Chapitre 2

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Dire que Maxime était perdu était un euphémisme. Sa petite vie bien rangée avait été bouleversée en l'espace de moins de vingt-quatre heures, et on venait de lui apprendre que la probabilité qu'elle revienne à la normale était quasiment nulle.

Des vêtements propres se trouvaient sur son lit, et rappelèrent au brun qu'il ne s'était effectivement pas changé depuis un petit moment déjà. Il décida donc d'aller prendre une douche, histoire de s'éclaircir un peu les idées.

La cabine de douche était ridiculement petite et le rideau lui collait à la peau, mais cela ne l'empêcha de laisser couler l'eau sur son corps pendant un long moment, comme si toutes ses incertitudes allaient partir en même temps que les gouttes d'eau.

Sauf que non. Chaque fois que Maxime repensait aux paroles de Cyril, un mot précis lui revenait à l'esprit et déclenchait une avalanche de questionnements. Maxime avait toujours été de nature conciliante et préférait poser des questions uniquement quand il était certain que la réponse n'allait pas lui être donnée avant un moment. Mais là, il n'avait qu'une seule hâte : que Cyril revienne, et qu'il puisse lui poser ces questions, car le brun se rendait bien compte qu'il n'avait aucune idée du rôle exact du bâtiment dans lequel il se trouvait.

C'est vrai, qu'allait-il faire de sa vie maintenant ? Déjà, il osait espérer que des gens allaient s'inquiéter et le chercher, mais s'il ne pouvait pas sortir d'ici on n'allait sûrement pas le trouver : de ce qu'il voyait, le bâtiment était entouré d'une épaisse forêt qui l'éloignait des regards indiscrets. Et puis, si ce programme de protection était approuvé par le gouvernement, Maxime doutait fortement que ce dernier soit satisfait si une horde de journalistes mettaient le nez dans des affaires tout à fait surnaturelles.

Et puis, Cyril avait dit que les autres membres de ce programme étaient en entraînement, mais en entraînement de quoi ? Pour se défendre contre les vampires ?

Non, décidément, il ne comprenait rien, étant encore partiellement incapable d'assimiler toutes ces informations comme parfaitement véridiques et vraisemblables maintenant qu'il n'en avait plus la preuve vivante (c'est-à-dire Cyril) sous les yeux.

Au moins, cette douche avait eu le mérite de lui faire un peu de bien, à défaut de répondre par miracle aux questions qu'il se posait. Les vêtements mis à sa disposition était assez simples, mais Maxime décida qu'il lui faudrait demander au rouquin comment fonctionnait toute la logistique de l'établissement : si les gens qui se trouvaient ici ne pouvaient sortir, comment faisaient-ils les courses, comment occupaient-ils leurs journées...

Pourtant, le brun devait se rendre à l'évidence : là, tout ce qu'il faisait n'était qu'un moyen d'échapper au désespoir, à la colère qui menaçaient de le submerger quand il pensait à sa femme, à sa fille, à sa vie d'avant qui lui avait été arrachée et qu'il ne pourrait peut-être jamais retrouver.

Et s'il s'enfuyait ? Cette idée, bien que parfaitement absurde car quasiment irréalisable, lui semblait néanmoins tentante. Il lui suffisait de prendre ses draps et de les nouer ensemble, comme dans les films. Bon, l'énonciation même de cette stratégie était stupide, mais Maxime n'avait plus rien à perdre. Après réflexion, il prit conscience de l'égoïsme de cette pensée : s'il s'échappait, il allait être obligé d'inventer soit une histoire abracadabrante pour expliquer comment il s'était retrouvé il ne savait trop où, sans aucune affaire personnelle et qu'il désirait rentrer chez lui, ou raconter la vérité, ce qui allait sûrement engendrer la même réaction chez les gens : Ce. Mec. Est. Malade. Et puis, même si par miracle quelqu'un le croyait et qu'on tombait sur ce bâtiment, le scandale allait être absolument énorme, et Maxime n'avait pas du tout envie d'avoir à gérer ça, ni d'imposer ça à Cyril où à qui que ce soit d'autre de l'établissement.

Entre humains et loupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant