Chapitre 35 - Paille sèche

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Alors qu'elle avait fini sa phrase, Reiner avait écarquillé les yeux se rendant compte de la situation dans laquelle ils étaient. Son corps comme ses paroles n'agissaient plus selon sa volonté. Il avait ressenti une forte dose de jalousie en voyant la brune se maintenir aux côtés de Jean comme de Marco alors qu'il appréciait énormément ces deux adolescents. Cependant, les remarquant proches d'elle avait suffi à le mettre en colère et vouloir marquer son territoire.

Reiner lâchait totalement les poignets de Licht qui les massait par automatisme ; ils étaient douloureux et rouges.

- Pardonne-moi, je ne voulais pas.

Il était toujours assis sur les hanches de Licht et se penchait en avant pour attraper les poignets maltraités qu'il embrassait en y frottant son visage tel un chaton.

- Je suis tellement désolé.

Elle repoussait Reiner de son corps et se levait en secouant le bas de sa jupe. Elle ne voulait plus le regarder dans les yeux. Pendant un court instant, la peur la plus profonde avait rongé ses entrailles s'imaginant la continuité des événements si le blond n'était pas revenu à lui-même. Elle en tressaillait.

- Si tu as besoin de me parler, fais-le quand ton état d'esprit sera plus clair. Sinon, ne m'approche pas tant que psychologiquement tu n'es pas apte. Bonne nuit Reiner.

Elle tournait les talons sans lancer un seul regard en arrière, tandis que le grand blond restait misérablement assis dans la paille sèche.

Licht passait devant le bungalow où étaient servis les repas et se dirigeait vers celui des douches ; elle désirait se laver immédiatement se sentant sale et aussi pour ne plus penser aux événements précédents. Cependant, Jean et Marco étaient restés les bras ballants devant le bungalow ne sachant quoi faire depuis le départ forcé de leur amie avec le blond. Ils se demandaient silencieusement s'ils devaient récupérer ou non Licht des bras de Reiner. Ou s'ils devaient les laisser seuls pour arranger les différents quiproquos qui s'accumulaient entre eux.

Mais quand ils la voyaient passer devant eux les joues pleines de larmes et de la paille dans les cheveux, les pires scénarios naissaient dans leur esprit. Marco accourait derrière Licht, tandis que Jean se rendait vers la grange les poings serrés et le regard déterminé ; il voulait casser la gueule de Reiner.

Alors qu'il entrait dans la grange de laquelle venait de sortir Licht quelques instants plus tôt, Jean remarquait que Reiner était au sol et jouait pensivement avec un brin de paille.

- Oh l'enfoiré ! T'as fait quoi à Licht ?!

Il aurait aimé abattre son poing chaud sur le visage du blond, mais il remarquait que ce dernier fronçait les sourcils déformant son visage tandis que de silencieuses larmes coulaient le long de ses joues.

- Pourquoi pleures-tu ?

Jean s'était adouci en un instant, oubliant toute sa détermination en voyant cet être aussi imposant fondre en larmes et sembler si faible. Le châtain avait pris place en tailleur aux côtés du blond.

- J'ai merdé. Encore et toujours.

- Raconte-moi.

Reiner expliquait ce qu'il venait de se passer quelques minutes plus tôt sans omettre aucun détail. En le disant de vive voix, il se rendait compte de l'erreur qu'il venait de faire et de la laideur de ses actions. Jean était resté silencieux et comprenait donc pourquoi Licht était dans cet état. Cependant, il tapotait sur l'épaule du blond.

- Vous trouverez le moyen d'arranger cela. Mais pour l'instant, ne l'approches plus pendant un certain temps. On va dire qu'avant le début de la semaine de pause, ce sera arrangé entre vous. Je t'en fais le serment.

Il souriait. Jean aimait ce rôle d'entremetteur et sincèrement, ça lui allait tellement bien.

- Et arrête de pleurer comme une fillette, ça ne va pas du tout avec l'image que j'ai de toi et que tu renvois.

Ils se souriaient sincèrement avant que Jean ne tende sa main pour aider le blond à se relever. D'une poigne forte, le blond se redressait pour surplomber de son imposante taille le châtain.

- Merci Jean.

Pendant ce temps-là, Licht avait réussi à entrer dans les douches des filles sans se faire rattraper par Marco resté devant la porte. Étant totalement seule, Licht laissait couler des larmes le long de ses joues alors qu'elle titubait jusqu'à la douche. Une fois entièrement nue, elle massait ses poignets rougis en baissant les yeux. Que venait-il vraiment de se passer ?

Laissant couler l'eau tiède à la limite du froid, elle détachait ses cheveux et tentait de retirer chaque morceau de paille qui y étaient coincés. Sur sa poitrine nue siégeait l'anneau en or et l'apportant à ses lèvres, elle l'embrassait en sanglotant.

Au bout d'une vingtaine de minutes, elle ressortait des douches lavée, douchée, séchée et habillée. Malgré le froid extérieur, Marco était resté assis devant la porte et attendait sa sortie en se triturant les doigts. Quand ce fut le cas, il se jetait dans les bras de Licht et la serrait contre lui. Il repoussait un peu ses cheveux en arrière, puis analysait les yeux couleur bronze et vides d'émotions.

- Que s'est-il passé ?

Elle secouait la tête en se blottissant davantage dans les bras de Marco. Ils n'étaient pas aussi puissants, rassurants, protecteurs que ceux de Reiner, mais ils étaient tout aussi chaleureux.

- Même moi je ne sais pas.

Silencieusement, il la guidait jusqu'au dortoir des filles et la saluait le regard triste juste devant la porte avant de se rendre dans le dortoir des garçons. Jean arrivait pile à ce moment-là, et les deux meilleurs amis se lançaient un regard signifiant très clairement qu'ils allaient parler sous peu de cette situation. Ils allaient profiter du fait d'être voisins de lit pour pouvoir en discuter aisément sans être entendus par des oreilles trop curieuses.

C'est le visage déconfit que Reiner comme Licht tentaient de fermer les yeux après cette soirée mouvementée. Ils essayaient sincèrement de ne pas penser au lendemain et surtout à l'autre.

Le Soleil à travers la Brume (Reiner Braun x OC) Partie 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant