| Chapitre 8 |

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La respiration aussi bien lente que profonde, je m'éveille mollement et tâche instinctivement de m'extirper de cette léthargie insistante. Mes membres me paraissent lourds autant que mon cœur me semble pesant au creux de ma poitrine. Les derniers évènements sont bien trop difficiles à porter et je doute que même avec le temps, ils deviennent plus légers. J'ai tout perdu, mis à part une toute dernière chose. Il ne me reste plus que ma mère, seulement il suffirait d'un claquement de doigts pour qu'elle aussi me soit volé.

Pour elle, je me dois de résister et de rester fort. Elle est mon unique chance, ma seule raison de vivre.

À grande peine, j'entrouvre les yeux et les oriente vers la fenêtre toujours aussi close. Elle ne laisse aucun filet d'air frais venir à ma rencontre pour m'apporter du renouveau, pour m'apporter un tant soit peu de bien-être. Je n'ai certes pas spécialement chaud mais j'en ressens le besoin, tout simplement. Exactement comme j'ai ressenti l'envie incontrôlable de me mettre à hurler il y a de cela... quelques minutes ? Quelques heures ? Je n'en ai pas la moindre idée. Ces jours-ci, le temps n'est pas avec moi. Non, il est plutôt contre moi presque à tous les niveaux.

Tout, quoi qu'il arrive, est pratiquement contre moi. À force, on s'y fait.

Mais je fatigue de plus en plus.

La vision embrumée par le sommeil, je peine à garder les yeux ouverts. Cependant, je me force tant bien que mal à ne pas replonger là d'où je viens à l'entente d'un bruit sur ma gauche. Mon front se plisse et mon corps, bien trop engourdi, reste étendu, sans crainte. Un soupir épuisé me prend tandis que j'essaie de me tourner sur le côté afin de voir la source de ce son dans l'espoir que ce soit Annette pour la maudire, elle et sa foutue seringue. Néanmoins, sans grand étonnement, je ne peux pas faire un quelconque mouvement. Ça me demande bien trop d'efforts et d'énergie, ce que je n'ai plus en réserve.

Bouger la main est déjà compliqué, alors le reste de mon corps ? N'en parlons même pas.

Sans savoir comment, je sais pourtant que ce n'est pas Annette. La présence dans la pièce à cette aura implacable et elle est bien plus forte, plus imposante et dominante que celle de la vieille louve. Et avec elle, à ses côtés, elle possède une puissance sagement endormie. C'est d'autant plus terrifiant que cela, parallèlement, me rassure. Je ne me sens pas en danger pour la toute première fois. Je ne peux l'expliquer, c'est juste... comme ça.

Les bruits de pas, jusque-là silencieux, se font volontairement entendre pendant que la mystérieuse personne contourne le lit. Elle a sans doute senti mon réveil rien qu'au changement de rythme naturel de ma respiration.

Malgré ça, mes paupières se referment et je me sens repartir. Au bruit d'un objet que l'on dépose sur la table de chevet, je m'oblige à faire marche arrière et à les réouvrir, à combattre contre le sommeil mécontent que je me suis éveillé. Tout mon être réclame du repos, et il ne le ressent que trop bien.

— Ne résiste pas, c'est inutile, murmure une voix masculine aux intonations profondes.

Je prends une longue inspiration, appréciant ce brin de voix envoûtant. Sans qu'il n'ait besoin de me toucher, une nuée de frissons agréables cascade ma peau. Une odeur divine, mêlant à la perfection celle typique d'un homme au parfum de musc, chatouille mes sinus. Je suis incapable de garder les yeux ouverts plus de quelques secondes, je me laisse bercer par ce parfum enivrant.

— De quelle meute viens-tu, Isaac ?

Un rire, blessé et fade, sonne tristement.

— Ça n'a plus d'importance. Ils m'ont abandonné...

— Pourquoi ?

— Pourquoi ? Parce qu'ils ne m'aiment pas. Parce que je ne suis pas digne d'être un loup, soufflé-je en réponse, somnolent et la voix pâteuse.

Cœur de Glace [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant