| Chapitre 21 |

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J'ai beau être sous phéromones, je ne perds pas mon objectif de vue. Électrisé par mon instinct de survie, je me tourne sur le ventre et m'oblige à ramper. C'est stupide, j'en ai conscience, mais mon corps ne m'obéit plus. Il nous faut sortir de là, quoi qu'il en coûte.

La pointe des griffes de Reyes frôle ma nuque et m'épouvante de l'intérieur pendant que les déchirures de mon sweat violentent l'espace. Je n'ai pas besoin de le voir pour savoir qu'il pose un genou à terre néanmoins je continue, je ne m'arrête pas et pousse de plus belle sur mes avant-bras. Je ne peux pas mourir ici, je m'y refuse.

Un second genou tombe de part et d'autres de mes hanches. À la seconde où l'une des cuisses se presse contre l'arrière de mon bassin à moitié relevé, je me crispe de la tête aux pieds. Durement et sans conteste, je suis renvoyé au beau milieu de cette forêt entre les bras de Kaeden.

Je perds les pédales. Je sombre dans la folie.

Frappé par la foudre, je me débats corps et âme et me mets à hurler. Je repousse, je lutte et je combats férocement contre cette aura qui me comprime et me paralyse, me laissant ainsi à la merci du loup et de ses attentions.

Je ne veux pas.

Je n'en ai pas envie.

— Je t'interdis de me toucher !

Je continue sans relâche, bouillonnant d'une énergie que je ne pensais pas avoir. Mes mains frappent et bousculent. Et en dépit de cette colère et de cette rage, un sanglot me bouscule et s'enfouit d'entre mes lèvres.

Je cesse tout combat et me recroqueville, les mains plaquées contre ma nuque, tremblant comme une feuille brisée.

— Je t'en prie...

Pourtant, Reyes ne me touche pas. Je le sais et je m'en aperçois, seulement c'est plus fort que moi.

La présence au-dessus de mon corps s'évapore et avec elle, l'aura recule et perd du terrain. Les larmes brouillent ma vue et brûlent mes yeux, glaçant mon visage sous leur passage répété et inarrêtable. Ce tourbillon d'images m'emprisonne et m'empoisonne.

Bientôt, il n'y a rien de plus que le souvenir de son aura tout autour de moi.

— Isaac.

La voix de l'alpha est rendue calme, allégée et douce.

Il ne tente aucune autre approche que par le son.

— Laisse-moi te regarder.

Mon visage reste caché entre mes bras.

— S'il te plaît.

Toutefois, je le découvre peu à peu au détriment de mes tremblements. Mes yeux sont les prochains à s'entrouvrir et à tenter de combattre ma peur irrationnelle.

À mesure que je m'ouvre, je me redresse, d'une main contre le plancher, en position assise. Et pendant ce qui semble être une minute interminable, il ne fait rien de plus que de me regarder.

— Alors tu disais vrai.

Si je fronce les sourcils, il abaisse finalement les yeux sur mon torse. Mon cœur continue de taper douloureusement, il continue de se faire entendre.

— Je te vois, Isaac. Je te reconnais...

Alors qu'il déplie un bout de papier, je vois son regard parcourir mes nombreuses larmes jusqu'à ce qu'il l'abaisse sur ce qu'il tient entre les doigts. Je l'imite et tous deux, nous regardons mon tout premier dessin.

Son portrait nous apparaît, il le détaille avec une réalité affolante. J'ignore encore comment j'ai pu le retranscrire à la perfection...

— Je te crois, j'ai envie de te croire, révèle-t-il.

Cœur de Glace [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant