Orage - Hyunlix

Nuit noire

La pluie était de plus en plus drue, je l'entendais frapper le toit avec force. Ma crise de panique ne s'étant toujours pas calmée, j'avais de plus en plus de difficulté à respirer. Je m'étais déplacé pour coller mon dos au mur de briques fraîches, libérant l'accès à la porte. Les mains agrippant des mèches de mes cheveux et cachant à demi mes oreilles, je devais avoir l'air pitoyable, mais ce n'était pas ma plus grande préoccupation sur le moment.

On cogna trois coups à la porte. Mon coeur se serra instantanément, par peur, accélérant sa course effrénée, ma respiration difficile se transforma en hyperventilation* et mes jambes ainsi que mes bras tremblèrent plus que jamais.

Je fus soulagé un bref instant lorsque je vis que ce n'était que mon patron, Hyun Joong. Dans la trentaine, avec une chevelure roux-blond de ma longueur, il était toujours très compréhensif envers tous ses employés, et était presque comme un père pour la plupart d'entre nous tellement il était avenant, au point que notre petite bande d'employés formait comme une sorte de seconde famille pour moi. Il se pencha donc immédiatement vers moi en voyant mon état lamentable, et se mit simplement à me caresser le dos comme le ferait un parent, accentuant mes sanglots. Après quelques minutes, sa présence apaisante me permit de reprendre une respiration presque normale, et mes jambes cessèrent de trembler. Je séchai mes larmes doucement, et il s'adressa alors à moi de sa douce voix chantante.

« C'est ce garçon? »

Je hochai affirmativement la tête. Je lui avais déjà raconté en bref ma rupture, qui était arrivée avant que je ne me mette à travailler ici, donc il devait comprendre mon état de panique.

« Il est entré et s'est commandé quelque chose à boire et à manger, continua-t-il. D'après moi, il ne sera pas reparti avant la fermeture... »

J'ouvris grand les yeux, la panique menaçant de s'emparer de moi à nouveau, mon coeur martelant ma poitrine. Hyun Joong dût voir mon reflux d'anxiété, et me proposa de terminer plus tôt.

« De toute façon, ce n'est pas comme si on allait avoir bien d'autres clients d'ici vingt-et-une heure! ajouta-t-il en riant légèrement. Tu peux sortir par la porte arrière.

- Je commencerai plus tôt demain, pour compenser! »

Je me confondis à la fois en remerciements et en excuses, et il me sourit doucement. Il me tendit une main, que je pris, et il me remit debout. Il me sourit une dernière fois, d'un sourire inquiet, et je lui fis un petit signe de la main. Je me dépêchai d'enlever mon tablier et ma chemise blanche, typique habit de serveur dans ce genre de café, et enfilai plutôt un chandail à manches courtes blanc ainsi qu'un sweat à capuche d'un bleu ciel très pâle.

Je n'avais ni parapluie, ni imperméable, mais cela ne me dérangeait pas le moins du monde. Au contraire, je préférais laisser la pluie me nettoyer, me rafraîchir, me changer les idées.

Je sortis par la porte arrière, située dans la salle du personnel, comme mon patron me l'avait dit, et pris le chemin qui me mènerait chez moi. Normalement, le trajet aurait dû prendre environ une demi-heure à effectuer, mais à cause de la pluie et de la noirceur, je devais avancer plus lentement, ne souhaitant en aucun cas me faire happer par une voiture.

Après un certain temps, je ne comptais plus les minutes, je ne me sentais plus avancer. Le peu d'énergie que j'avais ce jour-là avait été drainé par ma crise, et mes jambes semblaient vouloir me laisser tomber. Un éclair frappa au loin, m'effrayant, et ce fut l'élément déclencheur. Tout se mit à tourner, mes jambes se dérobèrent sous moi, et mon corps entier rencontra le sol rocailleux du bord de route. Mes yeux se fermèrent.

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Quelque chose d'humide était déposé sur mon front. J'ouvris les yeux avec difficulté, et relevai un peu la tête avant de la laisser retomber mollement sur l'oreiller posé dessous, pris d'un fort étourdissement. Je laissai échapper malgré moi un geignement de douleur. Ma tête et mon corps entier étaient douloureux.