III.2

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Alors que le combat venait tout juste de commencer, Enora et elle avaient pris place sur des chaises en bois afin d'apprécier le spectacle assis. Les autres personnages du balcon s'assirent également à leurs côtés, finissant ainsi par les remarquer. Il était rare de voir de nouvelles têtes dans leur cercle, par ailleurs, s'il y en avait de nouvelles c'était parce que l'un d'entre eux les auraient introduits et présentés à tous. Eliza ne fut donc pas étonnée que certains individus cherchaient à en savoir plus sur elles. Bien sûr, puisqu'elle n'avait pas encore été introduit dans la société, aucuns ne pourraient lier la fille du duc de Navarres, Eliza, à quelques ressemblances dans sa manière d'interagir ou de se comporter avec les autres.

Il y eut d'abord des regards indiscrets puis, insistants. Des sourires qui se voulurent séduisants mais ne furent qu'incommodants. Enfin, une audacieuse leur posa l'interrogation qui était suspendue à leurs lèvres :

— Puis-je savoir de quelle famille vous êtes ?

Eliza fut certaine que sa modiste avait été surprise par une question aussi directe mais elle ne réagit pas à ses propos. Enora préféra se tourner dans sa direction en essayant de deviner ce qu'elle devait dire ou faire. Elle n'attendit pas longtemps puisque la Navarres dégaina un éventail de plumes noires depuis l'intérieur de sa cape et se ventila, l'air de rien. La réponse résidant dans son silence.

C'était bien un réel avantage de n'être qu'une inconnue à leurs yeux puisqu'à l'avenir, il sera pénible pour elle de venir dans ce lieu infâme afin d'effectuer quelques transactions. C'est pourquoi Enora, sa modiste, l'avait accompagné. Puisque sa fidèle dame de compagnie connaissait ses plans, elle devait également savoir comment se tenir face à ces prédateurs.

Le duc de Navarres avait insisté sur le fait que bien que les nobles qui étaient dans ce cercle ne cachaient pas leurs identités, ils n'en restaient pas moins des membres de la haute société. La majorité était des aristocrates fortunés, quelques-uns étaient des nobles titrés mais sans sou car leurs dettes augmentaient au fil des jours passés dans cette arène. Puis, il y avait les messagers de nobles familles qui avaient été envoyés pour acheter un esclave ou deux afin de satisfaire la demande de leurs maîtres.

— N'est-ce pas injuste ? se plaignit Enora en une moue boudeuse.

Eliza savait de quoi il s'agissait, bien sûr qu'un combat mal équilibré n'était jamais juste mais il semblerait que le chevalier des Brumes devait être affaibli avant le début des enchères. Peut-être serait-il contre sa mise en enchères ou essaiera-t-il de s'échapper pendant le voyage ? Qui sait.

— Tu sauras que là où la hiérarchie règne, l'injustice l'emporte.

Sa modiste garda le silence en voyant le spectacle se dérouler devant ses yeux. Mais au bout de quelques minutes, elle sut qu'il se terminerait aussi vite qu'il venait de commencer. Echille se battait à mains nues contre un géant armé d'une hache. Et dire que le public s'agitait autour d'elles ! C'était totalement absurde. Puisque sa maîtresse ne s'était pas encore levée, Enora attendait impatiemment de quitter les lieux pour se reposer.

Soudain, l'éventail de sa maîtresse se referma dans un claquement. Sa main droite se tint en l'air sans bouger tandis qu'elle fixait le combat depuis son siège. Était-elle aussi agacée qu'elle ? Se préparant doucement à s'en aller, Enora resserra autour d'elle sa cape et porta son regard sur le terrain. Elle frissonna en entendant un râle sourd et plaintif venant du chevalier des Brumes qui venait d'être profondément blessé.

— Quelle atrocité !

Enora partagea l'avis de l'homme qui venait de s'exprimer.

— Son corps ne doit pas être dans un piteux état pour nous satisfaire, ajouta un autre.

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