Cœur de Glace [En Réécriture]

| Chapitre 12 |

Tout va bien.

Je répète : tout.va.bien.

Il n'y a aucune raison de prendre peur. Restons parfaitement raisonnable et surtout, restons calme et luttons contre cette panique vorace. Ce n'est pas comme si j'avais commis un réel affront à l'alpha le plus effrayant qui soit. Ce n'est pas non plus comme si les rumeurs chantées à son égard nous parlent d'une série de bons bains chauds, de délires spéciaux en rapport avec des coeurs humains et une forte tendance à la torture, poussant les pauvres victimes en ligne droite vers la folie. Et encore, cela semble doux comparé aux autres rumeurs.

Franchement, je n'ai rien à craindre. Puis je n'ai rien fait de mal, rien qui pourrait provoquer une vilaine réaction. Du tout, pas le moins du monde. Nous n'en sommes pas au point où le simple son de ma voix le rend déjà, disons, colérique et frustré. Non, non. Tout va bien. Et sans pour autant être dans le déni complet par rapport à ma potentielle future honte et ma future mort sanglante, je pense sincèrement que j'ai mal entendu. J'ai sans doute compris toute autre chose sous le coup de la gêne dont je suis encore piégé de la tête aux pieds sinon ce ne serait pas drôle.

Après tout, Rebecca se trouve dans le jardin et moi, je me trouve à l'étage et à l'intérieur même de la maison. J'ai l'ouïe d'un humain et non d'un métamorphe, alors c'est fort possible que je me sois trompé. C'est même quasiment sûr donc, oui, il n'y a vraiment pas de quoi se mettre à flipper.

N'est-ce pas ?

Les yeux écarquillés et l'expression figée, je laisse mon regard courir sur la porte toujours aussi close pour mon propre bien et ma santé mentale sur le point de rompre. Les mains abaissées, la force ayant fui à toutes jambes, celles-ci tiennent toujours le dessin entre mes doigts crispés. Elles ne cherchent ni à le déchirer ni à le noyer ni à lui mettre le feu. Elles sont incapables de bouger. Je suis incapable de bouger.

Il est hors de question que je m'affiche devant Reyes juste après ça. À vrai dire, il n'est pas question que je m'affiche devant un des loups de cette foutue meute ayant vu mon chef d'œuvre. D'une part pour ma survie et d'une autre pour ma dignité et ma fierté. Au diable ma mission et ma doublure de James Bond ! Je ne peux pas, je ne peux plus.

Mon visage est si brûlant qu'il risque... d'exploser ! En toute honnêteté, je préfère que tout le monde sache que je descends le soir pour manger secrètement des Kinder Pingui plutôt que ça. Largement.

Rien n'est jamais trop tard.

Pas vrai ?

Merde, comment on remonte le temps ?!

Le son caractéristique de talons marchant avec empressement traverse une pièce et monte un escalier. Il ne m'en faut pas plus, je manque de simuler un malaise afin qu'on me laisse en paix tandis que des rires provenant du jardin me parviennent – ma dignité ne survivra jamais à ça, définitivement. J'esquisse un sourire et secoue la tête dans un gloussement nerveux, mon index se levant dans un signe de refus et de protestation. C'est mort, je n'irais pas. Je ne veux pas y aller.

Il faudra user de la force pour me décrocher de ce lit, je vous préviens !

Lorsque la porte s'ouvre en grand sur une jolie brune au grand sourire rayonnant, j'agite vivement la main devant mon visage en feu et me tiens fermement de l'autre au bord du lit. Putain de merde, j'avais parfaitement bien entendu.

Je le savais !

— Je crois que... Je crois que je vais..., débuté-je en plein dans mon rôle.

... Ma phrase ne connut et ne connaîtra jamais de fin.

Un gorille m'est tombé dessus. Mon souffle s'arrache de ma poitrine à la seconde où j'atterris vigoureusement sur une épaule virile. Apparemment, pour mon plus grand plaisir, Rebecca n'est pas venue seule. Évidemment. Cela aurait été trop simple, ce qui n'aurait vraiment pas été de refus. Non, non, j'insiste. Est-ce que l'univers veut ma mort ? Parce que c'est ce qui risque d'arriver ! À force, je vais finir par me prendre pour un vrai survivant. Et un miraculé. Un peu comme Moïse.