Chapitre 14 - La tonte

718 61 11
                                    




Alors que le soleil venait à peine de se lever, c'est Mins qui les avait retrouvé allongés l'un sur l'autre le long de la banquette. La tête brune reposait sur le torse du jeune blond. Ils s'enlaçaient innocemment et de manière protectrice. Un fin sourire avait gagné les lèvres de l'employée de maison et elle s'en voulait de devoir les réveiller.

- C'est bien aujourd'hui qu'il faut abattre les moutons ?

Reposant son journal à côté de son thé noir, Monsieur Sonne regardait Warran qui semblait en pleine forme.

- C'est bien aujourd'hui, les bouchers devront venir vers midi normalement.

Les quatre enfants descendaient enfin tous ensemble les escaliers avec pour deux le visage reposés et pour les deux autres, une mine grise de fatigue. La banquette n'était pas si confortable que cela en fin de compte car Reiner avait le dos en compote.

- Vous voulez tondre les moutons avec nous ? Nous avons moins de cinq heures pour tondre environs deux cent cinquante bêtes.

Plus qu'intéressé, Bertolt prenait place à table pour le petit-déjeuner et posait pleins de questions. Il voulait tellement tondre les moutons et se permettre de caresser cette laine semblable à un nuage. Voyant tout l'intérêt du brun au sujet de la tonte, Monsieur Sonne voyait en lui un potentiel apprenti.

- Mangez vite alors, je vous attends dans la grange. Habillez-vous des vêtements les plus usés que vous avez. Ils risquent de vous salir ces petits monstres duveteux.

Il se levait de table avec Warran et passait une main bienveillante sur la tête blonde d'Annie qui souriait grâce à ce simple geste plein de chaleur.

- Mangez vite ! Il faut qu'on apprenne à tondre des moutons !

Bertolt était tellement enjoué qu'il mangeait à toute allure sous le regard rieur des autres personnes à table et courait à l'aide de ses longues jambes jusqu'à l'étage pour se changer en suivant les conseils de Monsieur Sonne.

- Ne tombes pas dans les escaliers Bertolt !

Madame Sonne avait accouru jusqu'en bas des escaliers et le voyait descendre moins d'une minute plus tard et changé. Il passait devant elle en la saluant gaiement, mais elle l'attrapait au vol. Elle sortait un mouchoir en tissu de sa poche de robe et nettoyait le coin des lèvres du brun. Puis, elle lui passait une main dans les cheveux essayant de coiffer un peu cette chevelure rebelle.

- Sois un peu présentable, les moutons voudront être traités comme des rois.

Il souriait, la remerciait et courait enfiler ses bottes en cuir à l'entrée.

Pendant ce temps, les trois autres enfants étaient restés à table avec Mins et voyaient une tornade brune passer devant la cuisine et ils l'entendaient sortir en trombe depuis la cuisine. Par la fenêtre de cette dernière, ils pouvaient le voir continuer sa course effrénée dans la neige qui s'était épaissie pendant la nuit.

- On devrait se dépêcher nous aussi, il risque de tout faire.

Face aux paroles de Reiner, ils riaient tous, et même Madame Sonne qui se tenait à l'embrasure de la porte.

Ils mangeaient donc avant de monter se changer. Annie ouvrait la marche avec Licht sur ses talons. Reiner se trouvant derrière les deux filles, il agrippait avec douceur la brune pour la faire ralentir. Il voulait lui demander si cette forme de promesse était vraie et tenait toujours. Puis, il chuchotait pour ne pas être entendue d'Annie qui était déjà entrée dans la chambre qu'elle partageait avec la brune.

- Tu pensais vraiment ce que tu m'as dit hier soir ?

Licht clignait plusieurs fois des yeux essayant de se souvenir à propos de quel sujet il voulait parler, puis, un large sourire prenait place sur ses lèvres. Elle descendait d'une marche se trouvant sur la même que le blond. Puis, elle croisait ses doigts aux siens avant de porter leurs mains liées à sa bouche pour y déposer un doux baiser sans le quitter du regard.

- Je le pensais vraiment.

Dans la grange, Bertolt semblait devenir fou. Il avait à coup sûr trouvé sa vocation d'après Monsieur Sonne qui riait à gorge déployée en tenant un mouton face à un Bertolt qui s'appliquait à la tâche. Il avait en très peu de temps analysé les techniques propres de la tonte de moutons sans blesser l'animal.

Reiner tenait en équipe avec Licht un mouton pendant qu'elle s'appliquait à le tondre. Son visage était tellement concentré qu'elle semblait adulte. Un peu plus loin, Warran apprenait encore à Annie les gestes qu'il fallait faire. Elle hésitait beaucoup, surtout après avoir fait une légère coupure à un des moutons et qui avait saigné. Elle s'était mise dans un coin se sentant trop fautive et Warran l'en avait sorti malgré le regard assassin de la petite blonde. Il lui avait redonné confiance.

Après de longues heures de tonte dont la laine se faisait entasser dans un coin, les enfants triaient avec minutie le tas de mousses blanches avec Madame Sonne.

- Il faudra que l'on dépose cette laine dans l'atelier pour qu'elle puisse être traitée et pour en faire de beaux vêtements.

Le fait de découvrir autant de nouveautés illuminaient les yeux des guerriers mahrs qui avaient toujours été conditionnés pour la guerre ; ils n'étaient que des armes. Mais là, ils se sentaient utiles et humains.

Cependant, une tâche venait assombrir cette journée. Il était plus de midi passé et les bouchers venaient d'arriver.

- Les enfants, vous allez suivre Mins à la maison, c'est l'heure du repas de midi. Et ne venaient plus dans la grange. On se revoit plus tard et encore merci pour votre aide. Sans vous, nous n'aurions jamais fini à temps.

Il caressait de sa main la tête de chacun des quatre enfants sans favoritisme et les envoyait à la maison.

Alors qu'ils passaient la porte de la maison, Mins les stoppait dans l'entrée les mains sur les hanches.

- Directement au bain et laissez vos chaussures pleines de crottes dehors.

Elle semblait hystérique, ce qui faisait rire les enfants qui grimpaient les escaliers pour aller se baigner dans une salle d'eau pour les filles et dans l'autre pour les garçons.

- Ils ne sont pas possibles.

Une main sur le front, Mins dramatisait la situation en sortant les paires de bottes sur le perron pour les laver.

À la fin de cette longue journée, les garçons s'étaient retirés dans leur chambre pour la nuit. Couché sur son lit, Bertolt regardait Reiner qui avait remonté sa couverture jusqu'au nez et avait fermé les yeux. Il tentait de cacher son sourire niais de cette si belle journée.

- Reiner ? Tu dors ?

- Non, je ne dors pas Berty. Que se passe-t-il ?

Il avait ouvert ses yeux dorés pour croiser le vert des yeux du brun.

- Reiner, j'ai peur. Je me sens tellement mieux ici.

Le Soleil à travers la Brume (Reiner Braun x OC) Partie 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant