Coucher de soleil

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« Hey, c'est encore moi, je... J'imagine que tu as dû changer de numéro, ou bien tu m'as bloqué... C'est juste que... Voilà, tu me manques, et je ne comprends vraiment pas ce que j'ai fait de mal... Pourquoi tu ne m'expliques pas? Dis-moi au moins pourquoi tu m'as quitté, s'il-te-plaît... »

Des larmes coulèrent à flots sur mon visage, et je ne cachai pas mes sanglots et ma voix brisée, l'ayant fait assez longtemps depuis son départ.

« Je ne comprends pas! continuai-je en pleurant. Je ne comprends pas ce que j'ai pu te faire pour que tu me quittes de cette façon, du jour au lendemain, sans prévenir... Je ne sais même pas ce que tu es devenu, comment tu vas, et ça me rend fou... S'il-te-plaît... »

Je restai silencieux quelques secondes, les larmes coulant sans scrupules sur mes joues, inondant mon visage brisé.

« Tu me manques terriblement, c'en est insupportable, mon coeur brûle en permanence... Reviens... » lâchai-je dans un souffle à peine audible.

Je raccrochai et me pris la tête entre les mains. C'est inutile, Felix ne répondait jamais quand je l'appelais, depuis qu'il m'avait fui... Je devais être un poids pour lui, il devait vivre bien mieux sans moi, désormais.

Je regardai l'heure sur mon portable. Vingt-trois heures passées. Je soupirai, séchai mes larmes et me dirigeai vers la salle de bain. J'ouvris l'armoire à pharmacie et en sortis un petit contenant de plastique blanc sur lequel on pouvait lire Somnifères. Depuis qu'il m'avait abandonné, je ne dormais plus, j'avais dû aller me procurer ces pilules pour tomber dans les bras de Morphée. Auparavant, c'était dans les siens...

Ses bras musclés, mais pas trop, qui me serraient quand venait l'orage, qui me serraient quand venait la nuit, qui me serraient quand je n'allais pas bien. La chaleur de son thorax sur lequel je m'appuyais et m'endormais.

Que ne donnerais-je pas pour me trouver à nouveau dans ses bras, ne serait-ce qu'une fois... Était-ce si impossible?

Probablement, s'il m'ignorait de cette façon...

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Je me réveillai le lendemain matin, tout aussi vide que les autres jours. Je me levai, n'avalai rien et me dirigeai vers mon chien adoré, Kkami. Je lui servis son repas matinal, et lorsqu'il eut fini, je le sortis en laisse pour qu'il fasse ses besoins comme à tous les matins. Vivre au rez-de-chaussée d'un appartement était pratique pour ça.

Je dûs par la suite partir pour mon lieu de travail à temps partiel, laissant mon bébé adoré seul à la maison. Je me sentais mal à chaque fois, mais je devais bien nous faire vivre un minimum...

Je soupirai une énième fois en fermant la porte à clé derrière moi, mon téléphone portable dans la poche arrière de mon jean, mon uniforme de travail sur le dos et mes vêtements de tous les jours dans un sac à dos, avec bien évidemment mes clés.

N'ayant pas de voiture et aucune envie de prendre le bus bruyant et bondé de gens inconnus, je marchai jusqu'au petit café bistro où je travaillais, ce qui faisait une trotte d'environ une demi-heure, profitant de l'air plutôt rafraîchissant de cette journée.

Lorsque je passai à côté d'un parc bordé d'arbres, mes yeux glissèrent sur un banc de bois situé entre deux géants feuillus. Je me perdis alors dans mes souvenirs, le regard vague, notre deuxième rencontre jouant devant mes yeux à la manière d'un film.

C'est grâce à Chris, qu'on appelle souvent Chan, que je peux voir ce garçon une seconde fois. Ils sont amis d'enfance, et le plus jeune est arrivé ici il n'y a pas si longtemps, venant de l'Australie. Je le trouvais bien mignon, et Chan l'a bien remarqué, connaissant mon orientation sexuelle. Il connaît aussi Felix mieux que lui-même, je crois bien, alors il a visiblement décidé de jouer les entremetteuses. Je lui en dois une, vraiment.

Je me triture les doigts, anxieux à l'idée de parler à nouveau à ce beau blond pâle, cette fois sans tous nos amis. Je sors mon téléphone de ma poche, regarde l'heure, puis l'y remets, avant de le sortir à nouveau et de répéter ce manège à plusieurs reprises.

J'aperçois alors une personne à la touffe pâle au coin de la rue. Tout de suite, mon coeur pompe à mille à l'heure, mes mains sont moites et mes jambes tremblent un peu. Ma respiration est à moitié bloquée, je me sens étriqué, l'anxiété me paralyse presque.

Lorsqu'il m'aperçoit à son tour, il me fait des grands saluts de la main, un large sourire éclairant son visage légèrement bronzé et une expression de joie illuminant son être entier. Il se dépêche de me rejoindre et prend place à mes côtés. Il irradie tellement de bien-être que je me sens immédiatement plus détendu.

Nous discutons bien normalement durant de longues heures, et nous nous découvrons bien des points communs, à ma plus grande joie. Lorsque le soleil commence à se coucher, nous prenons un moment pour l'admirer en silence. Soudainement fatigué, je pose délicatement ma tête sur son épaule, bien qu'elle soit plus basse que la mienne. Cela ne semble pas l'incommoder outre mesure, alors je ne bouge pas et continue à observer le ciel changeant, tantôt orange, tantôt rosé.

Je sens alors sa main se glisser dans la mienne et la serrer un peu. Je relève la tête, surpris, et il tourne la sienne vers moi, me regardant dans les yeux. Il me sourit tout doucement, et entrecroise nos doigts. Souriant, je repose ma tête sur son épaule, et nous continuons notre observation silencieuse de la nature.

Sentant les larmes me monter aux yeux, je détournai le regard. Ce souvenir était à la fois tendre et amer, étant l'un de nos premiers moments de proximité, et le genre qui ne risque plus d'arriver maintenant...

Je frottai rageusement mes yeux et continuai mon chemin, n'accordant plus aucun regard à ce parc.

Y repenses-tu, parfois, à ces moments?

Ce parc te rappelle-t-il autant de choses qu'à moi?

T'arrive-t-il de penser à moi?

Orage - HyunlixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant