| Chapitre 10 |

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Le départ de Reyes a plongé la chambre dans un silence des plus mortels. De malaise et de honte, hautement conscient de ce qui se passe dans une certaine région de mon corps, je ferme les yeux et maudis cette foutue érection malvenue. Il faut croire que j'ai tendance à réagir au quart de tour au contact des alphas – un de plus, évidemment. Après ce sombre connard, je tombe pour un taré de la forêt. Quelle sacrée chance hein.

Dans une tentative de passer à autre chose, je me mets à faire défiler mille et un scénarios peu excitants à travers mes paupières closes afin de faire disparaître cette foutue erreur. Tout ça avant que les deux autres métamorphes présents dans la pièce finissent par se rendre compte de mon petit souci. Putain, il n'a pourtant rien fait à part me menacer de me torturer et de me tuer ! Je veux dire, ça, ça n'a rien de transcendant. Tout au contraire !

Instinct de survie de merde.

Qu'importe que je résiste, qu'importe que je m'imagine des scénarios plus écœurants les uns que les autres, mes pensées me ramènent toutes inlassablement vers un certain Reyes à la beauté aussi sauvage qu'envoûtante. Et le bref chemin brûlant qu'a exercé sa main contre ma peau nue, la longue flamme que ses lèvres ont laissée contre mon cou, suivi de ses crocs, ne semblent pas non plus vouloir me quitter, ce qui ne m'aide en rien à me reprendre. C'est comme si elle ne m'avait pas laissée, comme si elle était toujours là autour de ma gorge. Je la sens encore, dominante et surtout menaçante.

Rien qu'à ce rappel, un frisson lèche suavement ma colonne vertébrale et retombe jusque dans mon bas-ventre déjà surchauffé. En réponse, intéressé, mon membre vibre d'une attente irrésistible à l'intérieur de ce pantalon bien trop large pour moi, caché à la vue de tous. D'une attente vaine et impossible puisque je n'ai aucunement l'intention d'attirer l'alpha de cette meute dans mon lit. Je ne suis pas ici pour jouer les jolis cœurs et encore moins aux coureurs de caleçons.

À vrai dire c'en est l'exact opposé et ce, même si ce type semble faire réagir mon corps avec force et le pousse à réclamer le sien d'une façon... plus qu'inattendue. Putain, je dois sérieusement être fou pour me sentir aussi excité par un homme qui vient tout juste de m'avertir qu'il me ferait la peau si jamais il venait à apprendre que ma présence ici est remplie de mauvaises intentions. Ce qui est, rappelons-le, le cas.

Foutu mec sexy.

Merde, pour ma défense, je suis sûr qu'il pourrait faire bander le plus saint des moines rien qu'avec son regard polaire aussi froid que l'Antarctique ! Ou bien en lui faisant écouter le son de sa voix. Riche, profonde et onctueuse. Parfaite, tout simplement.

Mais... j'ai déjà donné une fois. Pas une de plus. Il est hors de question que cela se reproduise.

Je ne le supporterai pas.

Piégé dans ce mutisme imposé par la fuite du loup aux tendances, disons, sanguinaires, je suis le seul idiot à sursauter au claquement bruyant de la porte d'entrée. Réaction que je cherche à camoufler dans un éternuement tout ce qu'il y a de plus naturel. Ça ne m'a pas pris de court, pas du tout même.

Annette soupire et se lève du lit pour rejoindre Oliver de l'autre côté. Elle prend le plateau-repas et le dépose sur mes jambes, somme toute logique. Seulement, je ne peux réprimer mon second sursaut alors que je pose négligemment les mains sur mon érection.

Elle plisse les yeux et me regarde en coin, essayant sûrement de comprendre mon geste. Au bout du compte, son visage paraît s'adoucir de manière presque imperceptible.

Presque.

— N'aie crainte, personne ne te fera de mal ici, dit-elle en saisissant mes couverts pour couper le steak, chose qu'elle fait sans me lâcher du regard. Parce que tu n'es pas ici avec de mauvaises intentions, je me trompe ?

Cœur de Glace [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant