| Chapitre 9 |

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La salle de bain de bain ne tarde pas à être envahie d'une vapeur de chaleur, comme à chaque fois que l'eau de la douche est allumée sur la partie la plus chaude. Et si mes épaules finissent par se détendre sous son contact, mon regard se perd distraitement sur le meuble en vasque. Là aussi, plus aucun miroir ne s'y trouve afin d'éviter que je sombre une seconde fois dans la violente tornade qu'a été ma perte de contrôle. À moins que ce n'était que dans le but de m'empêcher de me faire du mal, d'une manière ou d'une autre. Ce n'était pourtant pas la peine, comme je l'ai dit à Annette : ça n'a été qu'une passade, un vulgaire moment d'égarement.

Je vais bien, ce n'était pas un mensonge.

Une fois que toute cette histoire merdique touchera sa fin, j'aurai tout le temps de repenser à cette nuit et de commencer à passer à autre chose. J'aurai tout le temps de repenser à mon père et à Kaeden, de revoir et revivre ce qu'ils m'ont fait devant tous ces métamorphes. J'aurai le temps de traîter le sentiment de culpabilité, de dégoût, de peine et de douleur. La haine, en revanche, ne pourra pas s'en aller.

Le pardon est ce qu'il y a de plus important, ma mère me l'a toujours enseigné. Pourtant, ça m'est insurmontable.

Je les haïs du plus profond de mon âme.

Ma tête bascule vers l'arrière et un bruyant soupir me traverse dans l'espoir d'abandonner une fois de plus toutes ces pensées indésirables, de les faire disparaître avec les gouttes d'eau qui s'échouent et glissent sur ma peau écorchée. Seul à l'intérieur de mon cocon, dans cette douche italienne bien trop spacieuse pour une seule personne, j'ai le sentiment d'être coupé du monde et du temps. Et... c'est divinement agréable.

Ici, plus rien ni personne ne peut me faire souffrir de n'importe quelle façon que ce soit. Je suis inaccessible et libre, cependant toute cette merde n'est qu'une illusion. Les bruits de voix de l'autre côté de la porte ne manquent pas de me le rappeler. Mais ça ne m'empêche pas de profiter de mon moment d'intimité.

Mes mains se perdent dans mes cheveux blonds et courent le long de mon corps afin d'effacer chaque toucher de chaque personne. Je me lave de toute impureté et frotte, encore et encore, quitte à réveiller la douleur et à m'en faire mal. J'en ai tout simplement besoin, besoin de tout faire s'estomper et de tout laisser derrière moi. Et surtout, j'ai besoin de décompresser. À l'abri des regards, je me mets à chantonner des musiques latines entraînantes qui passent la plupart du temps en club.

Doucement, je commence à danser. Un sourire prend peu à peu possession de mes lèvres. En une semaine à peine, j'ai été enlevé par des ours lors d'une soirée bien alcoolisée ; j'ai fini chez mes parents après un sauvetage et me voilà deux bonnes semaines plus tard chez les tarés de la forêt en mauvais état pour jouer les espions. Je n'ai eu aucun contrôle sur ces derniers évènements. Bon sang, les fêtes me manquent. L'alcool me manque. Tout sans prise de tête me manque. Et je n'ai pas pu retourner dans ce foutu magasin pour racheter mon pull favori perdu dans la bataille. Là, c'est sûr, je ne le reverrai jamais.

Le savon court le long de ma peau et apporte une odeur tout autour de moi. Les bras levés et les paupières closes, j'ondule des hanches et tourne ici et là sur moi-même. Je pourrais presque m'imaginer au beau milieu d'une soirée et d'une foule de personnes désintéressées de ma petite vie. Seulement, au bout d'un moment, je ne sens plus l'eau chaude. Tout au contraire, le froid me guette.

Tandis que je fronce les sourcils, j'ouvre les yeux et tourne instinctivement la tête face à la sensation d'un regard de glace posé sur moi. Face à ce sentiment qu'il y a une toute autre présence dans la pièce que la mienne, une présence des plus... fortes. Bienvenue dans la cour des grands, mon gaillard.

Mes iris d'un éclat nuageux accrochent ceux de l'alpha et cela suffit à ce que mon corps s'électrise. Pris sur le fait, chose qui me fait rougir dans la seconde, je sursaute et porte en vitesse les mains à mon entrejambe.

Cœur de Glace [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant