Chapitre 11

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Je soufflai, la sueur perlant sur ma peau, tandis que je cognais une nouvelle fois dans le sac de frappe.

     La rage bouillait dans mon estomac, grignotant tout appétit et noyant toute envie.
Mon corps se mouvait seul, s'enroulant, s'éloignant et frappant.

Plus fort! plus vite! plus fluide!  Ce n'était pas assez! Encore!

Je ne me laissais pas de répit, je frappais plus fort, plus rapidement.
Il m'était interdit de n'avoir ne serait ce qu'une pensée qui se glisse entre les eaux troubles de mon esprit.

     J'avais rattaché mes cheveux en une queue de cheval. Ils m'arrivaient maintenant  au creux du dos, pratiquement à la chute de mes reins. Je ressemblais de plus en plus à une femme mais je refusais de me les couper de nouveau. Si mes cheveux poussaient sans cesse peu importe combien je les coupe, autant économiser et pas aller chaque semaine chez le coiffeur.

"Argh... Encore en train de penser..."

Je donnai un coup encore plus fort et le tissu du sac se fissura discrètement.

- Tsss..., sifflais je, mécontent.

Ce n'était pas suffisant.

Plus vite! plus fort! plus fluide! Il faut que ce ne soit pas distinguable à l'œil nu.

Encore! Plus vite! plus fort!

Ce n'est pas suffisant !

Plus vite! plus fort! Encore!

Encore, encore, encore, encore, encore...

***

PDV Omniscient

     Ce matin, Nagisa s'était réveillé seul dans le lit. Karma s'était levé bien avant, l'esprit envahi par une dizaine  d'émotions différentes, et s'était faufilé dehors pour un jogging matinal. Le roux sentait qu'il devait mâché ce qu'il s'était passé, ce qu'il ressentait et les conseils que Nakamura lui avait partagé hier quand il était allé la voir.

De son côté, lorsque l'enfant martyr avait soulevé les paupières, la gravité de ses actes et la signification de son rêve d'hier lui avaient sauté au visage.

     A la fois paniqué, furieux et incertain, il avait prit son petit déjeuner et avait du se réfugié sous le couvert des arbres pour remettre de l'ordre dans son cerveau.

      Ensuite, lui et Karma s'étaient ignorés toute la journée durant avant que le roux ne propose à Nagisa de sortir faire des achats pour leurs kimono de ce soir.
Les joues légèrement roses et les yeux un peu vacillants, Nagisa avait accepté en mordillant distraitement une mèche de ses cheveux - un tic dont il n'a jamais réussi à ce débarrasser.

      Et c'est ainsi, que deux heures avant le rendez vous, Nagisa s'était enfermé dans la cave d'un membre de son organisation et frappait sans relâche dans le sac de frappe.

PDV Nagisa

Je m'arrêtai et m'appuyai sur mes genoux pour reprendre son souffle.
Quelqu'un toqua à la porte métallique à ce moment là.

- Viperae, je peux entrer ?
- ...Ouais.

L'homme entra dans le petit espace, un plateau dans les mains qui contenait une serviette blanche, un savon et une petite bouteille de smoothie à la banane. Qui avait dit qu'un assassin ne pouvait pas profiter de smoothie aux fruits ? Le bourbon et le martini c'était non merci pour moi.

- Vous m'avez demandé de vous avertir lorsqu'il sera 17 heures moins le quart.

L'homme gardait les yeux baissés vers le sol, le dos droit.
Il avait sûrement entendu parler de ce qui était arrivé au dernier qui avait osé regarder le visage de la Viperae.
J'avalai une gorgée du smoothie qui avait un petit arrière goût de cannelle et de vanille.

-  C'est assez bon.

Il ne répondit pas mais se courba davantage. Je pouvais sentir la terreur courir dans ses veines.

- Montre moi où se trouve la salle de bain.

L'homme me guida silencieusement. La petite maison avait très peu de décorations et pratiquement tous les murs étaient nus.

- Qui est ce ?

    Je m'étais arrêté devant la photo d'un jeune couple qui se souriait devant un décor alpestre.
Le vieil homme se paralysa. Il devait très certainement savoir de quoi je parlais et refuser d'admettre que j'avais remarqué cette unique décoration.

- Je t'ai posé une question.
- C'est...C'est ma fille et mon beau fils..., sa voix tremblait tant qu'elle semblait sur le point de se briser.
- N'aie pas peur, je demandais par curiosité, ricanai-je. Il n'y a pas de quoi être effrayé pas vrai ?
- N- non Viperae..
- Alors tout est pour le mieux.

Nous reprîmes le chemin pour la salle de bain et je pus me rafraîchir longuement avant de m'habiller. Juste avant, je regardais mon corps qui avait réagis si étrangement la nuit dernière et qui semblait si fragile. Je remarquais que mes cicatrices recommençaient à sortir.

" Il faudra appliquer la crème spécial du Doc de nouveau.", je soupirai.

Je sortis rapidement et m'élançais vers mon lieu de rendez vous.
Juste avant de disparaître dans la foule, je souris à l'ami qui m'avait prêté son sous-sol : << On est d'accord que si tu pipes mot, je rends visite à ta famille et je les pends. >>
***
- Karma !

L'interpellé se retourna et me sourit sataniquement.

- S'lut Nagisa. T'as hâte ?

-  Ouais !, je souris de toutes mes dents.

A quoi bon penser à ce qui risquait d'arriver ? Si ça arrive, je fait en sorte que ça n'aille pas trop loin. Si rien n'arrive, je profite de ma soirée. Problème réglé.

Un îlot aux EnfersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant