Je ne vois plus que lui

Chapitre 10

La fête bat son plein et nous dansons depuis déjà deux bonnes heures sans nous arrêter.

Je n'ai pas encore vu Antoine de la soirée. Il ne faut absolument pas qu'il soit présent : Vanille m'en voudrait si elle savait que je l'avais invité.

- Laura ! J'ai mal aux pieds, je vais m'assoir au bar, je lui dis.

- Pas de problème, je vais essayer de
trouver l'homme de ma vie ..., m'annonce t'elle en riant.

- D'accord, tu me tiens au courant si le prince charmant se présente !

- C'est noté !

Je me dirige vers le bar pour rapidement retirer mes talons qui me font un mal de chien.

- Je te pensais plus grande que ça Grace , je suis déçu, me lance une voix que je reconnaîtrais entre mille.

- Bonsoir Antoine, je dis en me tournant vers lui, pied nus.
Il est vrai que je ne t'imaginais pas si grand !

Les seules fois où je me suis retrouvé à côté de lui, je portais des talons de 10 centimètres alors il paraît tout de suite très grand à côté de mon petit mètre soixante - deux.

- Je mesure un mètre quatre-vingt- dix Grace , et tu n'avais jamais remarqué que j'étais grand ?

J'étais trop occupé à regarder ses muscles saillants.

- Non, tu n'es pas le centre du monde Antoine...

- Si tu le dis... j'en connais de qui je suis le centre du monde, mais cette personne se voile la face ...

Je rêve ou il parle de moi là ?

- Enfin, changeons de sujet , m'accorderais tu cette danse Grace Howard ?

J'hésite quelques instants...

- Ce n'est rien qu'une danse , me rassure- il.

Il a raison, Vanille ne m'en voudrait pas pour cela ?

- C'est d'accord, je finis par lui répondre.

Je lui tends ma main qu'il attrape pour rejoindre la piste de danse.
Et par un hasard inexpliqué, une musique de slow se met en route.

Tous les couples se forment autour de nous et Antoine me lance un coup d'oeil malicieux que j'ignore royalement.

Il pose sa main gauche au creux de mon rein droit et attrape ma main gauche de son autre main.
Je suis incapable de bouger un orteil pour danser, envoûtée par la façon intense dont il me regarde.
Il prend alors le contrôle de la danse et me guide.

Il ne détache pas son regard du mien durant chaque seconde de ce moment si déstabilisant et si agréable en même temps.

Mes émotions s'entremêlent dans ma tête, je ne comprends pas ce qu'il m'arrive.
Je le déteste de part son comportement arrogant et désagréable parfois mais je me sens si bien et à ma place à ses côtés que j'en oublie tout.

Je ne peux rien ressentir pour un homme, c'est impossible, pas moi.
Pas cet homme.

Que dirait Vanille si elle savait que je flirtais avec son premier amour?

Je m'éloigne enfin de lui lorsque la musique s'arrête.

- Je - je dois m'en aller , je bégaye.

- Grace attends ! Me crit - il au loin .

Je suis déjà loin de lui , partie en courant vers la maison , mes talons à la main.

J'entends qu'il ne me poursuit pas et respecte mon choix, ce que j'apprécie.

Pourquoi il a fallu que j'entre dans ce foutu bar ?

Je m'affale sur mon lit, plus perdu que jamais.

- Grace ?

Je me retourne à l'appel de mon prénom et aperçois Kourt dans l'encadrement de ma porte.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive Grace ? Je t'ai vu partir en courant de la soirée après avoir dansé avec un garçon.

- Oui , j'hésite un instant mais je décide finalement de tout lui raconter pour me soulager.
Je lui fais signe de venir s'assoir à mes côtés sur le lit.

- Ce garçon que tu as vu, c'est Antoine Collins , l'ex petit ami de Vanille.

- Ah... raconte moi tout en détail, je vais te guider, tu as l'air perdu.

- Merci..., je ne saurais pas vraiment l'expliquer Kourt, il y a une sorte d'alchimie lorsque nous sommes ensemble.

- Tu es amoureuse Grace...

- Non ! Je m'exclame.

- Grace , je sais ce que tu traverses.
Tu as l'impression qu'à ses côtés plus rien de compte et que le temps s'arrête. Tu ne peux plus bouger.
Malgré cette paralysie, tu te sens si bien auprès de lui et tu es malgré toi envoutée par son regard qui t'observe avec passion.

Merde, elle vient de décrire mes symptômes.
Elle a malheureusement raison.
En temps normal, je n'aurais jamais accepté une danse avec un garçon, encore moins avec lui.