Chapitre 9- Ambroise

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Le surlendemain, Ambroise franchit de nouveau le portail du château pour rejoindre Clothilde au lieu de rendez-vous habituel, mais un mauvais pressentiment lui hérissait les poils depuis qu'il avait posé un pied dans la propriété. Pour la première fois, sa belle ne l'attendait pas et après quinze minutes à guetter sa venue, il sut qu'il y avait un problème. Il n'hésita pas longtemps avant de prendre la décision d'aller frapper à la grande porte. S'attendant à se retrouver face un domestique, il eu un mouvement de recule lorsque le Duc d'Orléans se présenta devant lui.

— Surpris, monsieur Ambroise de Montluçon ?

— C'est votre Château Monsieur le Duc, ce n'est donc pas si surprenant.

— Que me vaut l'honneur de votre visite ?

Ne sachant quoi répondre, Ambroise répondit la première chose qui lui vint.

— J'aurais souhaité m'entretenir avec l'une de vos employées.

— Comment cela se fait-il que vous connaissiez l'une de mes employées ?

Une calèche arriva à grande vitesse et Élisabeth, la sœur de Clothilde sortit en trombe.

— OU EST MA SOEUR ??? cria-t-elle à son père sans faire attention à Ambroise.

— Je ne vois pas de qui tu veux parler, répondit le Duc d'un air supérieur.

— Mère est dans tous ses états. Comment pouvez-vous vous regarder dans un miroir après tout ce que vous avez fait ?

— Élisabeth, que se passe-t-il ? interrogea Ambroise de plus en plus paniqué.

— Mère dit qu'elle ne sait pas où se trouve Clothilde, que père l'a fait conduire quelque part, mais qu'il ne veut pas révélé.

— Assez Élisabeth ! cria le Duc.

— Qu'avez-vous fait de votre fille Monsieur le Duc ? intervint Ambroise le plus calmement possible.

— Ma fille est juste ici, et si vous vous posez la question, je ne vous laisserais jamais sa main. Un futur Conte est indigne de la future Duchesse qu'est Élisabeth.

— J'essaie de rester calme et respectueux, Monsieur le Duc, mais je ne vais pas me répéter. Où est Clothilde, votre fille ainée ?

— Elle est morte il y a bien longtemps, il me semble même que vous et votre famille étiez présents à ses funérailles.

— Vous n'avez pas besoin de faire semblant avec moi. Nous savons tous les trois que votre fille est bien en vie, je vais répéter une dernière fois ma question. OU EST CLOTHILDE ?

— Et que pensez-vous faire si je ne vous réponds pas ?

— Élisabeth, pouvons-nous nous entretenir s'il vous plait ?

— Je t'interdis de lui parler Élisabeth. Veuillez quitter mon château avant qu'il n'y ait des conséquences Monsieur. J'apprécie beaucoup le Comte de Montluçon votre père, mais sachez que je n'aurai aucun scrupule à ruiner votre famille.

— Tout ce que je sais, reprit Élisabeth à toute allure, c'est que père à découvert votre relation avec ma sœur et que j'ai retrouvé ma mère dévastée, car il a de nouveau exilé Clothilde. Mais cette fois-ci, Mère ne sait pas où elle se trouve.

— Tais-toi fille !

— S'il vous plait Ambroise, ramenez-moi ma sœur.

Le Duc gifla sa fille et le son était aussi impressionnant que la marque rouge sur la joue de la jeune femme. Ambroise s'interposa quand le Duc leva de nouveau la main.

— Je vous le déconseille Monsieur le Duc.

— Vous êtes fini. Et toi, tu as intérêt à retrouver tes esprits. Un accident est vite arrivé. J'ai fait disparaitre l'une de mes filles une fois, sache que je n'aurais aucun scrupule à en faire disparaitre une seconde. Ton frère Charles sera bien plus docile et approprié pour le titre de Duc d'Orléans que l'un ou l'autre de tes prétendants.

— Rendez-moi ma sœur et je retrouverais peut-être mes esprits comme vous le dites, cracha presque Élisabeth, la haine transpirant de tous ses pores.

— Insolente !

Ambroise stoppa de nouveau le Duc qui eut un mouvement brusque vers Élisabeth, puis repris :

— Rejoignez ma calèche qui se trouve à la sortie du château Élisabeth. Je vous y rejoins rapidement.

— Si vous partez, je vous renie Élisabeth.

On entendait déjà le bruit de ses pas sur les graviers de la cour alors qu'elle courait vers la sortie. Une fois qu'elle fut à l'abri, Ambroise reprit :

— Dernière chance Monsieur le Duc, où est Clothilde ?

— Six pieds sous terre.

— J'espère pour vous que ce n'est pas le cas. J'espère aussi ne pas me tromper en pensant que vous n'êtes pas pourri au point d'assassiner votre propre fille. Sachez que quand je retrouverai Clothilde, car oui je vais la retrouver, c'est vous qui devrez vous exiler. Je vous en fais la promesse.

— Vous ne la retrouverez jamais !

— C'est ce que nous verrons. À bientôt Monsieur le Duc.

Ambroise rejoignit à son tour la voiture qui l'attendait et retrouva Élisabeth les larmes aux yeux. Il se permit de s'assoir à ses côtés, et tel un grand frère, la pris dans ses bras pour la consoler.

— Nous la retrouverons, je vous le promets Élisabeth.

— Et si nous n'y arrivons pas ? Qui sait où elle se trouve et ce qu'elle doit endurer.

— Ne pensons pas au pire tout de suite. Nous devons y croire. Si elle a été emmenée loin d'ici, il faut identifier la personne qui l'a conduite. Peut-être que Nathalie a-t-elle vu quelque chose. Nous allons commencer par là.

Lorsqu'ils arrivèrent au château de Montluçon, Ambroise alla trouver son père et lui expliqua la situation. Il ne cacha rien au Comte et comme il l'avait imaginé, celui-ci le rassura. La douceur et la bienveillance d'Ambroise ne venaient pas de nulle part, ce trait de caractère, il l'avait hérité de ses parents. Bien qu'ils soient durs en affaire et gestion de leurs terres, l'empathie et la solidarité faisaient partie de leur vocabulaire, bien plus que dans certaines contrées voisines. Ambroise ne leur avait pas parlé de Clothilde jusqu'ici, car il la respectait bien trop pour dévoiler le moindre de ses secrets sans son accord. Néanmoins, c'était un cas de force majeure, et Élisabeth avait également donné son accord dans l'espoir d'obtenir de l'aide.

Dès le lendemain, Ambroise se hâta d'aller au marché du village de Clothilde en espérant y croiser Nathalie. Son idée n'était pas mauvaise, car il y croisa la servante. Malheureusement, elle n'en savait pas beaucoup plus que lui, à part que sa belle avait été emmenée de force par un cavalier blond, de taille moyenne et qui boitait selon ses dires. Elle lui promit de le tenir au courant si quelque chose de nouveau arrivait, mais le Duc avait prévu de rester quelque temps au château, il lui était donc impossible de fouiller minutieusement les lieux.

Les jours passèrent sans qu'il n'ait aucune piste. Ambroise n'en dormait plus alors qu'Élisabeth se ronger les sangs. Son père essayait d'avoir des informations grâce à ses connaissances haut placées, malheureusement, le fait qu'il ne pouvait dévoiler l'identité de Clothilde le pénalisait fortement.

Une semaine, puis deux défilèrent sans que rien ne se passe. Ambroise voulut plusieurs fois retourner au château pour faire parler le Duc, mais le Comte et Élisabeth l'en empêchèrent.

L'ambiance au château de Montluçon était de plus en plus pesante et rien ne prévoyait une issue favorable dans un futur proche.

Apparences et révélationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant