— Vous vous doutiez déjà que je vous aurais posé la question, n'est-ce pas ? dit-elle avec assurance en le regardant droit dans les yeux.
Son père eut un petit sourire qu'il cacha en entrecroisant ses doigts devant son visage. Il ne fit ainsi apparaître que son curieux regard. Confortablement installé sur son siège rembourré d'un tissu marron et aux accoudoirs en bois, le duc de Navarres l'avait invité à s'asseoir face à lui afin de connaître l'état de leurs affaires, cependant Eliza avait été plus rapide à ouvrir le dialogue.
Elle savait que le baron Waltz venait de découvrir un nouveau visage non pas par pur hasard mais qu'il était question d'autre chose.
Malgré sa stupeur, Ferdinand Waltz s'était montré rapidement avenant. D'après les rumeurs, il s'avérerait que le baron ait investi une partie de sa fortune dans l'armement. Bien sûr, il avait immédiatement proposé ses services à la couronne afin de ne pas s'attirer de douteuses accusations à son encontre et se faire pointer du doigt comme étant le prochain rebelle de l'empire.
Ainsi, la Navarres ne serait pas surprise que son père lui ait parlé d'une affaire matrimoniale intéressante. Un baron et la fille d'un duc. La gazette ne parlerait que d'eux. Malheureusement, son père devra se montrer convaincant pour qu'elle aspire à devenir madame Waltz. Il n'était pas repoussant. Juste, ordinaire. Par ailleurs, Eliza craignait qu'il soit horriblement ennuyeux. D'autant plus, qu'elle n'était pas séduite par le mode de vie d'une noble femme.
— Ma chère Liza, un baron fortuné et avec d'importantes relations internationales serait une alliance profitable pour notre famille, commença le duc en soutenant son regard.
— Je n'ai même pas mis les pieds dans la société que vous souhaitez déjà que je m'en retire, l'accusa-t-elle en arquant l'un de ses sourcils.
— J'ai longuement réfléchi à ton entrée en tant que débutante...-
— Mais je suppose qu'Olivia me voit déjà comme une rivale potentielle, le coupa-t-elle sèchement.
— Il est vrai, avoua Lorenzo en se redressant sur son siège.
Il sortit d'un tiroir à sa droite une boite en bois. Il la posa d'abord sur la table puis l'ouvrit ensuite en levant le socle de son index gauche. Une dizaine de cigares se succédait sous un tissu rouge, enfin, le duc se servit et referma la boite avant de la ranger là où il l'avait sorti quelques minutes plus tôt.
— Olivia se voit perdre la compétition. Lorsque ton retour a été annoncé, elle s'est montrée impudente face au prince héritier.
Eliza fronça alors des sourcils. Et face à son silence, son père continua de parler tout en se dirigeant vers le briquet à hydrogène qui était placé sur un socle en bois circulaire.
— Elle s'est rendue au palais impérial sans invitations et a souhaité rendre visite à l'impératrice.
— Bien sûr, elle s'est vue refuser l'accès.
— Non, malheureusement, lui répondit-il en tirant sur un levier ce qui permit à une flamme de sortir.
Il plongea le bout de son cigare une bonne minute sur le feu avant de le porter à ses lèvres.
— L'impératrice lui a accordé cette visite mais non pas sans conséquences. Son insolence lui a coûté sa présentation officielle en tant que potentielle candidate au trône.
La jeune femme ne put s'empêcher de rire face à cette nouvelle.
— Si ma tendre sœur a agi de cette manière, je vous assure votre Grâce que le danger ne venait pas de moi mais plutôt de l'intérêt que porte le prince Milan à Cecilia de Cordoue.
Lorenzo ne poussa qu'un soupir, comme épuisé.
— Bien que ce méfait ne lui ait pas causé plus de tords, cela lui a coûté des mois d'ardeurs. Olivia avait enfin réussi à attiser la curiosité de sa Majesté le prince.
— Et lorsque le bal a été annoncée pour que je fasse mes débuts, ma sœur a pensé que je me serais rapproché du prince héritier puisque l'impératrice l'a immédiatement défavorisé ? Vous pensez vraiment que j'irais jusqu'à me pendre au cou d'un prince pour atteindre mon but ?
Eliza ricana moqueusement.
— Je ne souhaite pas une vie pleine d'embûches. Et je préférerais que mes mains ne se salissent pas davantage, ajouta-t-elle en se levant de sa chaise.
— J'ai besoin que tu l'aides. Elle doit avoir les faveurs du prince si nous voulons que tout se passe comme prévu Eliza.
— Vous avez misé sur le lien qu'Olivia pourrait établir avec sa Majesté Milan au lieu d'envoyer une espionne jouer les courtisanes ? s'exclama-t-elle, outrée par ce manque de conscience.
— Si tout se passe comme prévu, Olivia sera impératrice et il nous sera plus aisé de contrôler le trône...
— Êtes-vous sain ? gronda la jeune femme, il suffit qu'elle en tombe amoureuse ou qu'il découvre la supercherie et pour que notre famille soit mise en péril !
— Il suffit ! tonna le duc, agacé.
Il ne supportait pas les paroles de sa fille mais il ne pouvait nier le fait que le comportement d'Olivia ait causé un dysfonctionnement dans leur plan. C'est pourquoi il souhaitait qu'Eliza s'occupe de cette affaire avant que le prince héritier ne finisse par mépriser sa sœur.
Et Dieu Seul savait qu'Eliza de Navarres ne pouvait être une prétendante au trône, elle n'était pas faite pour régner.
— Je n'aiderais pas cette garce à séduire le prince, laissez-moi donc envoyer Enora. Elle saura faire ce qu'Olivia n'a pu faire ces deux dernières années.
— TU ne peux pas faire ça !
— Pourquoi ? demanda-t-elle calmement en croisant les bras devant sa poitrine.
— Parce que Milan est beaucoup trop intelligent pour se faire avoir. Olivia n'est au courant de rien, et c'est ainsi que j'ai voulu qu'elle soit, pour éviter que le prince devienne méfiant vis-à-vis de nous.
Il marqua une pause en fumant, avant de reprendre :
— Le prince héritier ne doit surtout pas être curieux à ton sujet. Il se désintéressera immédiatement de ta soeur...Tu ne peux prendre sa place, tu n'es pas comme elle.
— Bien sûr, répondit Eliza en décroisant petit à petit ses bras. Je ne suis que le bourreau.
Elle tourna les talons et alors qu'elle marchait en direction de la sortie, elle ajouta à ses dires :
— Soyez raisonnable votre Grâce, ne me faites pas épouser un homme que je pourrais tuer.
La porte se referma derrière ses paroles, laissant le duc légèrement inquiet à ce sujet. Eliza ne se montrera pas coopérative. Ils n'avaient pas convenu lorsqu'ils en avaient discuté tous les deux, qu'en retournant à la capitale, elle servirait de marchandise. Son rôle avait été clairement défini et elle venait de le lui rappeler.
Coucou ! Je reprends du service mdrr, je fais toujours des come-back avant de repartir lol, bref j'espère que ce chapitre vous a plus bien qu'un peu court. Le prochain sera bientôt là don't worry :)
Une critique ? Bien sûr, vous le pouvez ! C'est en bas dans les commentaires ;)
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Holy Queen
Ficción históricaDans l'ombre d'une mort subite, des conspirations naissent. Au milieu d'une tragédie, l'amour se déchire. Pour gouverner, il faut de nombreux sacrifices. Haïr est exempté de raison, il ne suffit que d'un acte pour noircir le cœur. La cruauté surgir...