| Chapitre 26 |

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Enfoui sous les draps à l'odeur agréable de lessive, je ne repousse la couverture que très légèrement pour me tourner de l'autre côté. Mes yeux s'ouvrent et partent vers la fenêtre aux stores entièrement baissés, où seuls quelques espaces ouverts laissent passer des filets de lumière. La chambre est baignée d'un doux éclairage toutefois, l'obscurité n'en est pas chassée pour autant et me permet d'être perpétuellement dans le confort du repos. Partir du chalet de Reyes m'a été plus que bénéfique, au moins pour mes épaules tendues en permanence et pour moi. Ne plus être dans le même endroit que lui abaisse les barrières que j'ai inconsciemment érigées pour me protéger contre les effets de la marque.

Autant dire qu'avec les derniers évènements, avec ce baiser volé, il était plus que temps que je me sépare de lui et m'en éloigne. Nous ne nous étions pas vu depuis une semaine et il a fallu d'une fois, juste une, pour que je perde les pétales et l'embrasse. Il a certes été un point d'accroche avec la réalité seulement, il aurait été préférable que ça tombe sur Jasper et non sur lui. C'est un alpha, un alpha qui a trouvé son âme sœur et qui est auprès d'elle. Personne ne peut interférer avec ça et je m'y refuse dans tous les cas.

Bientôt, oui, je ne serai plus empoisonné par les réactions de cette marque faite sur le coup de la colère. Ça me délivrera d'un poids qui prend de plus en plus de place et ce, pire encore depuis que la belle Violette est de retour au bras de son mâle.

Paresseusement, je m'étire et bâille à m'en décrocher la mâchoire avant de me mettre à sourire. Visiblement, mon être tout entier n'a pas encore pris en compte le fait que cet homme aux tendances sanguines me fout les jetons et me tient particulièrement raide en sa présence. Mais, bien sûr, tout ce qu'il a pris soin d'intégrer est qu'une certaine partie de moi est effectivement, parfois, aussi rigide qu'une batte de baseball. Et c'est suffisant. Il ne garde que mon attirance et le sentiment, incompréhensible et étrange, de sécurité qu'il arrive paradoxalement à me faire éprouver. J'ai pourtant certains flashback qui me prouvent que j'ai failli y passer plus d'une fois, même si, bordel, je sais qu'il ne m'aurait rien fait de mal.

Ma peau désire connaître la sienne dans les moindres détails, semblable à n'importe quelle drogue addictive. Ces baisers n'ont rien apaisés, tout au contraire ils ont enflammé la flamme de mon envie et depuis, elle ne cesse de brûler dans une attente qu'elle ne pourra jamais assouvir. Que je ne pourrais jamais assouvir. Pour cette raison, et tant d'autres, il vaut mieux arrêter les frais dès maintenant.

Seulement, mon cœur ignore ma raison tout comme il ignore mon devoir.

Mais Reyes est la tentation incarnée.

Il est comme un gâteau à la fraise. Et j'adore, par-dessus tout, les gâteaux à la fraise.

Vigoureusement, je me secoue dans tous les sens. Fais chier, même quand je ne suis pas auprès de lui, même quand je sais qu'il n'est pas là, j'arrive encore à ne penser qu'à lui. Foutue marque, foutue obsession et foutue attirance que cette foutue marque a considérablement augmenté depuis son arrivée sur ma jolie nuque, je refuse que l'inverse soit possible. Vivement qu'elle s'en aille ! Surtout si Violette n'a toujours pas remarqué la bêtise que j'ai pu faire lors de mon pétage de plombs contre son bel alpha, et seulement à mon deuxième jour au pays des vivants. J'ai été précoce, c'est un fait. Mais s'il ne m'avait ni cherché ni provoqué, ça ne serait jamais arrivé. Je ne suis pas entièrement en tort, en soi. Si ? Ouais, carrément que si. En partie.

Je soupire bruyamment et plaque chacune de mes mains sur ma tête.

— Sors de ma tête, râlé-je.

Une œillade adressée à l'heure affichée sur le cadran du réveil, faut dire que mon téléphone me manque cruellement, je retrousse mes lèvres dans un sourire sadique. Hier, oui, hier je l'ai vu. Ce seau d'eau, posté à l'entrée de la terrasse du delta, m'attend avec impatience. Mon instinct me dit que c'est lui qui m'a si violemment sorti de mon cocon de chaleur la toute première fois, un départ des plus tragiques de mon sommeil réparateur. L'heure de la vengeance a enfin sonné et je l'exécuterai sans aucune pitié. Il va comprendre à qui il a affaire ce delta de malheur.

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Cœur de Glace [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant