Chapitre 4

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"When did I become so numb ?

When did I lose myself ?

All the words that leave my tongue

Feel like they came from someone else."

Paralyzed – NF.


— Axel !

Quelque chose me secoue dans tous les sens, mais je ne bouge pas. Je n'ai pas envie de bouger. Je ne peux pas bouger. Même les yeux fermés, j'ai l'impression que la terre tangue, qu'elle me malmène.

— Axel, merde !

De petites tapes s'abattent sur mes joues, et je lâche un grognement sourd en agitant les mains à l'aveuglette.

— Allez, lève-toi.

Agacé, je libère mes prunelles et me retrouve face à face avec deux iris verts baignés d'inquiétude.

— Laisse... Laisse-moi tranquille, Will...

— Parce qu'en plus t'as bu, c'est génial. Vraiment génial.

La voix de Willow est teintée de colère, pourtant ça ne me touche pas. Plus rien ne me touche. Je suis comme absent. Complètement vide, engourdi... et à deux doigts de vomir mes tripes sur le sol.

— Mais t'es trempé ? Et tu trembles... le ton de ma meilleure amie se craquèle et je fronce les sourcils.

— C'est rien. Je sens rien. J'ai pas froid, articulé-je alors que mes propres mots m'emmènent de force dans un flash plus glacial encore que l'air hivernal.

« T'inquiète pas, Axel, je sens rien. »

Lorsque j'entends Neven prononcer cette phrase une énième fois, je secoue la tête avec frénésie. Il faut qu'il se taise. Il faut qu'il arrête de dire ça. Il faut que je cesse de le voir plein de sang dans cette foutue bagnole.

— Non, Axel, reste avec moi. Tu restes avec moi, je te dis, m'ordonne Willow en tirant sur mon pull pour m'obliger à m'asseoir.

La remontée violente m'arrache une grimace et j'ai tout juste le temps de bondir sur les graviers pour m'y éclater que mon ventre se tord déjà pour me faire recracher toute ma douleur alcoolisée. À peine conscient de ce qui se passe, je crois que j'entends Willow jurer, mais je ne suis sûr de rien.

— Axel ! Écoute-moi, depuis combien de temps t'es là ?

— Et toi, t'es où ?

Après quelques secondes de réflexion à tourner sur moi-même pour essayer de retrouver ma meilleure amie qui n'a pourtant pas bougé, je finis par trébucher et m'écrouler sur elle.

— Ah. Bah je t'ai trouvée, gloussé-je sans pouvoir me contrôler.

Son visage se durcit, alors qu'elle me fait les gros yeux, et je prends de longues secondes à comprendre qu'elle attend toujours que je réponde à sa question.

— Pas très longtemps, je crois, balbutié-je avant de jeter un œil vers le ciel sombre.

Ah. Y'a des étoiles. Merde.

— Quoi que peut-être un peu... pouffé-je une nouvelle fois.

Un soupir parvient jusqu'à moi, m'incitant à lorgner sur la jolie blonde excédée qui me scrute avec intensité. J'ai beau la fixer avec toute la concentration dont je suis capable sur le moment, j'ai besoin d'un temps fou pour remarquer que sa manche est relevée et que son coude pâle est recouvert d'un liquide rouge.

Ne Saute PasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant