Chapitre 4 - Les pommes

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Au réveil, les trois guerriers étaient très silencieux. Ils n'avaient pas parlé de la situation assez étrange de la veille. Bertolt soupçonnait que cette jeune fille brune soit la cause de cette tension plus forte entre les deux blonds. Déjà qu'ils ne s'appréciaient pas plus que cela au départ. Annie n'avait jamais vraiment porté le blond dans son cœur, mais en plus maintenant, elle lui reprochait silencieusement de sympathiser avec l'ennemie et de s'éloigner au passage de leur mission initiale.

Sans pouvoir le contrôler, Reiner jetait des regards furtifs aux alentours tout en coupant les troncs d'arbres abattus à ses pieds. Il donnait toute sa force dans ses gestes précis et répétitifs. Cela faisait bien deux bonnes heures qu'il travaillait sur ce secteur sans avoir vu l'ombre de son nouveau soleil. Il la cherchait en essayant de se faire discret face aux regards en coin que lui lançait Bertolt. Ce dernier semblait avoir compris les agissements du blond et n'osait ajouter de commentaires déplaisants. Après tout, le blond était libre de parler avec ces démons d'eldiens si cela leur permettaient de mieux se fondre dans la masse.

Alors que Bertolt entassait le bois que Reiner coupait muni d'une hache, le brun eut un hoquet de surprise. Son regard s'était figé sur un point loin derrière son camarade.

Quand le bois s'accumulait à ses pieds sans que son coéquipier ne le ramasse, le blond relevait la tête de sa tâche et poussait sans trop de force son camarade pour le faire revenir sur terre.

- Arrêtes de rêvasser Bertolt. Travaillons plus vite sans nous interrompre.

Il terminait sa phrase en essuyant à l'aide de son pull noué à la taille la sueur de son front et s'apprêtait à retourner à sa découpe de bois quand le brun lui murmurait quelques mots.

- Elle est là.

Pointant du doigt un point derrière le blond, ses yeux verts semblaient briller de mille feux. Intrigué par le comportement étrange de son ami, Reiner se retournait et sentait le rose lui monter aux joues. Comment pouvait-elle lui faire cet effet ?

Un peu plus loin, baignée de soleil, Licht était accompagnée de Warran. Tous deux portaient des caissettes de pommes et les distribuaient aux travailleurs. Alors qu'elle relevait la tête en gardant son sincère sourire sur les lèvres, ses yeux éclairés par les rayons du soleil rencontraient les orbes dorées de Reiner. Elle lui faisait un grand signe de la main, puis se penchait au-dessus des caissettes quelques instants avant d'attraper trois pommes. Licht laissait à Warran le soin de s'occuper du reste des caissettes.

Accélérant le pas, elle se retrouvait très vite en face de Reiner et de Bertolt. Tous deux l'avaient regardé arriver et apporter au passage un courant d'air frais les faisant frissonner. Elle leur tendait à chacun une pomme qu'ils acceptaient en la remerciant de vive voix pour Reiner et d'un hochement de tête pour le brun. Bertolt jouait avec ne voulant pas la manger tout de suite.

- Je les ai sélectionné spécialement pour vous. J'espère qu'elles seront juteuses.

- Merci beaucoup, et aussi pour les couvertures d'hier soir. Elles ont été très utiles.

- Il n'y a pas de quoi. Si vous avez besoin de quelque chose d'autre, venez me voir.

Elle glissait son regard sur le torse musclé du blond, il ruisselait de sueur.

- Tu risques d'attraper froid Reiner, et surtout de tomber malade.

Reiner se permettait un petit rictus sous le regard étonné du brun qui n'avait jusqu'à la pas émis un son.

- Promis, je ne tomberai pas malade.

Licht croisait ses mains devant elle en se dandinant d'un pied à l'autre, tout en détournant enfin le regard qu'elle laissait toujours glisser sur ce corps de pré adolescent déjà bien développé.

- Merci encore...

Bertolt avait enfin osé redresser sa tête et adresser la parole à Licht.

- Au passage, je m'appelle Licht.

Elle tendait sa main au brun qui hésitait avant de l'attraper.

- Bertolt.

Il avait évité son regard en serrant cette douce main présentée à lui.

- Où est la fille qui se trouvait avec vous ? J'ai aussi une pomme pour elle.

Licht montrait à Reiner la pomme qui lui restait en main.

- Annie n'est pas sur ce secteur, elle a choisi le groupe qui devait se charger de la cueillette en forêt pour aujourd'hui.

Licht sortait du tablier noué autour de sa taille un fin mouchoir brodé et y emballait la pomme.

- On ne distribue malheureusement pas pour ceux en forêt, il y a trop de risques de se perdre ou de tomber sur des voleurs s'ils voient notre chargement. Tu pourras lui donner plus tard ? Je pense que savourer une bonne pomme ce soir lui fera du bien.

Warran faisait de grands gestes au loin en rappelant Licht à ses côtés. Il avait fini de donner à tous les travailleurs de ce champ des pommes. Ils se devaient de continuer sur les autres terres aux alentours. Au passage, il saluait d'un geste du menton et une main sur son chapeau de paille Reiner qu'il avait reconnu de loin. Puis, le roux se retournait pour charger les caissettes vides dans la charrette contenant d'autres caissettes pleines de pommes.

Licht se tournait vers le blond et lui glissait dans ses mains calleuses le mouchoir englobant la pomme verte.

- N'oublies pas de lui donner.

Elle leur faisait un dernier signe de la main avant de se retourner. Elle relevait ses jupons avant de courir rejoindre la charrette où Warran l'attendait patiemment. Ce dernier l'aidait à se hisser et une fois fait, il donnait un léger coup de fouet pour ordonner aux chevaux d'avancer.

- Elle est très belle.

Bertolt observait la scène de loin sans cligner des yeux. À l'entente de ses paroles, Reiner se retournait précipitamment.

- Tu abandonnes déjà tout espoir de conquérir Annie et tu te rabats sur Licht ?

Le brun secouait sa tête de gauche à droite.

- Pas encore. Mais Licht a un visage tellement doux. Je n'ai pas vu la moindre ride ou marque strier son visage comme celui d'Annie.

Reiner retournait à sa tâche en ressentant une forme de jalousie. Bertolt n'avait pas à trouver Licht jolie, seul lui pouvait la trouver jolie et la regarder en détail. Secouant sa tête de gauche à droite pour effacer la brune de ses pensées, le blond entreprenait de continuer à couper le bois. Mais, il remarquait que Bertolt s'était assis au sol l'air penaud.

- Son visage est ainsi parce qu'elle n'a jamais eu de soucis, elle n'a jamais vu la mort en face et surtout, n'a jamais dû se battre pour avoir le droit de vivre convenablement.

Au loin, la charrette n'était plus qu'une ombre quittant le champ visuel des deux guerriers. Bertolt se penchait en avant et ramassait le bois pour l'entasser. Quant à Reiner, il restait les bras ballants le long de son corps. La hache scintillait le long de sa cuisse musclée.

- Cela se voit qu'elle est entourée de gens qui l'aiment.

C'était la dernière phrase de Bertolt avant le signal de la pause du midi.

Le Soleil à travers la Brume (Reiner Braun x OC) Partie 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant