourire, que je cherchai tout le temps à maintenir son regard sur moi.

- KARMA! KARMA!!!!

Les larmes coulaient maintenant sans arrêt. Depuis quand n'avais-je pas pleuré ?

- Je t'interdis de partir maintenant que tu m'ai séduit! Je te L'INTERDIS! TU M'ENTENDS?! JE NE TE LE PERMETS PAS!

Sans que je puisse me contrôler, je le serrais contre moi, fort, très fort.

- KARMA!!!...》

       Je me réveillais brutalement de mon cauchemar. Mon premier réflexe fut de regarder le lit de mon colocataire. Lorsque je le vis dormir paisiblement, son torse se soulevant à un rythme apaisé, je soupirai.

      Mes vêtements me collaient à la peau, comme un second épiderme et mes cheveux pendaient autour de mon visage, en désordre complet. Je me levais silencieusement, marchai en direction de la salle de bain pour me rafraichir. Mon pyjamas finit dans le panier à linge sale et j'en attrapai un deuxième dans ma valise.

      Encore sous l'effet du cauchemar, je me glissais en douceur sous la couette de Karma. Je me faufilai discrètement entre ses bras et me lovai contre son corps. Son odeur ne tarda pas à me recouvrir totalement. Je me rapprochais encore plus du roux.

 Toujours insatisfait, je me retournai et plaquai mon dos contre sa poitrine. Mes jambes s'enroulèrent autour de celles de Karma et ma main s'agrippa au bras du roux tandis que l'autre se faisait un chemin sous le coussin de l'Akabane pour nouer le petit doigt avec l'annulaire de mon camarade de chambre.

Ce n'était pas grave. Je me réveillerais plus tôt que lui.

***

PDV Omniscient