Entre humains et loups

Chapitre 7

Le lendemain, c'était le grand jour.

Maxime se réveilla de très bonne humeur, ses inquiétudes de la soirée passée complètement dissipées à l'idée de ce qui allait se passer aujourd'hui. Il avait tellement hâte de rencontrer ceux dont on lui parlait sans cesse depuis son arrivée ! Il était néanmoins un peu inquiet pour l'aspect pratique : qui allait faire à manger pour une vingtaine de personnes ? Et pour dormir ?

Quand il avait demandé à Cyril, ce dernier lui avait répondu de manière plutôt évasive, ce qui généralement cachait quelque chose. Maxime n'avait cependant pas insisté, conscient qu'il aurait une réponse en temps voulu.

Le bâtiment fourmillait d'activités diverses, bien que quelques pensionnaires au ralenti prenaient encore leur petit-déjeuner, notamment Valentin et Jordan qui avaient patrouillé la nuit dernière. Les discussions étaient pourtant très animées, et chacun semblait encore plus excité que la veille du Noël Canadien. Après cela, le brun mit rapidement des vêtements de sport, non pas pour s'entraîner mais pour rejoindre l'équipe de ménage des humains, pendant que les loups s'occupaient d'installer des lits en tout genre un peu partout dans le centre. Passer l'aspirateur toute la matinée le fatigua plus qu'il ne l'aurait cru, et ce fut avec satisfaction qu'il accepta le sandwich qu'on lui proposa aux alentours de midi, jusqu'à ce que chacun aille se doucher et se changer avant toute l'arrivée de la joyeuse troupe.

Maxime n'avait pas l'intention de se faire le plus beau possible, mais il tenait au moins à être présentable quand il serait face à des membres du gouvernement venus lui faire signer une obscure clause de confidentialité, d'après Cyril.

La douche qu'il prit à ce moment-là lui rappelait celle qu'il avait prise le premier jour de son arrivée ici. Il se sentait un peu dans la même situation : c'était un nouveau départ, certes, mais il ne savait pas s'il avait vraiment envie de le prendre.

Le fait qu'il doive signer rendrait tout de suite sa présence ici plus officielle, et même s'il en était content cela ne l'empêchait pas de ressentir de l'appréhension face à tous ces gens qui comptaient sur lui, maintenant. Sa femme et sa fille comptaient sur lui aussi, et il les avait abandonnées, même si cela n'était pas de son plein gré. Pire encore, voilà qu'il était avec un autre, et il ne savait même pas expliquer pourquoi cela ne le dérangeait pas de se conduire comme ça. Enfin, le plus exact était qu'il savait pourquoi, c'est juste qu'il ne pouvait pas vraiment l'expliquer à qui que ce soit ici : il avait l'impression d'être dans deux temporalités différentes, et que le Maxime qui était avec Valentin était radicalement différent du Maxime qui était avec Carole, ils n'étaient pas la même personne. La question était : quand le moment viendrait, le Maxime de Valentin serait-il capable de redevenir le Maxime de Carole ? En avait-il seulement envie ?

C'est donc avec une légère appréhension que Maxime redescendit dans la salle principale environ une demi-heure plus tard, vêtu d'une chemise décontractée (et un peu froissée, il devait l'admettre) que Cyril lui avait acheté durant sa deuxième session de courses vestimentaires pour Maxime le mois dernier. Il constata avec satisfaction qu'il avait fait le bon choix, et que beaucoup avaient quand même fait un effort niveau tenue.

Trois breaks du gouvernement finirent par arriver devant le bâtiment, enfin du moins Maxime en déduisit qu'il s'agissait de cela puisqu'ils avaient exactement la même tête que dans les films d'espionnage, et une quinzaine de personnes en sortirent.

À sa grande surprise, ils avaient tous l'air d'avoir entre vingt et trente ans, alors que Maxime s'attendait à voir arriver un vieux avec une calvitie déjà bien entamée comme représentant du gouvernement. Il reconnut néanmoins ladite représentante, qui était habillée de manière bien plus officielle : tailleur, chemise et petits talons, et Maxime se demandait bien comme elle faisait pour ne pas avoir froid.