| Chapitre 22 |

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Fraîchement sorti de la douche et accessoirement de mon sauna, j'attarde un regard sceptique sur les vêtements abandonnés sur le bord du lit. Mon arme du crime en main, je le cache à nouveau sous le sommier et surveille du coin de l'œil qu'aucun loup grincheux, un Gaston plus précisément, ne débarque et ne me prenne sur le fait. Je ne survivrais pas à une telle gêne, surtout que mon cœur a eu assez de frayeurs pour un long moment...

Je reporte mon intérêt sur les habits et les balaye d'une œillade ennuyée. Je n'aurais jamais cru qu'un jour, je mettrais exclusivement des bas de survêtement et des pulls larges à n'en plus savoir qu'en faire. Je sais que ce choix était avant tout pour préserver mon corps meurtri toutefois, il est suffisamment guéri pour que je puisse enfiler autre chose. Mais faute de mieux, je vais devoir m'en contenter.

Ceux-là ne viennent pas de Jasper, et le savoir me fait hésiter. Le delta était déjà parti avant que je prenne une douche, il ne reste donc plus que l'alpha en dernière possibilité. Un sourire manque de s'immiscer, sourire que je repousse aussi sec. Foutue marque.

Je prends entre mes mains le pull noir et laisse mes paumes découvrir la sensation de douceur de ce tissu. Sans attendre, à la suite d'un frisson de froid, je le passe sur mon torse et ronronne presque de bien-être tant c'est confortable et chaleureux. Épais, lourd sur le dos et définitivement bien trop grand pour moi, il est tout simplement parfait. Il est semblable à un cocon et souligne, évidemment, la musculature de Reyes bien plus développée que la mienne. Foutue génétique.

Les tarés de la forêt ne font pas semblant en ce qui concerne les habits, que ce soit Jasper ou Reyes. Celui-là, en tout cas, repartira avec moi et ne retrouvera jamais son propriétaire. Je ne peux pas abandonner un paradis pareil.

Ma bonne humeur s'écorche, entrant en conflit avec mon devoir, ma culpabilité et mon attachement naissant pour certains membres de la meute.

Ils ont aussi un goût de paradis.

Si on oublie, j'insiste, leur passe-temps en famille.

Je délaisse ma serviette et attrape le sous-vêtement neuf que j'enfile dans un même mouvement. Je fronce les sourcils, abaisse la tête vers le bas et m'amuse à descendre et à remonter le tissu autour de mes hanches. Une fois, deux fois, puis trois.

Je rechigne et lâche le boxer, lorgnant sa largeur d'un œil critique. Il est plus grand que moi, définitivement.

Mère nature a des préférences.

— Quelle petite veinarde, marmonné-je.

Si je parais plus mince aux côtés de son alpha, son âme sœur, elle, doit être toute ridicule et invisible. De quoi lui faire naître un sentiment de sécurité encore plus grand. Cette pensée me provoque une douleur déplaisante dans la nuque.

Ouais...

— Nous n'avons pas tous la même chance, soupiré-je.

Je passe au-dessus et me saisis du jogging où je répète l'opération. Tout en ébouriffant mes cheveux courts dans l'espoir de les rendre plus secs et de leur donner une allure coiffée-décoiffée, je sors de la chambre sans m'y attarder davantage. Une faible lueur éclaire le plancher du salon, provenant d'une lampe sur pied à la droite du canapé sur lequel Reyes est installé avec un livre à la main. L'obscurité a pris possession de l'extérieur et se charge peu à peu de l'intérieur.

Je tourne mon attention sur le métamorphe. Aucune réaction, aucun haussement de sourcils, de regards et autres. J'ai certes mis du temps sous la douche mais ce n'est pas une raison valable pour m'ignorer, j'ai ce maudit dessin à faire. Plus vite il est fait, plus vite j'en ai fini avec tout ça. Pas moyen que je reste avec Reyes toute la soirée, ni mon cœur ni ma retenue ne tiendraient.

Cœur de Glace [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant