Chapitre 31 - Réunions nocturnes

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L'entraînement commençait sérieusement. Les jours se succédaient sans se ressembler. Le réveil était à cinq heures et le coucher à vingt et une heures maximum. Des tours de garde avaient été mis en place pour s'assurer que les jeunes recrues respectaient bien le couvre feu.

La journée se passait sous un soleil ardent, sous une pluie battante ou emprisonnée dans une tempête de neige. Qu'importe la météo, les recrues s'entraînaient sans relâche jusqu'à presque en cracher du sang.

Annie s'était éloignée sérieusement de sa famille d'adoption et agissait comme si elle ne les connaissait plus. Elle restait seule dans son coin et n'adressait la parole à Licht seulement si cette dernière venait l'harceler. Depuis la première journée d'intégration, la petite blonde s'était totalement focalisée sur la mission et dédiait ses journées, mais aussi ses nuits à enquêter pendant que les deux autres guerriers mahrs gagnaient la confiance de leurs camarades.

Sa haine et son dégoût envers les deux garçons refaisaient surface dans son cœur. Elle ne voulait même plus qu'ils l'approchent de trop près, ou pire qu'ils ne la touchent de manière amicale.

Licht avait beaucoup été affectée par cette distanciation entre elles.

- Tu rentres chez toi pendant la semaine de pause ?

Sasha Braus parlait la bouche pleine de pain. Elle était devenue proche de Licht quand cette dernière lui avait offert le reste de son repas il y a plusieurs mois de cela et depuis, la gourmande ne la quittait plus durant la journée d'entraînement ou lors des repas. Les deux brunes s'entendaient bien au point que la fille de chasseur ne changea de lit pour se trouver à côté de celui de Licht.

- Je ne sais pas encore. Mais j'imagine que je vais rentrer pour revoir ma famille.

Dans cette phrase, une note d'espoir fleurissait dans son cœur. Licht faisait référence à Reiner, Bertolt et surtout Annie qu'elle voyait tous les jours, mais dont elle n'avait plus de proximité à cause de ces journées épuisantes. S'ils se retrouvaient dans leur petite maison, peut-être que leur amitié et leur proximité reviendraient.

Assis plus loin aux côtés de ses nouveaux camarades, Reiner mangeait silencieusement son repas.

- Il faut tuer ces titans. On y arrivera surtout après les entraînements du jour.

À côté de lui, Eren Jäger serrait le poing en ne cessant de hurler ses ambitions de devenir un des meilleurs pour tuer sans relâche ces êtres dénués de pensées. Eren et le blond étaient devenus assez proches, et malgré les propos incessants et remplis de haine du brun, Reiner appréciait ce garçon comme s'il était un petit frère. Quand ce dernier lui avait raconté dès les premiers soirs le destin tragique de sa mère Carla, le blond s'en était voulu. Il avait été rongé de culpabilité et avait cauchemardé toute la nuit. Bertolt de son côté avait semblé gêné, mais sans plus. Il y avait eu tellement de victimes suite à la destruction du Mur Maria que le grand brun n'arrivait plus à ressentir le moindre remord.

- Reiner, tu dors ?

Allongé dans son lit, Reiner ouvrait les yeux. Face à lui, Bertolt semblait inquiet.

- Lèves-toi. Annie nous attend.

À pas de souris, ils quittaient le dortoir des garçons et rejoignaient derrière les grands bungalows de bois la petite blonde.

- Vous en avez mis du temps.

Les deux garçons soufflaient en s'asseyant sur des tonneaux en bois.

- Alors, tu as des informations ?

Après le désastre de sa soirée, Annie avait le rouge qui montait sur son visage. Elle était tellement énervée qu'elle aurait pu en coller une à Reiner face à sa question.

- Pendant que vous faisiez mumuse avec vos soi-disants camarades, j'ai failli y rester. Heureusement que je prends tous les risques parce que des fois je crois que vous ne faites plus la différence entre cette réalité et notre réalité.

Ils baissaient la tête.

- Je crois qu'il faut que je vous frappe pour remettre vos idées en place.

Elle allait tourner les talons quand elle ajoutait.

- Pour la semaine de repos, nous rentrons tous les trois à la maison. Ce sera le moment d'enquêter et surtout de nous déplacer librement.

Elle soufflait et ajoutait en leur tournant le dos.

- Je ne comprends pas comment nous avons pu perdre autant de temps sans avoir rien fait.

Puis, elle se retournait vers les deux garçons avec dégoût.

- Vous étiez bien trop occupés à batifoler avec elle. Pas un pour rattraper l'autre.

Elle quittait enfin le lieu, énervée et retournait à son dortoir pour se glisser dans les draps frais de sa couche. Alors qu'elle passait devant le lit de Licht, elle remarquait que cette dernière avait Anna et Sasha blotties contre elle.

Un fin sourire apparaissait sur les lèvres fines d'Annie qui regardait attendrie cette scène. Puis, elle murmurait :

- Pardonne-moi Licht. J'ai vécu mes meilleurs moments seulement avec toi à mes côtés. Mais, il me faut avancer en te laissant derrière. Sinon, ma promesse de revenir à la maison ne sera pas tenue.

Puis, la blonde se glissait dans sa propre couche se trouvant dans un coin du dortoir.

Reiner et Bertolt étaient restés assis sans réussir à parler. Le vent frais les faisait frissonner et décoiffait leurs cheveux.

- Elle n'a pas tord. On lui confie toujours ce genre de tâches ingrates.

Bertolt soupirait en étendant les paroles de Reiner.

- Tu crois qu'elle nous hait ?

Reiner esquissait un sourire en se levant et glissait ses doigts dans les cheveux du brun pour le décoiffer.

- Ça ne change pas de d'habitude.

Il faisait un signe de la main invitant Bertolt à le suivre pour retourner dans le dortoir des garçons.

- Tu as des nouvelles de Licht ? On la voit ou la croise souvent, mais je ne me souviens plus de la dernière fois où je lui ai parlé. Il faut dire qu'on a à peine le temps de respirer que la journée est terminée, surtout avec le peu de temps libre que nous avons pour nous.

Cela faisait plus d'une semaine que Reiner n'avait pas adressé ne serait-ce qu'un mot à Licht malgré les regards qu'ils se lançaient durant les entraînements ou encore aux différents repas. Et c'est seulement quand le grand brun le lui avait rappelé que Reiner s'en était rendu compte.

Posant sa main sur son front, il déglutissait.

- Je n'en ai aucune.

Le Soleil à travers la Brume (Reiner Braun x OC) Partie 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant