Chapitre 33 - Cercle d'amis

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Jean semblait énervé. Il arrachait de ses dents son morceau de pain en le mastiquant avec rage. Le châtain ne quittait pas des yeux la table d'Eren, Mikasa, Armin, Christa, Ymir, Reiner et Bertolt.

- Au lieu de brutaliser ton morceau de pain qui ne t'a rien fait, tu devrais parler avec elle.

Il tournait des yeux ronds vers Licht assise à côté de lui qui séparait du bout des doigts de petits morceaux son pain qu'elle laissait glisser dans son bouillon de légumes.

- De quoi parles-tu ?

Licht roulait des yeux. Depuis qu'elle s'était éloignée de Reiner, Bertolt et Annie, la jeune brune s'était faite un nouveau cercle d'amis avec qui elle mangeait ou passait tout son temps libre.

Combien de fois avait-elle tenté de rejoindre Reiner, de lui parler ou même de passer un peu de temps avec lui. Mais sans grand succès. Depuis leur première journée d'intégration il y a plus d'un an de cela et le fait qu'il lui avait enfin dit le fameux « je t'aime », ils ne s'étaient pas parlés, si ce n'est que très peu. Ils se saluaient, ou se regardaient parfois. C'était tout. Un fossé persistait entre eux.

Alors, chacun avait commencé à tisser des liens avec d'autres personnes en se regardant sans plus oser s'approcher comme deux parfaits inconnus.

Anna, Ewan, Jean, Marco, Sasha et Connie étaient devenus ses nouveaux amis proches. Malgré son tempérament parfois insupportable, Jean était celui avec lequel elle avait le plus d'affinités. Elle voyait en lui un confident et elle souffrait même pour lui qui dans son coin regardait la belle asiatique sans oser l'approcher davantage.

- Tu devrais lui avouer clairement tes sentiments pour arrêter de te tracasser l'esprit.

- Parle pour toi. Blondinet et toi ça donne quoi ? Toujours au point mort ?

Licht mélangeait le pain gonflant dans son bouillon.

- Tu le vois bien. C'est à peine s'il m'adresse la parole et il ne me regarde presque plus. J'aimerais bien comprendre ce que j'ai fait de mal. En journée, je comprends qu'il ne m'adresse pas la parole ou un regard comme nous ne sommes pas dans les mêmes groupes, mais pendant les repas, on se croise quand même. Un simple salut ou un sourire suffirait.

Elle jouait avec la ficelle autour de son cou dont le pendentif était l'anneau en or sans le sortir de son haut. Jean tapotait sur l'épaule de la brune amicalement, c'était un moyen de la réconforter en lui montrant sa présence durant ce sujet sensible.

- C'est un abruti, et en plus aveugle de la chance qu'il a de t'avoir.

Elle soufflait en se forçant de manger ce maigre repas quand elle sentait les longs doigts de Jean glisser dans ses cheveux. Ayant pleinement confiance en lui, elle fermait ses yeux en imaginant la caresse d'une autre main.

- Tu avais une coccinelle dans les cheveux.

Il baissait encore plus sa voix et s'était penché sur le côté pour ne pas être entendu.

- Mets-la dans ta paume de main, et si elle remonte le long de ton index, puis s'envole, ça veut dire que tu vas avoir de la chance très prochainement.

- Je ne savais pas que tu croyais en cela Jean.

Il glissait la coccinelle dans la main de Licht et chuchotait :

- C'est ma mère qui me disait toujours ça quand j'en attrapais une les journées de printemps.

Il regardait la petite bête rouge aux points noirs.

- D'ailleurs, je ne comprends pas pourquoi il y a une coccinelle en plein milieu de l'hiver. C'est sûrement puisque tu vas avoir beaucoup de chance.

Marco assis à côté d'eux écoutait cette discussion sans les interrompre. Il souriait face à ce moment de pure innocence et de calme. Alors que pendant ce temps, les quatre autres membres de la même table débattaient pour une histoire de préférence entre pomme de terre et pain. Ils argumentaient sans se rendre compte des discussions du châtain et de la brune.

La coccinelle montait jusqu'à la pointe de l'index de Licht. Puis, elle déployait ses petites ailes pour s'envoler et trouver la sortie de la salle à manger des jeunes recrues.

- Tu vas avoir de la chance très prochainement.

Jean s'était accroché aux épaules de Licht et lui faisait comprendre en la tournant vers une autre table que Reiner n'avait rien manqué à la scène.

- Pour quelqu'un qui ne te regarde pas, il ne t'a pas lâché une seconde à partir du moment où j'ai posé ma main dans tes cheveux.

Jetant un coup d'œil au blond, il s'était mis de profil face à la table de la brune et avait relevé le menton. On le voyait très clairement se forcer à rire avec les membres de son groupe. Son visage était pourtant crispé puisqu'une veine au niveau de ses tempes était visible.

- Par contre, désolée Licht, mais même pour tes beaux yeux je ne me mettrais pas Reiner à dos. Je tiens à la vie et à l'espoir d'un avenir radieux.

Elle souriait en finissant de manger son bouillon.

- Pourquoi te le mettre à dos ? Il n'y a aucune animosité entre lui et moi.

Elle buvait la dernière gorgée de sa tasse sans quitter du regard le blond en essayant de discerner ce qu'il pouvait bien penser.

- Enfin, je l'espère...

Jean terminait son assiette et proposait aux autres membres du groupe de se lever. Mais leur débat avait dévié sur un tout autre sujet, alors exaspéré, du comportement des quatre autres membres, seul lui, Marco et Licht quittaient la table pour profiter un peu de leur temps libre.

Malgré la fraîcheur de l'hiver, cela faisait du bien de respirer un peu d'air pur. Devant l'entrée du bungalow faisant office de salle de repas, les trois amis tenaient la barrière de bois en tentant de discerner l'horizon noyé de flocons.

- Et dire que nous rentrons chez nous une bonne semaine dans quelques temps. J'ai tellement hâte de revoir ma famille.

Marco semblait tellement heureux. La dernière fois qu'ils avaient vu leur famille était il y a plus d'un an de cela. Jean prenait une attitude boudeuse et disait :

- Moi ça ne me plait pas tant que ça. Après, si c'est pour me reposer et me prélasser pendant une longue semaine chez mes parents, j'y retourne en courant. Je plains quand même ceux qui restent ici.

Ils baissaient tous les trois la tête car ils savaient que majoritairement ceux qui ne rentraient pas chez eux pendant cette semaine de pause, n'avaient plus de chez eux.

Le Soleil à travers la Brume (Reiner Braun x OC) Partie 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant